«Je pense essentiellement à l'économie tunisienne qui doit se remettre rapidement en marche » Beaucoup de compagnies aériennes intensifient leurs campagnes promotionnelles sur la Tunisie depuis quelques semaines. Le transporteur allemand Lufthansa s'y met lui aussi par ses offres moyennant un réseau s'étendant sur la majorité des pays européens. Les offres du transporteur, sa prédisposition à propulser à l'avant le tourisme en Tunisie ainsi que les particularités des offres de la compagnie allemande, ont été au centre d'un entretien que nous avons eu avec Werner Kellerhals, Directeur de la région Afrique du Nord, Malta et le Sénégal au sein de Lufthansa. Interview… Le Temps : comment la distribution géographique de votre activité sur le continent africain, vous permet-elle de segmenter votre activité notamment sur l'Afrique du Nord ? Quels sont vos plans d'avenir pour cette région ? Werner Kellerhals : nous avons une direction générale Afrique de l'Ouest, basée à Lagos au Nigéria qui couvre toute la région de l'Afrique de l'Ouest jusqu'au Sénégal, et puis nous avons une direction en Afrique du Sud et qui enveloppe, elle, une région qui comprend même le Kenya. Au Nord, nous avons une direction au Caire qui couvre l'Afrique de l'Est, du Soudan jusqu'en Ethiopie. Pour le reste, nous avons cette direction de l'Afrique du Nord qui intègre même Malte. Pourquoi Malte ? Je pense qu'historiquement parlant, quand il y avait l'embargo sur la Libye, notre activité sur ce pays s'était arrêtée pendant une période importante. Pour nous, Malte avoisine la Libye par la Méditerranée, ce qui nous a permis de rendre cette île une plateforme pour la Libye, qui est à nos yeux un important marché. Pour le reste, nous avons une direction pour les pays francophones, qui couvre aussi le Sénégal. Comme mentionné, la direction de cette région, engerbe notre activité dans les pays du Maghreb, ainsi que Malte et le Sénégal. Pour le reste, on n'a pas encore de vols et nous développons cette activité au fur et à mesure que la demande augmente. Qu'en est-il de votre activité en Tunisie ? Avant le 14 janvier, nous avions deux vols par jour. Aujourd'hui, nous nous sommes adaptés, et puisque la demande a baissé, nous nous contentons d'un vol par jour. L'activité s'est réduite, mais nous n'avons jamais arrêté nos vols. Mais il y a eu une baisse quand même ! C'est vrai, mais nous nous sommes adaptés. Nous avons des vols de nuit qui n'ont pas pu être opérés quand il y avait le couvre-feu, alors nous nous sommes concentrés sur le vol du jour. Aujourd'hui, nous avons repris avec les deux vols (jour et nuit) qui assurent des correspondances optimales avec notre plaque tournante à Frankfurt. Vous venez de lancer des promotions sur la Tunisie, dans quels objectifs ? Depuis la révolution, nous avons lancé régulièrement des promotions, l'objectif étant de stimuler les ventes. Mais je pense essentiellement à l'économie qui doit se remettre en marche avec une vitesse normale. L'objectif est surtout de reprendre le même rythme de voyage qui existait avant le 14 janvier. Votre activité en amont est bien celle d'assurer les connexions avec les autres destinations, mais qu'en est-il de votre activité en aval ? Que pourrait Lufthansa faire pour stimuler un tant soi peu l'activité touristique vers la Tunisie ? Nous sommes plutôt une compagnie qui cible le trafic affaires. C'est clair que nous ne sommes pas une compagnie charter. Néanmoins, nous essayons de stimuler le tourisme, nous avons des discussions permanentes avec les Tours- Opérateurs allemands afin qu'ils reprennent la Tunisie comme destination, ce qui est le cas. Où vous en êtes arrivés avec les TO ? Ils sont en train de revoir le trafic de l'été. Actuellement c'est trop tard pour les vacances des Pâques, puisque les gens font leur réservation depuis le mois de janvier pour ces vacances. Quand les clients avaient vu la Révolution, beaucoup ont renoncé à venir en Tunisie. On peut voir que dans les hôtels et dans les stations balnéaires, que c'est encore assez calme. Mais on espère vraiment une reprise cet été. Quelles sont les offres que vous lancez à Lufthansa pour stimuler une certaine activité ? On lance des offres à partir de l'Allemagne avec les TO. On les négocie ensemble et nous avons fait de bons prix. De bons prix à partir de l'Allemagne ou à partir d'autres destinations ? A partir de l'Allemagne essentiellement, comme nous avons des promotions pour les touristes venant en Tunisie, mais c'est quelque chose que nous faisons régulièrement. Il s'agit de différentes destinations. Actuellement, nous voulons profiter encore plus, alors nous passons au-delà des promotions simples. Mais tout cela et par rapport à ce que font d'autres compagnies aériennes, notamment des pays du Golfe, l'offre de Lufthansa manque toujours de « piments », puisqu'il s'agit d'offres qui manquent d'innovation et d'ingéniosité ! Nous avons des offres parfois intéressantes, notamment vers l'Europe et vers les Etats Unis ainsi que sur d'autres destinations telles que le Moyen Orient. Nous ne cherchons pas d'injecter des aspects culturels dans nos offres, puisque nous nous concentrons certes sur les affaires, mais lorsque nous voyons du trafic sur certaines destinations on y va. Le trafic des Etats Unis, le trafic sur l'Europe notamment du Nord et de l'Est, ceci nous intéresse et nous y intensifions notre activité. Vous vous concentrez sur une gamme de clientèle « affaires » qui reste toujours minoritaire, car à partir de vos prix et de vos offres, on voit très bien que cela ne s'adresse pas au grand public ? Je ne suis pas tout à fait d'accord. C'est vrai que nous ciblons les hommes d'affaires, mais aussi le public, notamment avec des promotions et des tarifs moins chers comparés avec nos concurrents européens. Propos recueillis par Haykel TLILI