Economia : Qu'en est-il du bilan de coopération tuniso- allemande durant un demi siècle? Ferdinand Terburg : La Tunisie est parmi les grands pays du monde arabe avec lesquels nous entretenons de bonnes relations économiques. Les deux grands volets de notre coopération concernent le tourisme et les investissements directs étrangers. D'où l'implantation de centaines des sociétés allemandes en Tunisie. Dans ce cadre de coopération, l'activité de la Chambre tuniso-allemande de l'Industrie et Commerce ( CTAIC) peut se prévaloir d'une longue tradition couronnée de succès. Au cours des 28 années de son existence, la CTAIC s'est établie en tant que centre d'information, de conseil et de soutien pratique pour plus de 550 membres représentant tous les secteurs de l'industrie, la confection, les services, et le tourisme, mais aussi en tant que moteur de promotion pour les relations économiques tuniso allemandes. La Chambre a participé au renfoncement des échanges culturel et sportifs entres les deux pays, sachant que ce type d'échange a pour objectif de consolider la coopération concernant tous les domaines et notamment le partenariat économique. L'entente culturelle peut créer une synergie florissante. En plus de nos membres, il nous tient à cœur de mener un dialogue constructif avec tous les opérateurs impliqués dans les relations économiques tuniso-allemandes. Je crois que notre mission gagnera encore plus en importance dans les années à venir. Cependant quelques points essentiels devraient être améliorées pour l'avenir de la Tunisie.
Qu'en est-il de l'état d'investissements en Tunisie ? La Chambre œuvre à attirer plus d'IDE allemands en Tunisie. Plusieurs sociétés à travers la chambre ont investi surtout dans la confection, les chaussures, le câblage, les composants d'automobiles, les services et les télécommunications. En dehors de l'attraction des IDE, la Chambre accompagne les sociétés allemandes opérant sur le site tunisien tout en les incitant à développer leurs activités avec pour finalité d'expansion. Plusieurs sociétés ont étalé leurs activités en créant de nouvelles filiales ou en investissant dans de nouvelles gammes. Cette expansion a permis plus d'absorption de nouveaux employés tunisiens et a enraciné, entres autres, l'esprit de partenariat à long terme dans le processus de coopération tuniso-allemande. Dans un contexte de concurrence globale de plus en plus rude sur les marchés internationaux, les conditions d'implantation des entreprises deviennent un facteur important pour les investisseurs étrangers. La Tunisie doit affronter de plus en plus la concurrence d'autres sites de production qui sont tout aussi compétitifs.
Le rythme des IDE allemands suit-il une courbe ascendante? Il faut dire que le rythme des investissements allemands en Tunisie a baissé par rapport à la période 2000. Attirer de nouveaux clients, ce n'est pas facile. Cela est dû à des facteurs géostratégiques et exogènes d'une part (l'intérêt que revêt l'Europe de l'Est et l'impact de la globalisation), et d'autre part à des facteurs endogènes concernant quelques normes décisives du choix de l'investisseur, notamment, le coût de transport et de la main-d'œuvre et les taxes douanières.
Comment faire alors pour attirer plus d'IDE allemands ? Nous nous attendons à ce que la Tunisie présente un peu plus d'avantages relatifs essentiellement au transport (coût, rapidité, allégement des procédures de transit, infrastructure, etc.). Le calcul du coût de transport joue un rôle définitif dans l'attraction des investisseurs. A cela s'ajoute les TIC qui ne sont pas encore développées en Tunisie au regard des attentes des investisseurs. La technologie des communications devrait mieux évoluer au regard des attentes des investisseurs. Nous attendons que le système de Wimax se développe encore mieux pour être généralisé dans les sociétés. Ce service est moins coûteux et plus efficace que le service actuel un peu cher offert par les opérateurs des télécommunications. L'installation de ce système pourrait encourager le potentiel des investisseurs allemands à opérer en Tunisie notamment dans le domaine des services qui nécessitent la mise en place d'une base technologique de communications plus solide. D'autres facteurs peuvent influencer le choix de l'investisseur allemand comme l'allégement de la législation du travail et la simplification des procédures administratives.
Toujours on entend parler de la simplification des procédures administratives, qu'est-ce que vous proposez comme solution ? Nous avons proposé l'établissement du guichet unique pour accueillir l'investisseur allemand et l'accompagner dans toutes les étapes requises pour la création de son projet. Ce genre de service pourrait drainer plus d'opportunités d'investissements allemands. La facilitation des procédures de lancement de nouveaux projets a pour objectif d'accélérer le rythme de création d'entreprises. Nous appelons également à réviser la fluctuation des prix des terrains et l'achat des locaux. Ils sont coûteux et sont parfois plus chers qu'en Allemagne. Le prix des locations ne cesse de grimper pénalisant également le rythme d'investissements.
Quelles sont les principales préoccupations des sociétés allemandes en Tunisie ?
Les résultats de l'enquête que nous menons annuellement auprès des entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie montrent que ces dernières sont en majorité satisfaites des conditions d'implantation qu'offre la Tunisie. Mais ceci ne suffit plus de nos jours. Un certain nombre de domaines doit quand même être renforcé. Citons par exemple la question souvent relevée par de nombreuses entreprises, à savoir les problèmes au niveau du transport et la flexibilité du droit du travail. Dans ce contexte, l'intégration dans l'économie locale devient de plus en plus importante. Il s'agit de la possibilité de commercialiser la production sur le marché local ou de pouvoir acheter des produits sur place. Des bourses de coopération telles que la rencontre de sous-traitance organisée début mai au siège de notre chambre offrent une excellente occasion pour établir des contacts entre les membres allemands et tunisiens. Les sociétés non résidentes et en particulier les entreprises allemandes opèrent dans un bon climat d'affaires. Sauf que plusieurs d'entre elles, ont réclamé la charge supplémentaire de la taxe estimée à 10 % qui serait tirée du bénéfice de l'entreprise non résidente à partir de 2008, date de démarrage de la zone de libre-échange. Cette charge pèse lourdement sur le budget de l'entreprise. A cela j'appelle tous les responsables concernés à alléger le coût d'investissement en Tunisie Les sociétés non résidentes et en particulier les entreprises allemandes opèrent dans un bon climat d'affaires. Sauf que plusieurs parmi elles dont la période de 10 ans de déduction totale de leurs bénéfices provenant des opérations d'exportation expire au 31 décembre 2007, ont réclamé la charge de l'imposition des bénéfices à l'export estimée à 10 %, prévue à partir de 2008, date de démarrage de la zone de libre échange. Interview conduite par Imed MARZOUKI