• Au moins 12 morts et des dizaines de blessées - Jeudi 13 janvier 2011, à 14 heures, en face de la caserne des pompiers du quartier « Le passage ». Cela a commencé par de petits rassemblements de jeunes, quelques dizaines, puis quelques centaines. Des cris, des slogans et c'est parti pour plusieurs heures de conflit ouvert avec les forces de l'ordre. Aux jets de pierres, répondent les explosions des tirs très bruyants des gaz lacrymogènes. Les jeunes fuient, se rassemblent à nouveau un peu plus loin avant de se ruer à nouveau sur les forces de l'ordre, jetant des pierres, criant d'autres slogans, chantant l'hymne national… Ces jeunes se déplaçaient par rushs successifs entre l'Avenue de la Liberté, la rue de Palestine et les ruelles environnantes, en fonction des mouvements des voitures de police ou des déplacements des forces de l'ordre, alignées en rangées impressionnantes, avec leurs casques, leurs boucliers et leurs armes… C'est en face de la caserne des pompiers du quartier « Le passage » que les heurts sont les plus violents, avec des pneus brûlés, auxquels vont répondre, au fil des heures, des tirs à balles réelles de la part des forces de l'ordre. Sur les toits et dans les balcons des immeubles environnants, des femmes et des hommes âgés crient et appellent les manifestants à la prudence. Puis de petits groupes de jeunes sont montés sur un toit voisin de la caserne de la protection civile et se sont mis à jeter tout ce qui trainait sur ces toits : pierres, barres de fer, pots en terre, planches… Ils ont occasionné des dégâts aux voitures de police garés en bas de ces immeubles, avant de se disperser dans les ruelles voisines… Trois jeunes tués par balles Et c'est précisément là, à l'Avenue Chedly Kallela et ses environs, trois jeunes ont été tués par des tirs de balles. On apprend, par ailleurs, que cinq voitures ont été incendiées et plusieurs locaux saccagés. Plusieurs habitants des environs ont été incommodés par les gaz lacrymogènes et on a observé des cas d'évanouissement, notamment celui d'une jeune fille qui n'a pu être secourue, faute de pouvoir l'emmener chez un médecin. Ailleurs à Tunis, plusieurs centaines de manifestants, rassemblés du Coté des sièges de l'UGTT, ont été dispersés à coup de grenades lacrymogènes hier lorsqu'ils ont tenté d'atteindre l'Avenue Bourguiba. A l'heure où nous mettons sous presse, on nous signale des confrontations violentes à Bardo et à l'Ariana, des témoins affirment entendre des coups de feu. Aucune information sur d'éventuelle pertes humaine, mais il y aurait des scènes de saccages et des incendies. Encore des morts Dans les banlieues, plus précisément à la cité d'Ettadhamen les confrontations ont fait un mort, selon un témoin. "Magid Nasri, un jeune de 25 ans, a été mortellement blessé par des tirs de la police, une heure environ avant le couvre-feu", a indiqué un témoin, un habitant de la cité. Des dégâts importants par ailleurs signalé notamment dans des bâtiments publics qui ont été partiellement incendiés. Hier soir, des sources concordantes nous signale la mort d'une jeune à El Kabbaria ou dès la tombée de la nuit des accrochages violents ont eu lieu entre des groupes de jeunes et des forces de l'ordre. Un autre jeune est mort dans les mêmes circonstances à Fouchana. Il s'agit d'un bijoutier. A Mhamedia on nous signale aussi un mort et un blessé grave alors qu'un poste de police a été incendié à Mnihela. Il y aurait des morts et des blessés. Toujours dans les banlieues de Tunis, une banque et les locaux de la douane ont été incendiés dans la nuit de mercredi à Jeudi au Yassminet, à la Nouvelle médina. Hier soir des habitants de cette localité nous signale entendre des coups de feu. Rage après la mort du professeur Hatem Bettahar Sur le campus Universitaire de Tunis des enseignants se sont rassemblés hier pour protester contre ce qu'ils appellent « l'assassinat » d'un professeur d'informatique à l'Université de Compiègne (nord de la France), Hatem Bettahar, un franco-tunisien, tué par des tirs de la police mercredi à Douz (sud). Rappelons Hatem Bettahar, 38 ans, professeur d'informatique franco-tunisien dans une université du nord de la France, est le premier mort français signalé depuis le début des émeutes sanglantes en Tunisie. Dans les régions : Des morts et des dégâts importants Ailleurs dans le pays la paralysie continue. Ainsi, et suite à l'appel des Unions régionales des manifestations pacifiques ont eu lieu à Monastir, à Kairouan à Jendouba et Kasserine et Zarzis. A Zarzis, précisément, et suite à la manifestation des confrontations ont eu lieu entre des groupes de jeunes, qui ont incendié plusieurs postes de police, et les forces de l'ordre qui ont utilisé le gaz lacrymogène. A Tataouine, La ville a connue ses 48h ses pires moments depuis l'éclatement des confrontations. On nous signale, à ce propos, deux morts dans la nuit de mercredi à jeudi lors de confrontations la nuit durant lesquelles plusieurs agences bancaires ont été incendiées ainsi que l'agence régionale de l'emploi. Les confrontations se sont poursuivit hier tout au long de la journée. A l'heure ou nous mettons sous presse, des témoins affirment que le tribunal a été incendié ainsi que deux postes de polices et la municipalité. On nous signale, par ailleurs, un autre mort à Nabeul où des confrontations ont eu lieu la nuit de mercredi à jeudi au quartier Sidi Omor. La victime, un jeune de 18 ans, a été enterrée hier alors que les actes de saccages se poursuivaient. Ainsi, une recette de finance a été incendiée alors que les forces de l'ordre ont réussit a déjoué une tentative d'infraction contre un centre commercial. Dr Fatma Jerbi tué par balles sur le toit de sa maison… Ailleurs, un médecin, Fatma Jerbi, une tuniso-suisse, a été tué hier, jeudi, à Dar Chaâben El Fehri, atteinte par une balle alors qu'elle était sur le toit de sa maison ce qui a entrainé un vague de protestation des habitants de la localité qui ont incendié les locaux d'une cellule du RCD. Un poste de police a été, pour sa part l'objet de jets de pierres. Une voiture de police a été incendiée. A Souk Lahad, au Kebili, des témoins nous ont confirmé hier après midi la mort par balle d'un jeune homme. Un autre est grièvement blessé. Du Coté de Menzel Bourguiba, on apprend de sources concordantes qu'un jeune aurait été tué avant-hier soir à l'avenue Habib Bourguiba. La victime participait à une manifestation qui est partie du quartier Hachad et qui s'est ensuite dégénéré en des confrontations avec les forces de l'ordre. Tout près à Bizerte des scènes de chaos ont été signalées et la grand surface entièrement vandalisé Par ailleurs, un jeune a tenté de se suicider hier à Moknin en s'immolant par le feu sur les toits de la délégation. Il a été sauvé par des amis qui ont réussit à éteindre le feu. Selon les dernières informations son état est stable. A Gabès, la cour d'appel a été incendiée ainsi que plusieurs autres banques et institutions publiques, dont les locaux du RCD. Du côté de Bni Khyar, et selon notre correspondant des jeunes ont incendié hier un poste de police, des banques et une partie de la municipalité. Toujours au Cap Bon, un poste de police et la recette des finances ont été incendiés à Korba alors qu'à Menzel Temim plusieurs institutions ont été brûlées alors que du côté de Soliman, quatre voitures ont été incendiés par des cocktails Molotov. Informations recueillis par M.A. Ben REJEB et S. MKACHER