Après une année où les récoltes n'ont pas suffi en besoins céréaliers, on ne peut que prier et espérer que la saison à venir sera beaucoup meilleure et surtout beaucoup plus riche et encore mieux structurée, notamment au niveau du stockage, du transport et de la préservation de ces denrées qui coutent cher à la communauté nationale. C'est ce qui ressort du symposium national organisé, hier à Tunis, par l'Office des Céréales, en collaboration avec le ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques et les différents intervenants dans la collecte des céréales pour la campagne 2010-2011. Un symposium qui s'inscrit au fait dans une stratégie nationale pour le développement du secteur céréalier visant à augmenter la couverture des besoins du pays en matière de céréales locales. Les récoltes de la campagne écoulée n'ont pas à vrai dire été satisfaisantes. Conditions climatiques qui s'invitent entre autres, ils n'ont été que 5,2 millions de quintaux collectés. L'attention s'est ainsi portée sur les préparatifs pour la saison à venir, tout en se concentrant sur la campagne de collecte, une activité qui sera régie par le système de cahiers de charges. L'objectif étant d'optimiser les quantités collectées et les valoriser à partir d'un certain nombre de mesures. Les dernières années ont vu le nombre des collecteurs privés passer de 2 en 2005, à 9 collecteurs en 2009, soit une évolution de la collecte de 0,7% en 2005, à 42,5% en 2009-2010. Le taux est un satisfecit pour les responsables du secteur puisqu'il les rapproche des 60%, l'objectif. Selon les responsables « c'est dans cette optique que les activités de la collecte, du stockage et de la vente ont été séparées ». L'activité de collecte a ainsi été confiée aux collecteurs « privés et aux sociétés mutuelles », alors que les activités de stockage et de vente demeurent toujours du ressort de l'Office des Céréales. Ce qui veut dire qu'on est encore loin de la privatisation totale de ces activités. Différences criardes Le souci de la collecte provient essentiellement des pertes considérables qu'on déplore chaque saison de moisson, surtout dans un contexte où la production nationale n'est pas, toujours, suffisante. Il suffit de dire qu'au cours des cinq dernières années, les importations céréalières ont coûté 650 millions de dollars, soit 41% des importations alimentaires de la Tunisie. En dépit des mesures présidentielles encourageantes pour les producteurs, les résultats sont toujours en deçà des aspirations. En vertu de ces mesures, 170 mille quintaux d'orge de qualité supérieure sont compensés, un stock de réserve de 200 mille quintaux d'orge de qualité ordinaire est constitué, une première vague d'arrosage est gratuite outre la préservation des prix des céréales au moment de la production avec des bonifications au moment de la collecte. Ceci sans oublier les aides aux 30 mille petits agriculteurs qui se sont vu accorder des aides sous forme d'engrais et autres, ainsi que la restructuration des dettes des agriculteurs suite aux années de sécheresse implacable pendant cinq années, sans intérêts. Une mesure qui a touché 2 mille agriculteurs, qui ont bénéficié de nouveaux crédits. Mais les résultats sur le terrain ont à peine connu quelques petites améliorations. Selon le ministre de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, M Abdessalam Mansour « bien que nous ayons réussi, au cours de la dernière décennie, à améliorer le niveau de la production, les différences entre les bonnes et les maigres années demeurent visibles. La production a même atteint au cours de la saison 2008-2009 les 25.3 millions de quintaux, alors qu'au cours de la saison 2009, nous n'avons enregistré que 5,1 millions de quintaux ». Malgré cela, on continue à encourager les privés à s'investir davantage dans le secteur, notamment en ce qui concerne la collecte. Les raisons de cette intention viennent du fait que « même si la capacité de stockage disponible suffit aux besoins du pays au cours des saisons ordinaires, la pression que connaissent les saisons de collecte dans les bonnes années fait que cette capacité devient insuffisante pour absorber l'ensemble des quantités livrées par les agriculteurs et dans un laps de temps court, à savoir trois mois ». Selon M. Youssef Néji, Directeur Général de l'Office des Céréales, parlant de cette même saison « les récoltes ont été tellement intéressantes que nous n'avons pas réussi à tout collecter. Nous avons ainsi eu besoin de la collaboration du ministère de la Défense qui a mis à notre disposition des camions qui nous ont aidés à évacuer ces quantités de céréales avant qu'elles ne soient avariées ». Et cela bien que la quantité collectée par l'Office n'était que de 102 mille quintaux, soit pas plus que 2% du total des céréales collectées. Le reste avait été collecté par les sociétés coopératives centrales qui avaient collecté 56%, alors que les privés en ont collecté les 42% restants. « L'office continuera à soutenir le secteur privé pour s'intéresser encore davantage dans cette activité de collecte. L'objectif étant de lui permettre de collecter 60% à l'horizon 2014 ». Toujours selon M. Néji, « le cahier des charges qui réglementera encore cette activité à partir de la saison prochaine comprendra un nombre de conditions, dont la disposition de laboratoires pour l'échantillonnage des céréales collectés ainsi qu'un ensemble d'autres mesures qui vont garantir un minimum requis de qualité ». Des laboratoires mobiles financés par l'OCT entreront en action à partir de la saison à venir et exerceront un contrôle de qualité sur les méthodes de travail des collecteurs privés. Quoi qu'il en soit, la problématique de la collecte des quantités de céréales récoltées n'est pas un cas isolé. Il suffit de voir que les céréaliers, représentent 51% des agriculteurs en Tunisie, dont 150 mille sont « de petits agriculteurs », exploitant des terrains de moins de 10%. Ils exploitent 62% de la superficie totale de cette agriculture de céréales. 80% sont des « agriculteurs moyens », exploitant des terrains s'étendant sur 10 ou50 hectares, soit 33% de la superficie totale. Les grandes surfaces, soit plus de 50 hectares, ne représentent que 5% de la superficie totale, elles sont exploitées par 10 agriculteurs. Or, dans tous les pays du monde, lorsqu'on évoque l'agriculture de céréales, on parle de « grandes agricultures ».