Dans le cadre des festivités du centenaire de Mustapha Khraïef, la Délégation régionale de la culture et de la sauvegarde du patrimoine de Ben Arous a organisé, vendredi 7 janvier, en collaboration avec l'Union des Ecrivains Tunisiens (section de Ben Arous), un colloque à la bibliothèque municipale d'Hammam-Lif intitulé « Sur les pas de Mustapha Khraïef : l'homme et l'œuvre », auquel ont pris part, d'éminentes personnalités littéraires et culturelles dont certains ont côtoyé durant plusieurs années le poète disparu. Le Professeur Abou Zayan Assaâdi a été le premier à prendre la la parole pour évoquer le sens patriotique et nationaliste dans la littérature de Mustapha Khraïef, et en mettant en exergue, le combat du poète et son engagement dans les causes arabes, maghrébines et africaines. Sa prise de position en faveur de la cause palestinienne était bien manifeste dans ses écrits journalistiques et poétiques. Il a aussi souligné le soutien du poète au mouvement syndical et son appui à l'émancipation de la femme tunisienne. Le Professeur Abderrahmane Kablouti a évoqué quant à lui, un autre aspect de la vie du défunt, notamment dans le domaine journalistique, en relatant, textes à l'appui, la vaste expérience du poète sur les colonnes des journaux de l'époque. Il a indiqué que Mustapha Khraïef, qui fréquentait le groupe « Taht Assour », était à la fois écrivain, poète et journaliste ; il a fondé en 1937 « Le Destour » tout en collaborant avec d'autres journaux. Ses écrits critiques, emprunts d'humour, touchaient aussi bien à la culture et à l'art qu'à à la vie sociale et politique du pays. Autre intervention, celle de Ali Dib, écrivain et dramaturge, qui a rendu hommage au poète, avec qui il avait travaillé à la Radio Tunisienne durant plusieurs années. Il a rappelé que l'écrivain s'était distingué à la Radio par ses émissions littéraires et culturelles qui avaient à l'époque, une large audience, comme « Houet al Adab » (amateurs de littérature), qui connut un grand succès surtout auprès des jeunes. Ali Dib a évoqué d'autres émissions non moins pertinentes produites par Mustapha Khraïef durant les trente ans qu'il a passés à la Radio, dont celles sur la poésie dialectale « Malhoun » et les « Mouwachahat », ou celles destinées aux enfants, comme « Baba Sombel». Mustapha Khraïef fut également connu pour sa franchise, son intégrité et son abnégation et surtout son honnêteté et son impartialité, chose qui ne plut guère aux responsables de la Radio à cette époque, ce qui lui a valu la perte de sa fonction en tant que producteur au sein de la Radio. Le dernier des participants à ce colloque, l'écrivain Jalal El Mokh évoqua une étape importante dans la vie du poète occultée par les historiens et les critiques. C'est celle qu'il a passée à Hammam-Lif, dans la banlieue sud et qui était une source d'inspiration pour sa création poétique. Le conférencier a donné trois raisons pour lesquelles Mustapha Khraïef s'est installé pendant au moins sept ans (1939-1946) dans cette ville côtière : d'abord, l'exode massif des habitants de Tunis vers Hammam-Lif (où résidait le Bey) de peur des bombardements de la capitale lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Ensuite, la suspension par les autorités coloniales des journaux paraissant à Tunis, où le poète travaillait en tant que chroniqueur, a poussé le poète à élire domicile à Hammam-Lif pendant la Grande Guerre. La troisième raison, selon Jalal El Mokh, est l'aspect curatif de la ville d'Hammam-Lif, connue depuis l'Antiquité, par ses eaux naturelles chaudes aux vertus médicales efficaces. « Entre Montagne et Mer » est le poème qui célèbre son long séjour passé dans cette belle ville qui l'avait enchanté.