Le Temps-Agences - Le vent de révolte qui souffle sur le monde arabe conduit Barack Obama à rechercher un fragile équilibre entre pragmatisme et principes. L'opposition républicaine souligne, elle, l'indécision et la confusion de la politique étrangère du chef de la Maison Blanche. L'équation se révèle délicate pour le président américain: comment promouvoir les idéaux démocratiques au Moyen-Orient alors que Washington soutient de longue date des régimes autocratiques comme l'Arabie saoudite au nom d'intérêts stratégiques ou énergétiques ? "Je ne vois aucune doctrine Obama", juge Max Boot, un politologue conservateur américain. "Je ne vois qu'un président tenter de répondre désespérément aux événements face à la presse". Le président démocrate a exprimé son soutien aux défenseurs de la démocratie et des droits de l'Homme, qui ont conduit à la chute de Ben Ali et de Hosni Moubarak. Mais certains ont critiqué la lenteur de sa réaction face aux événements en Egypte et à la vague de contestation du pouvoir de Moubarak, allié clé de Washington dans la région. La chute du «raïs», le 11 février, a néanmoins changé la donne au Moyen-Orient et montré à l'Arabie Saoudite et aux autres pétromonarchies de la région que le soutien de Washington n'était pas nécessairement indéfectible. La politique étrangère de Barack Obama affiche une sensible différence avec celle de son prédécesseur, George Bush. Contrairement à l'ancienne administration républicaine, l'actuel locataire de la Maison blanche refuse le rôle de va-t-en-guerre et cherche le soutien d'autres pays, ce qui freine la prise de décision, comme lors de la crise en Libye. "C'est un changement important de la politique étrangère américaine", reconnaît Anthony Cordesman, du Centre d'études stratégiques et internationales. Les républicains, qui aiguisent leurs couteaux avant la campagne présidentielle de 2012, ont trouvé dans l'intervention en Libye un nouvel angle d'attaque. Jusqu'à présent, les critiques de l'opposition américaine se focalisaient sur la politique économique d'Obama et sur la hausse du chômage. Après les interventions militaires en Irak et en Afghanistan, les Etats-Unis se retrouvent les armes à la main dans un troisième pays musulman avec le risque d'accréditer la thèse du "choc des civilisations" entre l'occident chrétien et le monde musulman. Une intervention moins tardive en Libye aurait donné aux rebelles "une possibilité pour renverser" le dirigeant libyen, estime Tim Pawlenty, ancien gouverneur du Minnesota et autre candidat potentiel à la Maison blanche en 2012. Surtout, les républicains critiquent le motif trouble de l'intervention en Libye. Barack Obama a déclaré que "Kadhafi doit partir", or, font-ils remarquer, la résolution de l'Onu indique que l'intervention est destinée exclusivement à mettre en place une zone d'exclusion aérienne et à protéger les populations civiles.