Par Khaled Guezmir - Le ferment révolutionnaire est le dernier recours des peuples et la seule thérapie à la sclérose et à l'immobilisme des sociétés quand elles sont soumises à un despotisme total et totalitaire ! Les Systèmes politiques même imparfaits peuvent persister et durer à condition de maintenir le minimum « vital » de fonctionnalité ! Une réforme par ci une réformette, par là… la chance aidant, une bonne pluie… une bonne récolte… et les années passent allègrement et le pouvoir se maintient ! Mais quand un système n'est plus capable de diffuser des objets de valeurs devenues inacceptables et non obligatoires par les peuples, leurs élites et l'ensemble du corps social et quand il y a un blocage systématique des pouvoirs de décision et de contrôle on arrive au stade du « seuil critique et de non retour » et la machine casse ! C'est ce qui s'est passé pour le régime politique dans notre pays. Ce fut le cas pour la Pologne de Jaruzelski, de la Roumanie, de la Bulgarie et bien d'autres pays qui nous ressemblent par la taille mais aussi par l'histoire de leur soumission à un pouvoir interdisant totalement la participation politique et administrant la société par la peur et le quadrillage hermétique et par une propagande dominante fanatisée et agressive ! Le système est tombé par les propres graines de la violence qu'il a semées : L'exclusion de l'autre, la diabolisation de toute « opposition » si minime soit-elle, la diffusion de la frustration générale et aiguë dans les couches fragiles mais sensibles et éveillées de la société… la jeunesse des Campus… des usines, de la rue et des campagnes. Enfin par une « mobilisation » intense mais malsaine autour « d'acteurs institutionnalisés » alors qu'ils n'ont aucune légitimité institutionnelle à part d'être « proches du pouvoir » ! L'accumulation de cette situation infectée par l'arrogance médiatique des responsables de l'ombre du système, a fini par enchaîner ses propres promoteurs et le pouvoir lui-même, qu'ils croyaient « servir » et défendre alors qu'ils ne faisaient que le détruire chaque jour un peu plus. Les cris de rage et de révolte de la jeunesse tunisienne en ce 14 janvier 2011, cette « révolution du Jasmin » a été en fait une révolution contre l'absolutisme médiatique et totalitaire imposé depuis un quart de siècle à toutes les classes de la société y compris à une bonne partie de la classe dirigeante elle-même... qui n'a pas eu le courage de dire « Non » à tout cela au moment qu'il faut… ! Cette classe dirigeante complice et servile a subi des dégâts considérables et sa légitimité est aujourd'hui sérieusement menacée ! C'est pour cela qu'il faut réformer profondément les institutions afin d'éviter à la Tunisie de futures dérapages aussi sanglants ! L'espoir est permis. La Tunisie a de bons cadres dans toutes les tendances politiques… Ils sont capables de raison pour remodeler le système politique et lui donner la fonctionnalité nécessaire pour une participation politique la plus large possible et surtout mettre au Musée de l'Histoire la personnalisation excessive du pouvoir ! Une réforme constitutionnelle de grande envergure est nécessaire… une nouvelle assemblée constituante… pourquoi pas ! Car utiliser le cadre constitutionnel actuel est certes nécessaire dans l'immédiat pour stabiliser le pays et consolider la paix sociale et la sûreté, mais on ne peut instituer une démocratie participative libérale et modérée avec les instruments majeurs de l'absolutisme et le déséquilibre actuel des trois pouvoirs dans une constitution qui donne un pouvoir absolu et sans partage au détenteur de l'exécutif ! Les Tunisiens doivent à nouveau se réapproprier leur Etat et leur patrimoine national mais pour l'éternité. Plus jamais une dictature qui s'approprie l'Etat… l'économie la finance et même la mémoire culturelle de notre peuple et sa longue Histoire ! Nous y reviendrons !