Le Temps-Agences - Plusieurs centaines de soldats ont défilé hier au cœur de Bagdad, suivis de chars et de pièces d'artillerie, pour le 90e anniversaire d'une armée irakienne encore en pleine reconstruction, à moins d'un an du retrait prévu des troupes américaines d'Irak. Emanant de tous les corps de l'armée, les militaires ont salué leur commandant en chef, le Premier ministre Nouri al-Maliki, installé sur une petite estrade en bois au pied de l'imposant monument du Soldat inconnu, dans la Zone verte, un secteur ultra-sécurisé du centre de la capitale. Cette année, le défilé a été marqué par la présence, pour la première fois, d'une dizaine de chars Abrams, achetés aux Etats-Unis. L'armée irakienne en a commandé 140, qu'elle devra tous avoir reçus à la fin de l'année. Une vingtaine d'hélicoptères ont survolé la parade, ainsi qu'une dizaine d'avions d'entraînement, mais pas de chasseurs, tous ont été détruits en 2003. "Nous tous, membres du gouvernement d'unité nationale, sommes d'accord sur le fait que cette armée ne doit pas être politisée et doit être au service de tous les Irakiens", a déclaré M. Maliki dans un discours. Créée en 1921, l'armée irakienne a joué tout au long de son histoire un rôle crucial dans la vie politique de l'Irak, menant plusieurs coups d'Etat avant que l'ex-président Saddam Hussein ne l'utilise pour imposer son pouvoir. "Aujourd'hui, (...), nous voulons une armée qui protège le peuple." a ajouté M. Maliki Soupçonnée d'être un refuge de partisans de Saddam Hussein, cette armée avait été démantelée par les Etats-Unis après l'invasion du pays en 2003, avant d'être reconstituée à la hâte pour lutter contre les mouvements insurgés. Elle compte aujourd'hui environ 300.000 hommes, dont la formation sera encore assurée pendant un an par les forces américaines. Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, avait estimé l'été dernier que son armée ne serait pas totalement prête à remplir sa mission avant 2020, faute d'armement notamment. Hier, il a cependant assuré qu'il n'y aurait "pas de vide" au départ des Américains. A terme, l'armée doit transmettre à la seule police les missions relatives à la sécurité intérieure de l'Irak. Mais le chemin est encore long. Selon des chiffres officiels, 429 militaires irakiens ont péri dans les violences en 2010, contre 225 en 2009.