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La révolution tunisienne dans la presse internationale
Kiosque international
Publié dans Le Temps le 22 - 01 - 2011

(Trois paragraphes ont malencontreusement sauté de l'article de M. Boudouin Loos paru dans le journal «Le Soir» et reproduit par notre journal dans son édition d'hier. Ces paragraphes, concernent les rapports de M. Boudouin avec MM. Taëb Moalla, Khemais Chemmari et Mme Sihem Ben Sedrine. Nous le reproduisons, aujourd'hui, cet article dans toute son intégralité)
Le Soir
La Tunisie, Ben Ali et moi
•LA TUNISIE LIBEREE célèbre le départ de son tyran. Heurs et bonheurs de dix-neuf ans de couverture du dossier. Un récit très personnel.
Une fois n'est pas coutume : qu'il me soit permis de partager ici les heurs et bonheurs que dix-neuf ans de couverture du dossier tunisien ont pu me faire vivre comme journaliste du Soir. Quand, à 18 h 38 vendredi dernier, une dépêche urgente de l'Agence France Presse annonça que le président Ben Ali avait quitté son pays, une forte émotion m'a envahi et je dus presque réprimer une larme. Voici pourquoi.
Feu Pierre Lefèvre, alors chef du service Monde, avait eu l'idée, en 1992, de m'envoyer à Tunis suivre le congrès du RCD (le Rassemblement constitutionnel démocratique), le parti déjà omnipotent en Tunisie. J'allais d'ailleurs vite comprendre que les partis (ou les pays) qui veillent à ajouter le qualificatif « démocratique » dans leur nom souffrent en réalité d'un gros problème de ce côté.
Des invités de tout le monde arabe étaient attendus à ce congrès qui me permit en effet de nouer de nombreux contacts intéressants. Mais une anecdote me mit au parfum des us et coutumes locales. Je fus en effet contacté par Moncef Marzouki, alors président d'une Ligue tunisienne des droits de l'homme déjà harcelée par le pouvoir. Il m'avait rejoint dans le hall de notre hôtel avenue Bourguiba, mais insista à ma grande surprise pour monter rapidement dans notre chambre. Là, il mit le poste de télévision en marche avec le son bien fort. « Vous comprenez, “ils” ont des oreilles partout ! » L'interview, par ailleurs très instructive, se passa dans ces conditions curieuses…
L'ambassadeur mécontent Par la suite, des amis tunisiens m'apprirent que la teneur de mes articles écrits de Bruxelles déplaisait beaucoup à Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur. Ce dernier me convia finalement à un entretien au cours duquel il tenta de me convaincre des bienfaits du régime du président Zine el-Abidine Ben Ali. C'était trop tard : mes indignations en matière de droits de l'homme avaient pris le dessus. Un reportage aux élections de 1994 confirma mon impression. Et déplut d'importance au dit ambassadeur.
C'est ensuite que l'une de mes connaissances tunisiennes, un habitué de l'ambassade, me fit savoir que j'étais officieusement persona non grata en Tunisie. Six années sans reportages allaient suivre. Un « espion » dont je disposais au sein du conseil des ambassadeurs arabes à Bruxelles me raconta alors en 1998 que la Tunisie (et l'Algérie) avait demandé que figurât à l'ordre du jour d'une des réunions mensuelles des ambassadeurs arabes dans un hôtel bruxellois de luxe cette question : « Que faire avec ce Baudouin » (l'usage arabe impose de nommer les gens par leur prénom). Par chance, il n'y eut apparemment pas unanimité sur le sort à me réserver grâce, je crois, à la fougueuse défense de mon « espion ».
Quant à retourner en Tunisie, je dus attendre mon tour. Qui vint en septembre 2000, à l'occasion du retour chez lui du journaliste Taoufik Ben Brik, qui avait passé quelques mois estivaux à Paris après une célèbre grève de la faim menée pour obtenir son passeport. Ben Brik, un drôle de coco à la plume inspirée trempée dans le picrate, avait réuni des députés européens et quelques amis journalistes pour lui faire une garde d'honneur de nature à dissuader le régime de l'embastiller dès son retour. Le scénario allait bien fonctionner : à l'arrivée à l'aéroport de Tunis-Carthage, une foule en liesse nous avait accueillis et Ben Brik put organiser de sympathiques agapes nocturnes bien arrosées.
Mais les articles du Soir continuaient à déplaire en haut lieu. Chaque ambassadeur tunisien affecté à Bruxelles s'en plaignait amèrement, puisque, chose bizarre mais avérée, il était tenu pour personnellement responsable de tout papier négatif paru sur le régime ! On dit même que l'un des ambassadeurs tunisiens dans la capitale belge fut limogé à la suite d'un de mes articles, mais cela n'a pu être vérifié…
L'acrimonie du régime tunisien à mon égard se confirma en tout cas peu de temps plus tard. Un diplomate belge rencontré quelques années plus tôt à Jérusalem me confia en effet qu'à l'occasion d'une visite à Bruxelles du ministre tunisien des Affaires étrangères, en 2002, Louis Michel, alors son alter ego belge, s'entendit demander s'il pouvait « faire taire ce journaliste-là, ce Baudouin, qui nuit à l'image de la Tunisie » ! Selon ma source, des plus fiables, « Big Loulou » vit rouge et fit comprendre d'un ton peu amène à son interlocuteur qu'on ne mangeait pas de ce pain-là en Europe…
J'eus d'ailleurs plusieurs fois l'occasion d'interviewer à Tunis des ministres importants : ceux des Affaires étrangères, de l'Information, de la Justice, des Droits de l'homme (si, si !). Le point commun de tous ces hommes n'étonnera personne : tous, avec un identique zèle pathétique, maniaient une langue de bois ahurissante, même quand ils constataient avec dépit que leurs efforts rhétoriques ne semblaient pas percer mon scepticisme ombrageux.
Les yeux vides de Lassaad Les violations des droits de l'homme dûment répertoriées par des ONG, tunisiennes ou internationales ? « Des inventions de militants mal intentionnés, des ennemis de la Tunisie ! », répondaient-ils d'un air agacé. Mes propres investigations sur place, pourtant, apportaient toujours plus de preuves quant à la validité des rapports terrifiants des organisations compétentes.
Ces investigations furent pour moi l'occasion de croiser des destins émouvants. Je resterai longtemps hanté par le long corps décharné, le visage émacié et les yeux vides de Lassaad, un islamiste torturé pendant des mois et d'une manière abominable qui l'avait laissé handicapé. Son témoignage poignant, infiniment triste, était de ceux qui vous font douter de la nature humaine.
Par le même biais, je pus rencontrer des êtres d'exception. Comme Radhia Nasraoui. Ce merveilleux petit bout de femme, avocate admirable défendant sans relâche les plus démunis, les islamistes par exemple, alors que les barbouzes locales ne perdaient pas une occasion de la maltraiter, l'insulter, de saccager son cabinet, de détruire ses dossiers, de cerner son immeuble.
Le pied de nez de Radhia Radhia cumulait les torts, il est vrai – et quel plaisir ai-je à rédiger ces lignes à l'imparfait ! : son mari, Hamma Hammami, se trouve être le chef d'un parti d'extrême gauche, le Parti communiste ouvrier tunisien, qui menait une opposition radicale au régime de Ben Ali. Au point de prendre le maquis pour plusieurs années. C'est alors que le couple adressa un extraordinaire pied de nez à la flicaille qui le harcelait en réussissant à concevoir un enfant alors que tout l'appareil sécuritaire était mobilisé à la recherche de Hamma !
D'autres profils me viennent à l'esprit, même si je ne puis nommer chacun. Kamel Jendoubi est de ceux qui ont marqué ma vie. Voilà un homme, exilé en France, qui n'a eu de cesse de faire savoir la vérité sur la Tunisie, notamment par le très actif Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme qu'il préside.
Le régime le détestait, preuve de son efficacité. En 2005, lorsque son père décéda, Tunis refusa de lui octroyer un passeport pour qu'il pût rendre un dernier hommage à son géniteur. Malade, Kamel dont je suis si fier d'être l'ami, partait ces jours-ci pour Tunis avec sa famille. Il humera enfin l'air – libre ! – de son pays…
D'autres noms se bousculent dans ma tête. Comme Taïeb Moalla, ce jeune journaliste rencontré à Tunis en 2000 qui devint brièvement le correspondant du Soir avant d'aller vivre à Québec non sans pourtant rester l'homme le mieux informé au monde sur le « who s'who » en Tunisie. Taïeb m'a rendu d'innombrables services, et avec une vivacité qui m'a toujours bluffé.
Son compère Mohamed Bouriga, alias « Omar Khayyam » (un pseudo, pris auprès d'un écrivain-savant persan né mille ans plus tôt) vit aussi au Canada. Lui, sur son blog, cultive avec finesse l'art de distiller des textes exquis de fiction qui mettent en scène Ben Ali dans des postures burlesques.
L'infatigable activisme de mon ami Khemaïs Chammari m'aura également beaucoup profité, lui qui assiégeait littéralement les instances européennes avec ses rapports toujours pareillement convaincants. Le sérieux de ses analyses passionnées m'aura bien aidé pendant toutes ces années.
Sihem leur cloue le bec Sihem Bensedrine, de son côté, conservera une place à part dans mes souvenirs. Comment cette consœur aussi menue que déterminée réussissait-elle de sa voix fluette à clouer le bec aux zélateurs grossiers du régime lors de conférences bruxelloises ou autres où ils venaient avec la ferme intention d'imposer le désordre ? Cela restera toujours un mystère. Mais la ténacité tout en finesse de cette grande dame discrètement soutenue par Omar Mistiri, son mari, restera une constante de ces deux dernières décennies.
Vous parlerais-je aussi des caractères plus faibles que j'ai croisés ? Ce Mezri Haddad, brillant intellectuel qui, également exilé à Paris, m'avait donné des interviews éloquentes où il dénonçait « la trahison des intellectuels et la flagornerie des courtisans » et cela pendant plusieurs années avant de soudainement se faire le chantre du régime et même d'en devenir l'ambassadeur (à l'Unicef). Il a opportunément claqué la porte ce vendredi, quelques heures avant la fuite de son maître…
Plus triste encore est le cas d'Ahmed Manaï, un homme torturé puis exilé à Paris où les sbires du régime réussirent à la retrouver pour le rosser et l'envoyer à l'hôpital. Son livreUn supplice tunisien comportait des lignes presque insupportables. Eh bien ! cet homme a aussi rallié le régime, dans la plus absolue discrétion, sans doute parce qu'il voulait mourir dans son pays…
Quant aux ambassadeurs belges à Tunis, auxquels je rendais toujours visite, j'eus l'occasion d'en croiser de toute sorte. Un Guido Courtois, en 1994, facilita avec Anne-Marie Lizin une interview exclusive de Yasser Arafat. J'oublierai charitablement d'autres ambassadeurs belges pour m'arrêter au dernier, Thomas Antoine, qui avait tout compris sur le régime et me le disait. Un type bien.
Lors de mon dernier reportage, en octobre 2009, à l'occasion des ultimes « élections » que le régime allait organiser, je me rendis d'abord à l'ATCE (Agence tunisienne de communication extérieure, notamment chargée de surveiller la presse étrangère) pour y obtenir mon accréditation. L'hôtesse à l'accueil signala prestement ma présence à Mme Bochra Malki, une charmante quinquagénaire qui s'occupe des journalistes « difficiles » dans mon genre. Elle descendit quatre à quatre pour m'accueillir les bras ouverts et le sourire aux lèvres avec cette exclamation : « Ah, quel plaisir d'accueillir à Tunis la légende Baudouin Loos ! ». Très bon pour l'ego, ce genre de réflexion, même si le côté dérisoire de la scène ne m'échappait pas.
Et d'ailleurs la dame m'expliqua qu'elle me lisait toujours attentivement (ce qui ne pouvait pas être le cas de la plupart des Tunisiens puisque Le Soir y était interdit, que cela soit en version papier ou en ligne), qu'elle appréciait même mes articles à quelques nuances près… « Je peux vous citer ? », ma question facétieuse l'avait rendue rouge écarlate.
Malgré cette « admiration » dont je faisais l'objet, malgré les discrètes filatures dont on me gratifia si souvent, je n'eus cependant jamais les honneurs d'une expulsion en bonne et due forme, contrairement à mon excellente consœur du Monde, Florence Beaugé. Celle-ci fut renvoyée en France au même moment, en octobre 2009. Je vécus très mal cette injustice car Florence et moi avions le même carnet d'adresses, et une plume pareillement critique, pourtant jamais n'eus-je la chance de vivre une belle expulsion. Ne l'avais-je donc point méritée ?
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Le Monde
De quel savoir-faire français faisait allusion MAM ?
Mme Michèle Alliot Marie est en ce moment sous le feu des critiques pour avoir proposé aux gouvernements Ben Ali, quand celui-ci était encore en place, « le savoir-faire français pour régler les situations sécuritaires ».
Sans chercher à revenir sur cette scandaleuse proposition d'une ministre de la République du pays soi-disant des droits de l'homme et de la Révolution, il est intéressant de s'interroger sur ce en quoi consiste le soi-disant savoir-faire français auquel fait allusion MAM.
Or à la réflexion il semblerait qu'effectivement que la police française est un savoir-faire susceptible d'intéresser les dictatures comme celle de M. Ben Ali. Ainsi, en 2009, Amnesty International publiait un rapport sur les forces de l'ordre de l'Hexagone, intitulé « Des policiers au-dessus des lois ». Dans ce rapport alarmant, l'ONG internationale dénonce le manque de recours des citoyens contre les policiers et les méthodes peu efficaces de rectification des torts, notamment l'absence d'enquêtes indépendantes lors d'une plainte envers un policier. Le rapport nous informe également que le nombre de plaintes en commission nationale de déontologie de la sécurité (instance chargée de juger les affaires de plaintes contre les forces de l'ordre) est en constante augmentation, durant la décennie 2000-2010. Ainsi en 2009, 228 plaintes contre les agents de l'ordre avaient été déposées, contre 140 en 2000. Sans compter tous ceux qui n'osent pas aller porter plainte contre la police nationale, par peur ou parce que certains ignorent les voies de droits envisageables lorsqu'on est victime d'une violence policière ou de tous autres abus des agents dépositaires de la puissance publique. Il faut aussi ajouter qu'en 2009, 65 % des plaintes déposées contre la police ont abouti à la conclusion de l'existence d'un ou plusieurs manquements à la déontologie.
Dans son rapport de 2008, la commission nationale de déontologie de la sécurité émettait deux rapports spéciaux relatant le manque de considération de ses recommandations par les autorités. Des inquiétudes furent également soulevées vis-à-vis le projet de loi sénatorial du 9 septembre 2009 visant à la disparition de la commission pour la remplacer par un autre organisme nommé le Défenseur des droits. Cette proposition fut décriée par les fonctionnaires pour plusieurs raisons, dont:
— la nouvelle possibilité des autorités de s'interposer à la venue du Défenseur des droits pour des motifs tenant aux « exigences de la défense nationale ou de la sécurité publique ou dans des cas de circonstances exceptionnelles » ;
— l'impossibilité d'investigation sur les irrégularités présumées à la frontière en raison de l'impossibilité de prévenir les victimes et d'obtenir leur accord puisque, entre temps, elles auront été expulsées ;
— le pouvoir arbitraire de la nouvelle organisation de refuser d'entendre une requête sans avoir à motiver sa décision ;
— la possibilité de s'opposer à l'obtention de preuves par le Défenseur des droits pour des raisons de secret de l'enquête ou de l'instruction (dans la loi fondatrice du C.N.D.S., seule l'autorité judiciaire peut s'y opposer).
Voilà donc quel est le fameux savoir-faire français que Mme Michèle Alliot Marie voulait mettre au service de Ben Ali. Il aurait été content, c'est peu dire ! Mais fort heureusement le peuple tunisien se s'est pas laissé faire. Vive la démocratie ! Vive le peuple tunisien ! MAM, Démission !!!
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La Tribune
Remparts contre la démocratie
La transition démocratique en Tunisie trouve manifestement beaucoup de difficultés à se concrétiser. Longtemps qualifiés par les Occidentaux, notamment pour des intérêts non encore révélés, de «rempart contre les islamistes», les résidus du régime Ben Ali se dressent décidément comme de néo-remparts contre la démocratisation du pays d'Abou El Kacem Echabi. Une semaine après la fuite de la famille Ben Ali, la Tunisie se cherche encore des institutions de transition de nature à lui permettre le passage tant espéré et fortement exprimé par la rue vers un Etat démocratique et de droit. Le scénario d'un gouvernement d'union nationale ne fait plus l'unanimité. Sa composante n'a duré que quelques heures. Reposant sur une ossature composée essentiellement d'anciennes figures du «benalisme», le gouvernement Ghannouchi a été décrié par la population même pour un règne de deux mois qui sera sanctionné par l'organisation d'élection présidentielle. La population tunisienne veut se débarrasser de toutes les figures et symboles de la dictature de Ben Ali. Ce message est très visible dans le pays depuis la proclamation du nouveau et néanmoins défunt gouvernement Ghannouchi. Dans un slogan d'une maturité politique indéniable, des manifestants tunisiens appellent le peuple «à une révolte contre les restes de la dictature». La détermination de la rue à faire disparaître tout ce qui symbolisait le pouvoir de Ben Ali est cependant contrariée par des figures politiques et autres militants. Ces parties estiment que le RCD a encore un rôle à jouer dans la transition en cours. Cette option est défendue par des militants des droits de l'Homme qui ne s'opposent pas au maintien des ministres RCD au gouvernement de transition. On leur attribue même de très bonnes qualités. Il paraît que «ce sont des technocrates qui se distinguent par leur intégrité et surtout par leur compétence, et qui ne sont pas mouillés dans des affaires de corruption». Ministre de quarante-huit heures issu de la puissante UGTT, le syndicaliste Houcine Dimassi défend la présence du RCD dans l'après-Ben Ali. Pour lui, «on ne peut pas l'exclure du gouvernement. Cela n'a pas de sens, mais il doit avoir une place proportionnelle à son poids». Il est ainsi loisible de constater qu'une partie de l'élite tunisienne se rapproche désormais plus du jeu des appareils que des revendications de la rue. Un constat qui donne toute la légitimité à cette inquiétude de plus en plus pesante de voir confisquée la révolution des Tunisiens, marquée par la mort de 100 personnes, selon un dernier bilan de l'ONU. Conscients d'avoir accompli le plus dur en chassant Ben Ali du pouvoir, les Tunisiens n'en sont pas moins convaincus qu'ils doivent être vigilants pour que leur victoire contre la tyrannie ne soit pas volée. Un peuple qui a vaincu la peur saura cependant qui accompagner pour déjouer toutes les manœuvres policières et les calculs visant à contourner la démocratisation du pays.
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Libération
Justice
Les Tunisiens ont retrouvé la fierté d'être tunisiens. Ils n'ont plus honte de leurs dirigeants, d'une clique affairiste et corrompue qui les avait contraints à un silence humiliant par la force brute d'une toute-puissante police politique. Cette liberté nouvelle n'est pas pour autant gagnée. La transition entre une dictature, surtout aussi longue que le régime de Ben Ali, vers la démocratie n'est jamais facile. Le président déchu avait écrasé toutes les oppositions ; il avait éteint la société civile, syndicats, avocats, défenseurs des droits de l'Homme, journalistes. Le gouvernement d'union nationale est un premier pas, mais il ne suffira pas. D'autant que nombre de ministres de la dictature ont été maintenus. Comme dans d'autres pays qui découvrent et redécouvrent la démocratie après des années noires, les Tunisiens ont droit à la justice et à la vérité.
Il leur appartiendra de décider comment juger les responsables de l'appareil de répression du régime, ses chefs, ses geôliers comme ses tortionnaires. Il leur appartiendra aussi de récupérer les biens pillés par les familles Ben Ali et Trabelsi, qui avaient fait de la Tunisie leur machine à cash. L'histoire de la dictature devra être connue. Seul un gouvernement légitimement élu pourra mener cette mission de justice transitionnelle. Il ne s'agit pas de vengeance, mais les responsables doivent rendre des comptes à ceux qu'ils ont emprisonnés, volés ou harcelés. D'autres pays, comme le Maroc ou l'Afrique du Sud, se sont livrés à cette tâche difficile. Chacun à sa manière. A la Tunisie, qui a montré au monde que l'on pouvait se débarrasser sans bain de sang d'un dictateur, de trouver sa méthode.


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