La Tunisie s'est engagée depuis quelque temps dans un processus visant à décrocher le statut avancé ou encore le statut de partenaire renforcé avec les pays de l'Union Européenne et ce pour la période 2011-2016. La question a été remise sur la table des discussions des ministres des Affaires étrangères réunis le 31 janvier à Bruxelles. L'Union des 27 parle de nouvelles bases de négociations. S'agit-il d'une nouvelle base de discussions ou d'une remise en cause du processus en lui-même. Pour nous l'UE est aujourd'hui mise à l'épreuve. Sera-t-elle en mesure d'honorer ses engagements et de tenir ses promesses sans pour autant nous acculer à faire des concessions ? Rappelons que la Tunisie a exprimé en 2008, sa volonté d'approfondir les relations avec l'UE. « Le renforcement des relations dans le cadre du statut avancé implique des engagements plus contraignants des parties dans tous les domaines, qu'ils soient en matière d'état de droit et gouvernance, d'économie et commerce ou de questions sociales ». Autrefois, l'UE a avancé un certain nombre de conditions contraignantes pour le régime déchu et de points noirs paralysant l'achèvement du processus visant à accorder le fameux statut de « partenaire avancé » à la Tunisie tout comme pour nos voisins Marocains. La démocratie, le respect des droits de l'Homme et la liberté d'expression : ce sont les principales revendications et exigences explicitées par la Commission Européenne en contre partie du titre de « Statut avancé ». D'ailleurs et en se référant à la communication de la commission au Parlement européen au conseil (dans le cadre du rapport de suivi 2009) on notera la conclusion suivante : « Par rapport aux objectifs du Plan d'action, les élections d'octobre 2009 ont montré que des progrès restent à faire en matière d'application concrète des garanties liées à la liberté d'expression, d'association et de participation à la vie politique qui continuent à connaître des entraves importantes. En même temps, des obstacles à la libre activité des défenseurs des droits de l'homme et des médias nationaux et étrangers ont été constatés. En ce qui concerne la liberté d'expression et la liberté de la presse, l'accès aux sources indépendantes d'information continue d'être difficile. Des journaux des partis d'opposition ont été saisis à plusieurs reprises. Des journalistes ont été condamnés et emprisonnés. A la suite de la publication de plusieurs articles critiques, la vente de certains journaux étrangers a été suspendue durant la période électorale et après. L'abolition en 2008 du dépôt légal n'a pas produit d'amélioration sensible en ce qui concerne la distribution de la presse indépendante ou d'opposition. Le libre accès à l'internet reste problématique….La situation des droits sociaux fondamentaux et des normes du travail établis en vertu des conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) n'a pas évolué au cours de la période de référence. La mise en œuvre effective des conventions fondamentales de l'OIT doit encore être assurée. La part importante du secteur informel dans l'économie entrave l'application uniforme du code du travail. » Pourvu qu'il n'y ait par ailleurs aucune pression implicite, les négociations devraient se poursuivre sur bonne note surtout que la révolution populaire est en quelque sorte un gage de garantie à l'abolition de toute barrière sabotant l'octroi de statut avancé, un vœu suspendu depuis 3 ans. Une remise à zéro du processus est inconcevable surtout dans le cadre d'une nouvelle Tunisie, une république libre sur la voie de la démocratie et de l'instauration d'un vrai Etat de droit et des institutions.