Par Malek Slim - L'horreur a une fois de plus été présente en ce début d'année avec l'attentat d'Alexandrie qui a fait à la nuit de la Saint Sylvestre des dizaines de morts et de blessés. La cible de cette terreur aveugle a frappé cette fois-ci des Egyptiens coptes. Ce n'est certes pas le premier acte terroriste qui vise des chrétiens, mais force est de constater que ces derniers se sentent de plus en plus menacés dans leur vie. Ils s'estiment persécutés là où ils sont au Proche-Orient, d'autant qu'en Irak des attentats du même genre ensanglantent épisodiquement les lieux de culte chrétien au point que cette communauté religieuse forte de plus d'un million d'individus avant l'invasion américaine de 2003 ne compte plus que 500 mille. Mais l'Irak reste un cas à part de par le déficit d'autorité dont il souffre depuis cette invasion. Pour l'Egypte, la situation est tout autre avec un pouvoir solide et une stabilité certaine. Tout au long de son histoire le pays du Nil a su maintenir des rapports sans heurts entre les musulmans et les coptes. Ces derniers on les retrouve partout dans les rouages de la vie y compris dans des postes politiques de haut rang. L'ancien secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros Ghali était pendant des années le chef de la diplomatie égyptienne. Par ailleurs la communauté copte connue pour son dynamisme, est loin d'être marginalisée, sa réussite dans le monde des affaires, comme dans celui de la culture est plus que remarquable. Ceci n'avait jamais posé le moindre problème au sein d'une société égyptienne connue pour sa tolérance. La présence des coptes dans ce pays remonte très loin dans l'histoire et elle devance celle des musulmans. Les coptes sont donc chez eux et sont partout du nord au sud de l'Egypte et ce ne sont pas ces illuminés fanatiques qui vont les contraindre à quitter la terre de leurs ancêtres. Leur présence dans ce pays, comme dans bien d'autres au Proche-Orient (Syrie, Liban, Jordanie et Palestine) est à même de donner le meilleur exemple qui soit de la cohabitation paisible entre les religions et de mettre en échec les projets destructeurs des obscurantistes dont l'ennemi n'est autre que l'homme. Car à voir ce qui se passe aujourd'hui dans cette partie du monde il est aisé de constater que ces fanatiques ne font pas de distinction entre musulmans ou chrétiens dans leur ignoble entreprise de massacre. L'exemple de l'Irak est en ce sens très édifiant : Les victimes qui tombent chaque jour dans ce pays, sont aussi bien arabes que kurdes, chrétiennes que musulmanes, chiites ou sunnites. Leurs crimes abjects n'ont de buts que de détruire et semer la terreur au nom d'une conception rétrograde de la religion qu'ils prétendent défendre. Par leurs actes ils font détourner les pouvoirs et les peuples des réelles préoccupations auxquelles ils doivent faire face. Cette folie meurtrière est aussi une bénédiction pour ceux qui ont toujours dans l'esprit de semer la discorde entre les habitants d'un même pays, en jouant sur la fibre des différences ethniques ou religieuses, rendue très sensible par ces temps de conflits, dont la région souffre depuis plus de six décennies. Le crime ne profite en dernier lieu qu'à ces ennemis du progrès des peuples qui sont durant des siècles restés à la marge de l'Histoire de l'humanité. La colère dans ces circonstances douloureuses est on ne peut plus légitime mais elle ne doit en aucun cas l'emporter sur l'impératif de sagesse garante de la concorde entre les composantes d'un même peuple et qui sont toutes exposées au danger de cette explosion de terreur qui doit être combattue sans état d'âme pour épargner aux générations futures des déchirements qui n'auront de conséquences que de compromettre leur avenir et celui de leurs pays. Le crime ne doit pas rester impuni d'autant qu'il s'attaque au fondement même de nos sociétés.