Durant des années, le pouvoir et les banquiers nous ont fait marcher en avançant le slogan de « restructuration et de modernisation du système bancaire et financier tunisien ». Plus de 15 ans de leurre et de destruction de l'architecture financière tunisienne. Il s'est avéré après coup que certaines institutions financières bancaires et non bancaires ont joué le rôle d'apparat au financement des opérations mafieuses du clan Ben Ali et des Trabelsi. Au moment où les hommes d'affaires, les jeunes entrepreneurs, les détenteurs de fonds et même les particuliers déplorent les difficultés d'accès aux crédits bancaires, les banques se désencrassaient pour le compte du « Sérail ». Le pire c'est que ces lignes de crédits ne sont pas pour la plupart soumises à aucune garantie bancaire. 2500 millions de dinars, ont été déclarés par la Banque Centrale en tant que somme totale des engagements tenus par les banques de la place envers les entreprises ayant eu affaire à la famille du président déchu. Mais est-ce tout ? D'après le communiqué de la BCT, six banques sont essentiellement concernées et lésées de par leurs engagements envers les 182 entreprises appartenant à l'empire de Ben Ali et de ses proches. Il s'agit d'Attijari Bank, de la BH, de l'UIB, de l'Amen Bank, la BT et l'ATB. Attijari Bank a été la plus « généreuse » dans la mesure où la somme de ses engagements avoisine les 319 Millions de dinars, soit 9,9% du total des engagements de la Banque. La Banque de Tunisie vient en deuxième position des banques les plus généreuses de la place en encourant une créance totale de 258 millions de dinars, soit 8,5% du total des engagements de la Banque. Et ce n'est pas du tout une surprise puisque Belhassen Trabelsi et Mohamed Sakher El Materi étaient des Administrateurs au sein de ces deux institutions de crédits. C'est normal et comme dit le dicton : «On n'est jamais bien servi que par soi-même ». Mais qu'en est-il du compte de la STB (Société Tunisienne de Banque) ? Aucune information n'a été communiquée sur l'état de créances détenues par cette banque publique. Rappelons que cette banque a été illico pointée du doigt pour des opérations illicites en faveur du Serail et en particulier en faveur de Imed Trablesi. « Les engagements bancaires de ce dernier ont été retracés auprès de deux banques publiques tunisiennes, la STB (Société Tunisienne de Banque) et la BH (Banque de l'Habitat) Chez la BH, ce sont 41 MDT pour Bricorama et le Loft. Chez la STB, ce sont 9 MDT pour Bricorama et Med Business ». (*) Heureusement que la BH a échappé à l'opération de fusion programmée avec la STB. Qu'aurait-elle caché cette opération ? Une opération qui aurait jeté la BH dans les griffes d'un système masqué en la faisant hériter d'une facture de « créances classées», très très salée et payer les pots cassés de sa prétendante « partenaire ». L'opération de fusion déclarée comme étant l'opération du siècle aurait été la mascarade du siècle pour le système bancaire et financier tunisien. Que pense aujourd'hui la Banque d'Affaires de Tunisie (BAT) et les conseillers émérites du Gouvernement installés en France dont (Hakim Karoui) qui ont conseillé et béni le mariage entre ces deux institutions bancaires ? Aujourd'hui et même si les banques lésées affirment que les engagements sus-indiqués sont couverts par des garanties réelles, on s'interroge sur l'avenir du secteur bancaire et financier tunisien mais aussi sur le passé du secteur? A priori on ne savait rien du secteur. Yosr GUERFEL AKKARI (*) Source : Tunisie Actualité