Réputée pour être l'une des villes les moins sécurisées socialement sous Ben Ali, Jendouba vit ces jours-ci dans un climat d'incertitude et de suspecte anarchie. Rassemblements quotidiens de chômeurs et de casseurs, grèves commandées d'élèves et d'étudiants, scènes de pillages ciblés, étalages sauvages généralisés : tels sont les ingrédients de la vie que mènent quasiment chaque jour les habitants de ce que les virtuoses de la langue de bois chère à l'ancien régime aiment à appeler, à tort, « la capitale du nord-ouest ». Rien qu'hier matin, une horde de jeunes délinquants, profitant d'un mouvement social organisé par les diplômés sans emploi, ont tenté d'envahir le siège du gouvernorat avec le dessein, semble-t-il, de l'incendier, puis s'en sont pris à l'armée qui a riposté fermement en tirant dans l'air. Ces mêmes énergumènes sont allés, ensuite, semer la terreur dans la ville, piller et détruire tout sur leur passage. Qui sont ces malfrats ? Par qui sont-ils manipulés ? Y a-t-il moyen de les neutraliser ? Autant de questions qui interpellent les Jendoubiens soucieux de protéger la Révolution et de continuer à défendre dans la sérénité, les causes pour lesquelles elle a été menée. A leurs yeux, il ne fait aucun doute que les barons de la pègre locale, qui serait une ramification de celle du Kef, tirent les ficelles de loin et commanditent la plupart des actes de vandalisme perpétrés un peu partout dans le gouvernorat. L'on désigne aussi du doigt certains sbires du président déchu connus pour être experts en matière de corruption et de soudoiement. Il semblerait même que des noms aient été donnés à l'armée par certains des casseurs détenus. Au-delà des questions de développement et d'emploi, c'est donc la question de sécurité qui constitue la priorité des priorités pour les Jendoubiens aujourd'hui. Une opération de ratissage, comme celle menée au Kef récemment, est des plus souhaitées qui permettra d'assainir le climat et de mettre hors d'état de nuire les ennemis occultes de la Révolution. En attendant que soient ouverts, plus tard, les dossiers scabreux de l'Education, de l'Enseignement supérieur, de la santé et de bien d'autres secteurs pourris par l'action du RCD et de ses acolytes, tous niveaux confondus.