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«Besoin d'une réforme fondamentale de l'appareil de sécurité. Il doit travailler pour le peuple et pas contre lui» Le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme dresse son rapport
Après une visite d'une semaine en Tunisie (du 27 au 2 février) pour explorer notamment, « les possibilités d'une avancée en matière de droits de l'homme », les membres du Haut Commissariat aux droits de l'Homme (HCDH) ont donné hier une conférence de presse présidée par M. Bacre Ndiaye, chef de la délégation (HCDH). Il a présenté à cette occasion le programme et les objectifs de la visite, qui consiste entre autres « d'effectuer une évaluation initiale des défis en matière des droits de l'homme et de discuter avec un large éventail d'acteurs comprenant entre l'équipe des Nations-Unies, des membres de la société civile et le gouvernement intérimaire sur la manière dont le Haut Commissariat peut assister la population tunisienne dans le renforcement du respect des droits de l'homme ». A cet effet ; M. Ndiaye considère que « l'appareil de la sécurité doit fondamentalement être réformé ». « Il doit en fait travailler pour le peuple et non pas contre lui », réitère le chef de la délégation tout en ajoutant que « la police est un élément important pour le peuple qui doit surtout s'adapter à la liberté d'expression et de manifestation ». M. Ndiaye juge « qu'il y a beaucoup de choses à faire là-dessus ». « C'est tout un chantier », enchaîne-t-il, Parlant des abus et des émeutes qui se sont produits dans quelques prisons, le chef de la délégation a précisé que les traces de violence sont encore là. Une enquête doit être faite à ce niveau pour identifier les responsables de ces événements » « étant donné que les abus commis par l'appareil de sécurité sont visibles ». Et d'ajouter : « l'Etat policier n'est pas démocratique d'où l'importance de mettre fin à ce système et d'introduire un changement réel à ce niveau. Mais cela ne veut pas dire de mettre toute la police dehors. Elle reste en fait, un élément important pour le peuple ». Le chef de la délégation considère par ailleurs qu'il est essentiel de faire des enquêtes sur les parties qui ont semé la terreur entre les citoyens et ceux qui ont été derrière les actes de violence à la place de la Kasbah. 147 tués Par ailleurs, M. Ndiaye a présenté le nombre des victimes tués lors des événements qui ont mis fin à l'ancien régime. « La Tunisie a enregistré 147 tués et 510 blessés sans compter les 72 tués lors des incidents survenus dans l'ensemble des prisons du pays », déclare le chef de la délégation. Un nombre qu'il considère « élevé étant donné que la Tunisie ne compte que 10 millions d'habitants ». Quant à l'apport du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme par rapport aux élections prévues en Tunisie, M. Ndiaye annonce que le Commissariat dispose d'une expérience en la matière et peut apporter à la Tunisie son savoir-faire dans le domaine. D'ailleurs, le rôle des Nations-Unies ne se limite pas à ce point en cette phase transitoire. « Au-delà des programmes habituels, il y a tout un champ qui s'ouvre », d'après le Docteur Mohammed Belhocine, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et Représentant Résident du PNUD en Tunisie. « Il sera question de la diffusion de la culture des droits de l'homme et ce n'est pas uniquement auprès de la population mais aussi auprès de l'appareil judiciaire », selon M. Belhocine. « Nous allons également mettre l'accent sur la gouvernance démocratique et la lutte contre la corruption », toujours d'après le Coordinateur permanent. M. Belhocine a même annoncé que des standards de travail internationaux seront mis à la disposition des commissions formées pour enquêter sur plusieurs questions dont la corruption. A cet effet, M. Ndiaye attire l'attention sur « l'importance de sécuriser les archives et tous les documents utiles pour les enquêtes en cours. Des enquêtes qui doivent allers jusqu'au bout ». La vigilance doit être de mise pour préserver les preuves et ne pas permettre aux vieux démons de ressurgir.