L'économie tunisienne traverse actuellement une passe délicate qui exige des efforts urgents de relance et des initiatives appropriées. La promotion de l'emploi revêt dans cette perspective un caractère plus que jamais impératif, dans un pays où plus de sept cent mille citoyens sont au chômage, sans tenir compte des milliers de personnes vivant dans la précarité. Nombre d'initiatives et de mesures d'urgence visant à impulser le redressement de l'économie et à créer par conséquent des emplois permanents sont en cours de mise en œuvre. Il y a lieu de citer à ce propos, entre autres, les mesures destinées à améliorer la micro finance, le développement des Sicars et la création de pôles bancaires dans les régions. Il n'en demeure pas moins que la contribution et l'implication de tous les secteurs dans cet effort de relance fourni par les instances officielles, est plus que souhaitable. Dans ce cadre, plusieurs idées nouvelles ou novatrices, du moins au niveau de notre pays, sont à creuser, parmi lesquelles, la proposition faite par le Ministre des Finances aux responsables des entreprises d'assurances et de réassurances tunisiennes de « réfléchir sur les modalités de la mise en place de la micro assurance, destinée aux ménages à faibles revenus à l'image des expériences des autres pays émergents. » Le lien étroit entre promotion de l'emploi et micro assurance n'est en fait plus à démontrer. En effet, le concept de micro assurance consiste en l'établissement « de contrats d'assurance adaptés aux besoins des très petites entreprises se trouvant en phase de démarrage de leur activité. Le but est de permettre aux micro-entrepreneurs qui démarrent leur activité de bénéficier d'un mode d'assurance adapté à leurs moyens et qui a l'avantage de les protéger contre les aléas et les risques auxquels pourrait s'exposer leur jeune entreprise. La micro-assurance se définit donc d'après les spécialistes comme étant « un mécanisme de protection des personnes à faibles revenus contre les risques (accident, maladie, décès dans la famille, catastrophe naturelle…) en échange du paiement de primes d'assurance adaptées à leurs besoins et niveaux de risque. Elle cible principalement les travailleurs à faibles revenus des pays en voie de développement, particulièrement ceux travaillant dans le secteur informel qui sont souvent mal desservis par les assureurs commerciaux et les système d'assurance sociale » En répondant à la demande de cette frange de promoteurs de micro projets, non seulement la micro assurance, pourrait stimuler la création de petites entreprises et étoffer le tissu économique, dans la mesure où elle encouragerait l'entrepreneuriat, mais de plus, elle contribue à assurer la pérennité des entreprises créées et par-là-même à créer des richesses. Pour les assureurs, l'intégration de la micro assurance dans leur gamme de produits est un moyen idoine pour développer leurs activités, étoffer leur portefeuille clients et préparer l'avenir, dans la mesure où l'expansion d'une micro entreprise exigerait forcément leur souscription à une assurance classique, plus coûteuse. Sans être nouveau, puisqu'il a fait déjà l'objet de nombreux travaux dont ceux de l'économiste bangladais Mohamed Younes, le concept de micro assurance est un concept auquel s'intéressent toujours de nombreux chercheurs, soucieux de l'enrichir davantage et de l'adapter aux contextes locaux, voire même aux conjonctures nationales. En Tunisie, il fait l'objet des travaux de recherche de l'assureur Saber Amri dont l'idée « fondée, dit-il, sur la collecte de données sur le marché africain et nord-africain de la micro-assurance, se résume autour de la mise en place d'une institution de micro-assurance tout en créant un mécanisme dit TPE « Ticket Pour l'Emploi », qui sert à en alimenter le fonds, tout en favorisant l'octroi d'une série de microcrédits pour le maintien d'une population cible, destinés aux ménages à faibles revenus, ce qui va participer à faire augmenter le taux de pénétration en matière d'assurance dans le PIB. » L'idée est d'autant plus d'actualité que, souligne-t-il « dans le cadre de cette phase transitoire que vit notre nouvelle Tunisie, il est primordial que les compagnies d'assurances s'orientent vers une dimension sociale dans un cadre de maintien des populations à faibles revenus et de développement de la notion de l'épargne. A travers cette institution de micro-assurance cette population cible aura la possibilité de bénéficier d'un système de couverture en matière d'assurance afin de garantir l'assurance des microcrédits. Cette nouvelle idée consiste à faire le passage à moyen terme de secteur informel au secteur formel» D'autre part, ce mécanisme permettra, poursuit-il, de « développer la notion d'épargne auprès des ménages » tout en étant « un axe stratégique de développement pour les assureurs favorisant la recherche d'une responsabilité sociale et l'atteinte de nouveaux marchés »