• On égorge deux béliers • Cadeaux de l'Etoile du Sahel Reportage de Badreddine Ben Henda - Hier encore, l'attente fut longue chez les Ben Rejeb. Jusqu'à 18 heures, Montasser, l'enfant kidnappé le 19 octobre dernier, et qu'on a libèré mardi dernier, n'était pas rentré chez lui. Il paraît, d'après ses proches, que les médecins qui veillent sur sa santé ont préféré le retenir encore un ou deux autres jours. Cette nouvelle que nous avons apprise vers le coup de 17 heures n'a pas empêché toute la famille de l'enfant, les voisins et les amis de celle-ci de vivre un après-midi des plus festifs. Une troupe de Issaouia, venue spécialement de Jammel, ville natale des parents de Montasser, était là dès midi. A seize heures, elle entonna une série de chants sur lesquels dansèrent les hommes et les femmes, les jeunes et les moins jeunes, les Ben Rejeb et tous ceux qui se sont alliés à leur joie. On égorgea deux béliers et l'on barbouilla de leur sang, pour conjurer le sort, le pull d'Oussama le frère de Montasser. La veille ( mardi soir), on célébra la libération de ce dernier jusque très tard dans la soirée. La villa des Ben Rejeb, sise à la Cité El Khadra, ne pouvait contenir les centaines de personnes venues partager une des nuits les plus heureuses du quartier. Dommage, la fête aurait été plus totale si Montasser était revenu chez lui et avait passé sa première nuit sereine après les 48 jours de séquestration pendant lesquels il doit avoir vécu bien des instants terrifiants. Ce sont sans doute les séquelles encore persistantes du traumatisme qui ont présidé à la prolongation de la mise sous surveillance médicale de l'enfant. En tout cas, depuis mardi, sa mère Houda est à son chevet. Elle passera vraisemblablement à ses côtés le temps qu'il faudra jusqu'à leur retour à la maison. D'après Si Jamel, le père de Montasser, son fils va bien, mais il lui a été difficile de nous dire avec précision quand ce denier réintégrera le toit familial. A son apparition, beaucoup de personnes sont venues le féliciter. Un responsable de l'Etoile Sportive du Sahel, il s'agit de M. Maher Karoui, lui offrit même deux cadeaux aux couleurs de son équipe qui est, rappelons-le, la formation favorite de Montasser. ----------------------------- Le grand-père de Montasser «Oui, le ravisseur a travaillé chez moi, mais je suis incapable de le reconnaître» «Oui, le ravisseur travaillait dans mon entreprise. Mais franchement, je suis incapable de le reconnaître aujourd'hui. En ce qui concerne la rançon qu'auraient demandée le kidnappeur et son frère, je ne peux rien vous en dire. Je n'en sais rien. L'enquête policière révélera tout ». Un gendre :« Aucune demande de rançon » Nous avons, d'autre part, contacté un gendre du grand père de Montasser qui a catégoriquement infirmé la thèse de la rançon. En revanche, il nous a entretenu avec plus de détails sur le principal ravisseur et son frère complice. « La rancœur du ravisseur date de 2002. Avant le rapt, il a suivi Jamel, le père de Montasser, jusque devant chez lui. Il a donc repéré les lieux de son forfait. C'est un médaillé de kung-fu. Avec son frère, ils ont tout mijoté. Pour la séquestration de Montasser, ils ont loué une maison du côté de la forêt de Radès. Heureusement que leur cachette, fut dénichée assez tôt. Autrement, qui sait ce qu'ils auraient fait de l'enfant. En ce qui concerne l'établissement hospitalier où se trouve Montasser en ce moment, je l'ignore personnellement. L'essentiel, maintenant , c'est que l'enfant est entre les bras de sa mère et qu'il va bien. Vivement donc son retour à la maison ! ». ----------------------------- Sa tante : «48 jours de harcèlements et de rumeurs» «Ce furent des semaines éprouvantes pour toute la famille. Chez moi, même mes enfants me harcelaient quotidiennement de questions. Avec mes frères, mes sœurs, mes parents, l'atmosphère devenait parfois très tendue. Il nous arrivait même de nous suspecter les uns les autres. Tout notre entourage répandait diverses rumeurs au sujet de l'affaire. Je comprends tous ceux qui avaient émis des réserves et des doutes à propos de ce rapt. Le mystère a en effet trop duré. A Jammel, la famille a souffert beaucoup plus qu'ici des rumeurs qu'on faisait circuler. Cela sema la zizanie à tel point que nous dûmes répondre à ceux qui nous harcelaient : « Oui, Oussama a été libéré, mais nous le cachons quelque part ! ». ----------------------------- Oussama, le frère de Montasser «Dans mon sommeil, je rêvais du retour de Montasser» Hier, lorsque nous attendions le retour de Montasser, nous nous sommes entretenu avec quelques uns des membres de sa famille. Voici les impressions qu'ils nous livrèrent au milieu d'une liesse indescriptible. « Montasser et moi, nous avions une chambre commune. Pendant son absence, j'ai toujours vu en rêve qu'il était libéré et rentrait à la maison. Par contre, je n'ai pas eu de cauchemar de rapt. En ce moment, je vis la fête en famille. J'ai manqué mes cours pour cette raison. Mais j'hésite à présent : s'il n'est pas encore 15 heures, j'irais peut-être à mon cours d'arabe. (NDLR : Finalement, Oussama n'y est pas allé. L'ambiance à la maison n'était pas à manquer et nous l'avons vu danser, chanter, jouer durant plus de deux heures au milieu des siens ». ----------------------------- Les voisins : «Plus jamais ça !!» L'ambiance s'est relativement calmée dans le voisinage des Ben Rejeb. Mais dans les alentours de la villa, on ne parle que de la libération de Montasser. Les femmes que nous avons interrogées nous ont surtout décrit la fête de mardi soir qui a égayé tout le quartier. Elles ont aussi émis l'espoir que plus jamais le drame vécu par leur voisine Houda ne se reproduira ni dans leur cité, ni dans le pays !! ----------------------------- Pourquoi ce sondage ? En procédant à ce sondage auprès de nos lecteurs, il n'est guère dans notre démarche de remettre en question la loi. La loi est souveraine et le jugement sera conforme à ce qu'elle stipule. Nous avons juste voulu transposer le sentiment populaire, un sentiment de rage face à l'immonde crime de ces malfaiteurs. Hier, à l'heure où nous mettions sous presse (21H45), la proportion était ainsi répartie.