Lotfi OUENNICHE - On ne sait si c'est une rupture avec un passé récent ou s'il s'agit tout simplement d'une opération pour redorer le blason de la diplomatie française, caractérisée dernièrement par les atermoiements face aux Révolutions tunisienne et égyptienne et gravement affectée par les bévues de l'ancienne ministre des Affaires étrangères Michelle Alliot-Marie. Mais la ferme position de la France à l'égard du régime de Kadhafi et sa décision de reconnaître l'opposition libyenne regroupée au sein du Conseil national de transition comme « le représentant légitime du peuple libyen, est courageuse en elle-même, car elle l'expose au courroux et à la riposte d'un régime qui se maintient encore en place. D'ailleurs, le bouillonnant « guide » n'a pas tardé à menacer Sarkozy de révéler un « grave secret » qui mettrait son avenir politique en danger. Elle est de nature, également, à la réhabiliter aux yeux des populations arabes et de restaurer son image, perdue depuis quelque temps et qui lui confère le statut de berceau des droits de l'Homme, de défenseur des causes justes et d'ami des peuples et non des dictatures qui les gouvernent. Seulement, plusieurs questions se posent quant aux motifs qui poussent Paris à faire cavalier seul au sein d'une Europe toujours incapable de définir une position commune concernant les dossiers internationaux. Est-ce la soif d'un leadership qui ferait de la France la locomotive de l'Europe en politique étrangère ? Ceci n'est pas étranger à la personnalité du président Sarkozy. On dit que les grandes décisions sortent toujours de l'Elysée et non du Quai d'Orsay, malgré l'arrivée, à la tête du département, d'Alain Juppé. Cette politique est néanmoins susceptible de créer des tensions et d'irriter les partenaires de Paris pas toujours d'accord avec les points de vue de la France. Mais il est confortant de constater que, malgré les dissensions apparues au Sommet européen de Bruxelles, la démarche française, soutenue par Londres, même si elle ne fait pas l'unanimité, n'est pas totalement rejetée. L'essentiel est que la menace de recours à la force reste brandie contre ce régime de Kadhafi. Cette option est tributaire de beaucoup de conditions, mais ceci est une autre paire de manche.