• Est-il vrai que des casseurs à la solde de l'ancien régime cherchent à déstabiliser le sit-in à la Kasbah ? - Après Sfax, une grève générale a été observée hier à Sidi Bouzid et sa région, berceau de la révolution tunisienne. Ils étaient, hier, des milliers dans les rues, dès 9 heures de matin, défilant aux cris de «non au vol de la révolution!». "Dégagez les pourris!", "Ghannouchi, est-ce que tu ne nous a pas encore compris?", scandaient encore les manifestants à l'adresse du premier ministre. La grève, organisée par l'UGTT, a été une réussite totale, nous confirme des sources syndicales à Tunis. Ailleurs dans le pays, d'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs régions notamment à Sousse où plus de 10 mille manifestants dont des enseignants des étudiants et des médecins ont défilé dans le centre de la ville. A Mahdia, plusieurs milliers d'habitant de la ville et des régions avoisinantes se sont regroupés devant les bureaux de l'UGTT. Les mêmes rassemblements, ont eu lieu à Béja, au Kef, à Thala, à Kasserine et Seliana. Grève de la faim Entre temps, à Tunis, et malgré la pluie qui est tombée tout au long de la nuit de mercredi à jeudi, les manifestations se sont poursuivies hier devant le Palais du Gouvernement à la Kasbah. En signe du durcissement du sit-in, les manifestants ont décidé d'entamer une grève de la faim ouverte jusqu'à la démission du Gouvernement. Ils ont par ailleurs, organisé une marche silencieuse au cours de laquelle ils ont exprimé leur détermination à manifester, aujourd'hui, loin de la place du Gouvernement à la Kasbah avec l'arrivée de nouveaux groupes de manifestants des autres régions du pays. Rejoints par les lycéens de l'école Sadiki, et de beaucoup de citoyens qui suivaient le mot d'ordre lancée sur Facebook appelant la population à venir en masse soutenir le manifestants assiégés par la police, l'agence TAP indique que les manifestants ont tenté de forcer le barrage de sécurité à l'entrée du boulevard Bab Bnet, mais les forces de l'Armée nationale se sont interposées, les exhortant, par mégaphones, à respecter les limitates sécuritaires. Des rumeurs et des casseurs Mais le mot d'ordre hier était cette «rumeur», de plus en plus vérifiée, de l'existence d'une milice proche de l'ancien régime qui tente de déstabiliser le rassemblement à la Kasbah. Plusieurs témoignages, qui circulent actuellement sur la toile et reproduit par le conseil national des avocats, indiquent que des jeunes des quartiers voisins ont été approché par des individus connus pour leur appartenance à l'RCD. Ces derniers auraient proposé des somme d'argent allant jusqu'à mille dinars pour que ces jeunes des quartiers voisins s'introduisent dans le rassemblement dans le but de le miner de l'intérieur. A ce propos, et selon le témoignage d'un médecin, N.Z., sur place avant-hier soir, « les civils sont sujets actuellement à des assauts divers de la part de groupes armés de bâtons et de tessons de verre. Les civils sont placés en sandwich entre les assaillants qui attaquent du côté de la médina et les policiers du côté de bab bnet. Le groupe de médecins a été obligé de quitter les lieux par manque de sécurité et conditions de soins impossibles. Selon les forces de l'ordre ont fait part "de débordements" des manifestants qui se seraient attaqués à eux "tuant un policier et blessant un autre". Ils ont signalé, par ailleurs, que des manifestants auraient "souillé" la mosquée sis à côté de l'hôpital Aziza Othmana. A noter, enfin, la présence hier parmi les manifestants à la Kasbah de jeunes venus des banlieues de la capitale, notamment de Daouar Hicher et Cité Etadhamen qui ont exprimé leur détermination à poursuivre le sit-in avec les autres groupes. Mohamed Ali Ben Rejeb ------------------------------ Sept grévistes de la faim hospitalisés A la Kasbah, hier, sept grévistes de la faim, tous originaires de Kasserine ont été hospitalisés. L'information nous a été confirmée par des sources hospitalières et par les grévistes. L'un d'eux, que nous avons contacté par téléphone hier soir, relate les faits : « depuis hier soir (avant-hier-NDLR), tout le groupe venu de Kasserine, plus de mille selon des estimations, sont entrés dans une grève de la faim et de paroles. Nous voulons exprimer par ce geste notre ras-le-bol du mépris dont nous sommes victimes. Personne ne veut nous écouter malgré tous nos sacrifices à Kasserine. Et encore une fois nous sommes en train de payer le prix. Ces dernières 24 heures, sept de nos camarades ont été hospitalisés. Mais nous sommes déterminés à poursuivre notre grève ». M.A.B.R ------------------------------ Manif des sourds-muets à l'avenue Habib Bourguiba L'avenue Habib Bourgiuiba devenu tribune des revendications de tout Tunisien, a connu hier, tôt le matin, la manifestation de quelque centaines de sourds-muets. Loin des revendications politiques contre le gouvernement d'Union nationale, leurs revendications étaient plutôt d'ordre socio-économique. On notera parmi ces revendications la création d'écoles spécialisées pour les sourds-muets ainsi que l'aménagement dans les lieux publics d'aménagements spécifiques ------------------------------ Les élèves aussi Des centaines d'élèves venus des différents établissements scolaires de la capitale ont parcouru hier plusieurs artères principales de Tunis avant d'entamer un sit-in devant le théâtre municipal D'une moyenne d'âge ne dépassant pas les 15 ans, ils ont scandé des slogans hostiles au gouvernement provisoire, brandissant des banderoles qui appellent au retrait des symboles de l'ancien régime. ------------------------------ Des ouvriers de chantiers revendiquent leur titularisation Selon l'agence TAP, des ouvriers et agents de chantiers venant des gouvernorats de Tunis, Ben Arous et Zaghouan, ont manifesté, hier après-midi, devant le siège de l'établissement de la télévision nationale tunisienne, revendiquant la régularisation et l'amélioration de leur situation professionnelle et financière. Les manifestants étaient divisés en trois groupes distincts représentant les ouvriers des chantiers relevant du commissariat régional de développement agricole à Zaghouan, les ouvriers de chantiers de la délégation de Djebel Ejloud et ceux dans la délégation de Mornag. Brandissant des pancartes résumant leurs revendications, ils réclament la titularisation, l'augmentation des salaires, le droit à une couverture sociale, à une prime de rendement, à un syndicat et aux congés payés tout en s'opposant au recrutement sous forme de contrats. ------------------------------ Témoignage Cherche carte d'électeur La démarche la plus urgente en ce moment est celle qui consiste à aller chercher enfin sa carte d'électeur. Des années d'abus de toutes sortes ont fait oublier à certains que tous les changements possibles passent par ce sésame. Le peuple a modifié toutes les données, le coup gagnant sera celui de la conquête des urnes. Seulement voilà : il n'est actuellement pas aisé de faire valoir ce droit en raison même des réflexes anciens. Les fameuses cartes sont préparées et délivrées par les autorités locales, ce qui n'était pas jusque là un gage d'honnêteté. Pour le citoyen que je suis, et après plus de vingt ans de privation de ce droit pour cause de fraude électorale à répétition, la démarche relevait du retour à la normale. Je me suis donc adressé au guichet d'information du lieu de résidence, soit celui de la Nouvelle Médina relevant de la Municipalité de Ben Arous. J'avais une demande simple à formuler : comment obtenir ma carte, moi que les services à côté du même guichet n'ont jamais omis dans les taxes municipales payées régulièrement. Le préposé au guichet n'en croyait manifestement pas ses oreilles. Comment se peut-il qu'on vienne réclamer sa carte d'électeur ? Il répondit donc qu'il n'avait pas reçu d'instructions à ce sujet. Les habitudes, surtout les mauvaises, ont manifestement la vie dure. Pour le moment, on invoquera l'ignorance du préposé et l'impréparation des services communaux. Mais il va tout même falloir me préparer ma carte d'électeur, et celle de beaucoup d'autres. Bourguiba Ben Rejeb ------------------------------ Le ras-le-bol des « Omdas » Les chefs de secteurs, plus communément appelés « Omdas » ont exprimé à l'instar de pratiquement toutes les catégories sociales de notre peuple leur ras-le bol des innombrables injustices dont ils ont été victimes lors du règne del'ancien régime. Ils ont souligné qu'ils n'étaient pas titulaires et qu'on pouvait à tout moment les congédier sans autre forme de procès. Qu'ils ne percevaient que 350 dinars comme prime et non comme un salaire. Pas de congé, ils étaient sur la brèche 24h/24h avec obligation de répondre à tout moment aux coups de téléphone de leur supérieur direct le délégué. Pas de prime de rendement, pas de primes pour les enfants. En plus, ils étaient tenus pour responsables de tout ce qui pouvait survenir dans leur secteur (Imada) comme désagréments. Ils réclament : Leur titularisation, leur intégration dans le circuit des fonctionnaires, la constitution d'un statut qui leur sera propre, une prime de rendement, une prime pour les enfants, un avancement en grades en fonction de leur mérite et de leur ancienneté, un congé annuel, la constitution d'un syndicat défendant leurs droits, délimiter exactement et avec précision leurs prérogatives.