Près de 51 millions de dinars ont été alloués au Programme national de la recherche scientifique pour 2011 dans le cadre du budget du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique pour le même exercice, et ce en concrétisation de la décision tendant à porter les dépenses consacrées à ce secteur à l'équivalent de 1,5% du PIB à l'horizon 2014, contre environ 1,3% actuellement. A cet égard, M. Mohamed Kerkenni, Directeur Général de la valorisation de la recherche scientifique au ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, nous a indiqué que la promotion du secteur constitue, pour la Tunisie, un choix stratégique en vue de l'instauration de la société de l'information et de l'économie du savoir, objectif majeur actuel de tous les pays du monde. Or, a-t-il ajouté, l'instauration de la société de l'information et de l'économie fondée sur le savoir et la connaissance ne peut se concevoir et se réaliser sans une mise à contribution massive de l'intelligence et des ressources humaines hautement qualifiées constituées par les diplômés de l'enseignement supérieur. Ainsi, l'impulsion de la recherche scientifique se situe au cœur des préoccupations actuelles de la société tunisienne tendant à offrir des formations et des emplois de qualité à tous les jeunes tunisiens. 90 entreprises Les technopôles que le gouvernement œuvre à mettre en place dans les différentes régions du pays du Nord au Sud, illustrent les nouveaux horizons offerts en matière de développement et d'emplois de qualité , dans ce domaine, à l'instar de la technopôle des technologies de la communication d'El Ghazala, à l'Ariana, qui abrite quelques 90 entreprises employant principalement des cadres, des ingénieurs et des techniciens supérieurs. Grâce au train de réformes engagées depuis 1996, le système national tunisien de recherche scientifique est, aujourd'hui, doté de tous les moyens matériels et humains pour participer activement à la réalisation du développement économique et social du pays, selon le modèle de développement fondé sur le savoir et la connaissance. Les laboratoires de recherche implantés dans les Centres de recherche scientifique, en particulier, ont connu des restructurations ciblées de manière à axer leurs activités de recherche sur des domaines de développement jugés prioritaires pour le pays, comme l'énergie, l'eau, la santé, l'environnement, et les mener suivant des objectifs fixés conformément aux Programmes nationaux de recherche. Les laboratoires et les Centres de recherche reçoivent les financements nécessaires de l'Etat, à travers le budget du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Ils mènent leurs projets et activités de recherche en vertu de contrats- objectifs signés avec le ministère de tutelle, c'est-à-dire que chaque laboratoire et chaque Centre se fixe des objectifs de recherche pour une période déterminée, conformément aux Programmes nationaux de recherche, et est soumis à une action d'évaluation, après quatre ans, de la part du Comité national d'évaluation de la recherche. Une série de contrats a été signée en mars dernier avec huit Centres de recherche. Ainsi, en vertu de décrets parus en décembre dernier 2010, les laboratoires exerçant dans les Centres de recherche de la technopôle de Borj Cédria ont été restructurés de façon à mener des activités de recherche pour le développement conformes aux Programmes nationaux de recherche. Le Centre de recherche et des technologies de l'énergie comprend, entre autres, un laboratoire photovoltaïque et un laboratoire de maîtrise de l'énergie. Le Centre de recherche et des technologies de l'eau comprend un laboratoire de traitement des eaux naturelles, des eaux usées et un laboratoire des géo ressources. Le Centre de biotechnologie de cette même technopôle comprend un laboratoire de biotechnologie végétale, un laboratoire de physiologie moléculaire, un laboratoire des plantes légumineuses et un laboratoire des plantes extrêmophyles (résistantes à la sècheresse et à la salinité). Le laboratoire des plantes légumineuses répond au souci de rayonner sur l'environnement régional, le Centre étant situé dans le gouvernorat de Nabeul, grand producteur dans le domaine agricole. Le Centre de biotechnologie de Sfax comprend un laboratoire pour la valorisation de la biomasse, un autre pour la protection et l'amélioration des plantes, un troisième spécialisé dans les procédés bioenvironnementaux et enfin un laboratoire spécialisé dans les micro-organismes moléculaires. Au même moment, des dispositions ont été prises pour transformer les Centres de recherche en établissements publics à caractère scientifique et technique de manière à conférer de la souplesse à leur gestion. Le contrôle des dépenses de ces Centres sera à postériori, et non au préalable. Cinq grands Centres ont déjà été reconvertis dans ce sens. Multiplication du nombre des laboratoires Dans ce contexte, M. Mohamed Kerkénni nous a fait part de la décision du ministère de multiplier le nombre des laboratoires de recherche en transformant les unités de recherche en laboratoires, au moyen de regroupement des unités travaillant sur les mêmes domaines. Il existe actuellement 147 laboratoires et 610 unités de recherche, alors que l'objectif est de réaliser un équilibre à ce niveau entre le nombre des laboratoires et celui des unités de recherche, car les laboratoires sont plus efficaces, peuvent avoir des rapports de partenariats plus constructifs avec les institutions similaires à l'étranger, disposent de moyens humains et matériels plus importants et peuvent participer aux appels d'offres pour la réalisation des projets de recherche. Implication des laboratoires Une mesure dans ce sens a été prise pour impliquer les laboratoires exerçant dans les établissements d'enseignement supérieur dans la recherche pour le développement et améliorer la part de ce type de recherche dans leurs activités concentrées sur la recherche à caractère académique. Ces laboratoires auront la possibilité de participer à des appels de proposition lancés par les pouvoirs publics à travers l'Agence nationale de promotion de la recherche scientifique en vue de réaliser des projets de recherche pour le développement. Une telle participation est de nature à les aider à renflouer leur budget et à enrichir davantage les sujets de leurs activités de recherche. Il a été, en outre, décidé de créer des consortiums de recherche regroupant plusieurs structures de recherche et des entreprises économiques. Un premier consortium en énergies renouvelables a été créé. Un programme pour améliorer la qualité du système de recherche au niveau de la gestion et de l'administration est également mis en œuvre. M. Mohamed Kerkénni s'est dit convaincu qu'à la faveur de ce nouveau plan, le système national de la recherche scientifique saura être à la mesure des nouveaux objectifs qui lui sont assignés et qu'il réussira à relever les défis de la qualité inhérents à l'étape en cours. Il a passé en revue quelques performances réalisées par la Tunisie, dans ce domaine, à l'instar du développement remarquable enregistré par la production scientifique tunisienne sous forme d'articles publiés dans les publications de recherche indexées dans le monde. D'après des organismes mondiaux, spécialisés et indépendants, dans ce domaine, comme « WEB of Science » ou encore « Thomson and Reuters », la Tunisie occupe la première place en Afrique en ce qui concerne le nombre d'articles scientifiques publiés dans les publications indexées dans le monde, relativement au nombre des habitants, avec 3413 articles publiés en 2009 et elle occupe la 49ème place dans le monde. Mais indicateur plus significatif, la production scientifique de la Tunisie représente 45% de la production scientifique maghrébine.