Les entraîneurs subissent depuis très longtemps des événements contrariants ; certains médias se délectent de leurs échecs, comme si dans le sport, il n'y a pas une équipe gagnante et une autre perdante ! Les dirigeants trouvent toujours -en cas de mauvais résultats- le bouc émissaire : L'ENTRAINEUR. Ils s'arrêtent net et souvent à cette analyse viscérale. La gestion du domaine technique est donc calamiteuse (où l'on assiste assez souvent à des conflits d'intérêts et de népotisme) ; cela est dû en premier chef, à une inquiétante absence des techniciens eux-mêmes ; ils sont ECARTES car GENANTS de par leurs spécificités. 1.- Est-ce qu'il ne faut pas redonner aux techniciens leur vrai rôle ? 2.- Est-ce que ces derniers ne doivent pas négocier plus fermement les termes de leurs contrats ? 3.- Est-ce qu'ils ne doivent pas également définir avec clarté et précision les objectifs à réaliser, le cap à suivre par tous ? 4.- Faudrait-il qu'ils évitent de se mettre sous l'autorité d'un pouvoir de dirigeants capricieux ? Ce pouvoir est caractérisé généralement par un RAMASSIS de personnes aux compétences différentes qui gèrent une institution avec des intérêts différents mais évidents, avec un comportement «doucement» hypocrite le plus souvent, car ils agissent plutôt en partisans passionnés généralement non rationnels. Donc, en émotion beaucoup plus que de raison. C'est là une des vertus de l'ignorance. Face à cette situation, l'entraîneur doit jouer au roseau : plier sans rompre ! Si le technicien est non seulement par essence un entraîneur, il doit être obligatoirement un éducateur au sens propre du mot, respectueux des autres, droit, acceptant la faute et l'excuse. Il lui faut néanmoins, qu'il se resitue, qu'il révise d'une manière drastique son comportement, et prendre conscience qu'il peut et doit : 1.- Changer ses rapports vis-à-vis des dirigeants, 2.- Etre davantage présent dans tous les débats, au sein de l'institution, et cela dans tous les domaines de son activité, 3.- Se rapprocher davantage de tous les intervenants pour une meilleure relation pédagogique, 4.- Etre en réseau, au diapason de tout ce qui pourrait se tramer au sein de l'institution en question. Le technicien sera plus fort s'il procède à son INTROSPECTION, à son autocritique ; nous savons que tous les formateurs recommandent cette pratique tout en sachant que c'est là un exercice qui n'est pas très pratiqué dans le domaine technique. Sincère le plus souvent, pédagogue, compétent, et malgré toutes ces vertus, le technicien est foncièrement NAIF, PEUREUX, car il est rangé dans sa carapace technique qui n'a rien de politique ; rongé par le doute, situation dans laquelle le pousse le dirigeant qui fait remous surtout en cas de défaite –répétons-le-. Ce dirigeant devient ARROGANT et contraint le technicien au silence et à la perte de son contrôle ; cette situation crée sa «fuite technique» et sa déstabilisation psychologique ; une vacance technique s'en suit… En fin de compte, le dirigeant devient très connaisseur, pas seulement en technique sur laquelle il est facile «de taper» (technicien, «un vassal» qui doit obéir, accepter tout –même d'être congédié-, sans broncher) ; il est expert en tout ! ainsi, la technique est marginalisée voire méprisée…. Les techniciens doivent faire face à toutes ces mauvaises pratiques qui, non seulement inquiètent, mais qui obligent à l'effacement et à la frustration. Généralement, ils sont désolés de ne pas pouvoir donner tout ce qu'ils peuvent donner. Tenus par une obligation de résultats, ils se démènent face à des situations inextricables créées par le dirigeant qui juge le technicien sans lui avoir donné auparavant les moyens d'une éventuelle réussite. N'oublions pas au passage que les résultats s'écrivent au conditionnel. Alors, l'entraîneur sportif dans notre système reste une anomalie car sans statut officiel, particulier (à l'instar de ceux des enseignants d'éducation physique) et est maintenu inféodé ; faut-il rappeler à ce sujet que les statuts en question ont été confectionnés et présentés en même temps que la loi 105 (1995) sous forme de décrets d'application annoncés par la loi. Ce projet de statuts des entraîneurs sportifs a été inspiré de ceux de la France, de l'Italie et du Maroc. A quand donc l'étude et la publication de ces statuts qui permettraient une catégorisation professionnelle, nécessaire car l'existence des entraîneurs sportifs est réelle dans le champ des activités sportives. Ce n'est qu'à ce prix que l'intervention de l'entraîneur sortirait plutôt renforcée par une réglementation qui fait obligation à tous, délimitant les droits, devoirs et obligations de chacun et soumet tous les contractuels à une même juridiction en fonction des prérogatives de chaque partie. Appelons de nos vœux une réflexion de fond à ce sujet avec les spécialistes du domaine ; la loyauté et l'expérience des techniciens sont toujours acquises pour peu que l'on veuille les associer à cette réflexion avec honnêteté pour remplir ce vide juridique. Nous pensons que rien n'empêche les fédérations d'y jeter les premiers jalons d'une réflexion sur ce thème.