Le Temps-Agences - Le médiateur de l'Union africaine (UA) pour la crise ivoirienne, Raila Odinga, a une nouvelle fois quitté Abidjan hier matin sur un constat d'échec et regretté que le président sortant Laurent Gbagbo n'honore toujours pas sa promesse de lever le blocus du camp Ouattara. "En dépit de très longues discussions lundi avec monsieur Laurent Gbagbo et le président élu (Alassane) Ouattara (...) j'ai le regret d'annoncer que la percée nécessaire n'a pas eu lieu", a déclaré le Premier ministre kényan juste avant de quitter la Côte d'Ivoire où il était arrivé lundi. L'émissaire a aussi déploré que Gbagbo, sous pression internationale pour céder la présidence à son rival, n'avait à nouveau pas honoré sa promesse de libérer l'accès au grand hôtel d'Abidjan dans lequel Ouattara est retranché depuis le début de la crise née de la présidentielle du 28 novembre. "Monsieur Gbagbo m'avait donné l'assurance que ce blocus serait levé hier (mardi, ndlr) mais, pour la deuxième fois en quinze jours, il n'a pas tenu sa promesse", a dénoncé Odinga, dont la première mission de médiation début janvier, avec trois chefs d'Etat africains, avait déjà été infructueuse. Les forces fidèles au président sortant bloquent l'accès du Golf Hôtel, une situation qui "ne peut plus durer très longtemps", avait aussi mis en garde mardi le chef de l'opération de l'ONU dans le pays (Onuci), Choi Young-Jin. Comme une série d'autres médiateurs africains avant lui, Odinga a tenté au cours de sa viste de convaincre, en vain, Gbagbo de quitter le pouvoir. "L'un des objectifs principaux de ma mission était de convaincre Gbagbo d'accepter que la question de (son maintien à la) présidence figure à l'ordre du jour des discussions", a-t-il expliqué. Alassane Ouattara a été proclamé vainqueur de la présidentielle par la commission électorale. Il est reconnu par la communauté internationale comme président légitime. Laurent Gbagbo a lui été déclaré président par le Conseil constitutionnel, qui lui est acquis. Il est menacé d'être délogé de la présidence par la force. "Le temps commence à se réduire pour une résolution amicale négociée", a averti Raila Odinga. Il a cependant souligné que l'option d'une intervention militaire, actuellement étudiée par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), restait pour cette organisation comme pour l'UA un "dernier recours". Mardi, le président burkinabé Blaise Compaoré et la ministre déléguée aux Affaires étrangères nigériane, Salamatu Suleiman, ont encore répété que la Cédéao souhaitait a tout prix éviter l'usage de la force, lors d'une rencontre à Paris avec le président français Nicolas Sarkozy. Raila Odinga a aussi averti le président sortant ivoirien que "la fenêtre d'opportunités pour une amnistie va continuer de se refermer si les partisans de Gbagbo continuent à commettre des crimes contre les civils et les forces de maintien de la paix".