Définition d'un clown : Personnage maquillé, qui dans les cirques, exécute des numéros comiques, accompagnés de jongleries et d'acrobaties. Depuis la fuite du parrain des parrains Don ZABA, et suite à une forte poussée hormonale probablement physiologique, notre paysage médiatique s'est enrichi de grandioses prestations audiovisuelles, ou certains clowns, nouvellement déclarés experts en politique de caniveau et en démagogie, ont entamé une entreprise de décervelage national. Ces bouffons, fort amoureux de leur pays, la Tunisie, ex porte-paroles, préposés à la langue de bois, se servant avec dextérité du vitriol et de la dynamite, ont, malgré eux, atteint les bas-fonds de l'inconscience humaine, mais ils continuent quand même à creuser. La plupart des débats sont délirants, hallucinants, révoltants, tristes et sinistres. On assiste impuissant et médusé à ce cauchemar et à cette descente aux enfers. Pauvre de nous !… Sous des airs civilisés, des politicards et je ne sais qui, l'estomac avantageux et à la majesté carnassière, avec un regard coupant mais assorti d'un sourire mielleux, et avec une élégance rare, vous assassinent un homme d'Etat le plus proprement du monde, d'un adjectif ou d'une phrase. Pan, Pan et Pan !… Les idées sont courtes et farfelues. Les mots sans portés et vides de sens et l'invité est copieusement brocardé, insulté et vilipendé. Aucun doute, ces messieurs souffrent d'une maladie assez facile à diagnostiquer : c'est des usurpateurs. Portés à bout de bras par des « anima-tueurs » inconscients, ces « patriotes », très fort en politicaillerie, prennent les Tunisiens pour des adolescents boutonneux, immatures et irresponsables. La logorrhée est interminable, les phrases autistes et les réflexions confuses lancées sont comme le jet de fiel d'une bile malade… Avec ces poètes obscurs, toute observation passe pour outrage, toute critique pour blasphème et toute remarque intelligente pour complot du diable. Tout un programme… Avec ces survitaminés, choisis très probablement pour leurs anomalies et leurs insuffisances, les commentaires sont graveleux, acides, oiseux et surtout inutilement longs. Ali Ibn Abi Taleb disait : est perdu celui qui ne se connaît pas à sa juste valeur. Suite au scandale du match de football à Bizerte, l'un de ces farceurs a justifié ces dépassements par le fait que ces voyous avait gros sur le cœur et qu'il fallait presque les excuser. Un autre non moins illuminé a demandé à ce que les ministres ne portent plus de cravates, il voudrait peut-être des ministres tendance "paréo, plage et coquillages »… Un autre encore, plus royaliste que le Roi, a demandé à ce qu'on libère immédiatement - oui vraiment !! - immédiatement un ancien sportif purgeant une peine de prison suite à son implication dans un trafic de drogue, arguant du fait qu'il a suffisamment payé jusqu'à présent…Et j'en passe… Nous ne sommes plus dans l'éthique politique, mais dans l'esthétique des jeux de cirque : équilibrisme, clownerie, jonglerie, esquimaux à l'entracte, acrobatie et enfin applaudissements. Pauvre "politique" confiée malgré elle aux effroyables escortes de l'imposture… Plus de trois mois sont passés, les pitreries et le méli-mélo sont de plus en plus magistraux et formidables. Les cafouillis et les critiques malveillantes et déraisonnables, ont trouvé leurs sources dans les infections purulentes et passionnelles de l'esprit. Vit-on jamais, en effet, autant d'hommes se tromper avec autant de mérite et de rigueur ? Quel talent ! Quelle souplesse ! Ces clowns caoutchouc sont capables de réaliser le grand écart entre leurs impératifs contradictoires, entre les obligations du présent et les exigences du futur, entre tout et son contraire…. Et sans s'infliger de déchirure musculaire… Ces chefs de rayons « farces et attrapes » sont parfois accompagnés d'une clownesse, dont le visage poupin, le teint fleuri, la mine de chanoinesse, le rire homérique et la voix d'opérette sont trahis par la haine et la bile qui lui coulent des lèvres. Elle parle si vite qu'il lui arrive de dire le contraire de ce qu'elle pense et surtout elle ne cesse de lancer des idées géniales comme un poisson rouge des bulles… Notre pays est à l'agonie et ces facétieux ne font que bouffonner. Le réel ne nous parvient plus qu'assourdi et aseptisé et le cerveau le mieux organisé ne pourrait résister à cette indigestion d'analyses tortueuses traduisant une formidable mauvaise foi et une exceptionnelle inculture. Il ne nous reste plus qu'a regarder…. En se bouchant le nez…. Inutiles d'êtres pourvus de longues oreilles et d'avoir une cervelle de mammouth pour deviner que ce genre humain glorifie le vagabondage et le médiocre et éprouve une sadique jubilation à voir l'océan de bêtises dans lequel barbotent ces émissions, annoncées pourtant à son de trompes. Ces ricaneurs incompétents, dépassés par la taille de leur costume, exécuteurs d'œuvre inhumaine, devraient cesser de ricaner… Que voulez-vous ? Leur brutale « célébrité » leur a mis un hérisson dans l'estomac. Un hérisson ça n'aide ni à réfléchir ni à s'ouvrir... Ces comiques qui s'ignorent ajoutent au désastre économique le déshonneur national…… « Triste chose qu'un lion qui aboie »… Aujourd'hui, c'est tout notre système économique qui est menacé de voir s'inscrire sur son fronton cette épitaphe « Ci-git le modèle tunisien ». Sur les plateaux, on continue à s'y précipiter, la mine épanouie, le verbe haut. On s'y bouscule frénétiquement et on s'amuse. A ce jeu de la bousculade sans y avoir l'air, on repère vite les champions qui font de la télévision comme d'autres pratiquent l'exercice illégal de la médecine : Avec bonheur. Cette gracieuse médiocratie doit faire frémir dans leur tombeau, les Abdelaziz Thâalbi, les Habib Bourguiba et les Abou El Kacem Chebbi… Le Titanic politico-journalistique colonisé par ces petits marquis, formidables cabotins à la talentueuse inexistence, brasseurs de formules lapidaires et au funeste destin, ne devrait avoir aucun avenir dans notre pays. De grâce arrêtons de regarder agir ces polichinelles avec des lunettes déformantes et de prendre des mesures cosmétiques à pas de chats, faisons cesser cette tragi-comédie bouffonne ! Chers messieurs, J'aimerais vivre dans une Tunisie prospère, attractive, rayonnante, dynamique, riche et ouverte sur le monde. J'aimerais vivre dans une Tunisie qui fait envie et non pas qui fait pitié.