Le chef incontesté, le symbole du courant « djihadiste », Ben Laden, vient d'être liquidé à bout portant, parait-il, par un petit commando américain non loin d'Islamabad. « L'événement» est de taille et ses significations et ses conséquences sont aussi de la plus grande importance. Après tant d'années, de « djihad » afghan contre les Soviétiques et pour le compte des Américains (avec financement et appui saoudiens), Ben Laden, change de camp, depuis l'invasion du Koweït par Saddam Hussein, en 1990, pour dénoncer la présence des croisés en terre sainte de l'Islam et taxant son propre pays, l'Arabie Saoudite, de complicité. Ainsi, s'est ouvert une nouvelle page du parcours de ce charismatique chef qui créa le réseau Al-Qaïda, dont on attribuait notamment les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie et le destroyer américain l'US Cole au golfe d'Aden. Ainsi, le cheikh, en bon salafiste djihadiste, devient un « danger planétaire » pour Washington surtout que son réseau se transforme en une sorte de « multinationale djihadiste » qui s'est ramifié dans plusieurs régions du monde sans qu'il y est forcément un commandement opérationnel. Il s'agit de groupuscules qui prônent la violence et font allégeance à distance à Ben Laden, devenu un symbole et un guide plutôt qu'un chef opérationnel. Mais l'évènement qui va marquer les esprits est sans conteste les attentats du 11 septembre qui vont servir d'alibi pour envahir deux pays : l'Afghanistan et l'Irak. Depuis, beaucoup d'encre a coulé sur l'implication de Ben Laden dans ces attentats. Et ce qui a poussé experts et analystes à verser dans la « théorie du complot », c'est l'absence d'aucune action américaine pour traquer Ben Laden. D'ailleurs, son réseau a continué son action en perpétuant des attentats un peu partout dans le monde : à Casa, à Djerba, à Londres, à Madrid… Il y a lieu de rappeler que ces attentats et autres ont été à chaque fois « récupérés » pour faire ingérence dans les affaires internes des pays, pour créer des bases militaires, et autres actions au nom de la guerre contre le terrorisme », devenu, d'ailleurs, l'obsession des Américains sous Bush comme sous Obama. Opération inattendue, la liquidation de Ben Laden suscite beaucoup d'interrogations notamment par son timing. Est-on revenu à la conviction que l'action de ce réseau et les prétextes qu'elle pouvait offrir pour légitimer telle ou telle intervention n'a plus sa raison d'être ? Les révolutions du « printemps arabe » ne sont-elles le résultat de l'émergence d'une autre force, celle de la jeunesse de l'ère du facebook. Pour intervenir en Libye, l'OTAN n'a pas eu besoin d'invoquer la menace terroriste. Une autre intervention en Syrie par exemple, reste possible sans qu'Al Qaïda n'aurait droit de cité. Il semble que cette nébuleuse, qui a largement échoué à opérer un quelconque changement dans la région arabo-musulmane, a « perdu de son utilité » aux yeux de l'administration américaine. Si l'on pousse davantage dans la théorie du complot (qui a tout de même, ses adeptes), on peut admettre que c'est facebook qui a remplacé l'impact des attentats et que c'est son fondateur, Marc Zuckerberg, qui a « tué » Ben Laden.