D'aucuns ne peuvent nier la longévité de la coopération bilatérale entre la Tunisie et l'Union Européenne. Une relation contractuelle qui remonte à 1976 et un accord d'association entré en vigueur en 1998. Et quels que soient les mécanismes et les motifs implicites ou explicites de la coopération, l'image de donneur d'ordre et de clients ou de troc (prime pour services rendus) n'a pas manqué à l'esprit de bon nombre d'observateurs. L'Union Européenne, cette machine pécuniaire n'a cessé de soutenir, d'appuyer, de financer et de bénir les projets économiques, politiques et sociaux en contrepartie d'une politique tunisienne dévouée à la lutte contre le terrorisme et à l'embellissement de l'image de marque de la Tunisie moderne, ouverte et libérale. Des millions et des millions d'euros ont été alloués à la Tunisie dans le cadre du programme de voisinage ou encore de l'Instrument européen et de partenariat (IEVP). Un programme adopté en juillet 2005 pour une période de cinq ans. En se référant à la communication de la Commission au parlement européen et au conseil au titre du suivi de la mise en œuvre de la politique européenne de voisinage en 2009, 330 millions d'euros, soit 627 millions de dinars ont été accordés à la Tunisie dans le cadre du programme indicatif national (PIN) 2007-2010. Le PIN s'articule autour de trois principaux axes à savoir : la gouvernance économique, l'amélioration de l'employabilité des diplômés et le développement durable. Trois axes qui n'ont pas été remplis par le gouvernement tunisien. L'entreprise tunisienne manque toujours de compétitivité, le fossé entre le marché de l'emploi et les diplômes a été l'une des principales raisons au déclenchement de la Révolution et pour le développement durable, l'aspect humain du développement a été mis à tort. Par ailleurs et sur le même portefeuille de 330 millions d'euros 30 millions d'euros ont été alloués exclusivement au financement du programme d'appui à la gestion budgétaire par objectifs. Un programme qui traîne toujours. Par ailleurs 50 millions d'euros ont été mobilisés au titre de lutte contre la crise économique, de contribution à la mise à niveau de l'entreprise tunisienne et de jumelage entre les administrations tunisiennes et européennes, et ce en plus d'une enveloppe de 20 millions d'euros, prévue pour 2010. Où sommes- nous aujourd'hui au sujet de la modernisation industrielle et de quel jumelage parle-t-on au moment où l'on parle d'intoxication d'une bonne partie de l'Administration tunisienne sous le règne de Ben Ali. En 2009, une aide de 77 millions d'euros a été allouée au titre de l'IEVP dans l'objectif de soutenir deux priorités. 65 millions d'euros ont été intégralement mobilisés en faveur du programme d'appui au système de l'Education/Formation ; enseignement supérieur et employabilité. Le reliquat, soit 12 millions d'euros mobilisés au financement du projet d'appui au système de recherche et d'innovation. Toujours en 2009, 22 millions d'euros alloués au titre d'assistance technique et subventions d'investissement devant mobiliser 330 millions d'euros sous forme de prêts des institutions financières européennes pour le financement des secteurs des transports, de l'eau et de l'assainissement . Selon la même source, la BEI a signé des contrats de prêts en 2009 pour un montant total de 434 millions d'euros pour les opérations suivantes : dans le domaine des transports, pour la construction d'un tronçon d'autoroute (234 millions d'euros) et un aéroport (70 millions d'euros); dans le secteur industriel, pour le projet «Tunisian Indian Fertilizers» (130 millions d'euros) visant à construire et à exploiter une usine de production engrais d'une capacité de 360 000 t/an, destinée à l'exportation vers l'Inde. En conclusion et à lumière du rapport publié par la Commission européenne sur la coopération financière au titre de l'année 2009, le portefeuille mobilisé au profit de la Tunisie est lourd. Entre prêts, dons et aides, des millions et des millions d'euros ont été alloués pour des projets grandioses qui tardent à voir le jour. Pas moins de 1000 millions d'euros. Une enquête sur l'acheminement et l'emploi de ces enveloppes de taille serait à l'ordre du jour. Aujourd'hui, l'Union Européenne veut commencer une nouvelle page avec la Tunisie. Quelle image véhiculera la nouvelle ère de coopération bilatérale?