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Mais ils craignent une nouvelle forme de dictature!
La fin de l'individualisme ? - Les jeunes se tendent la main…
Publié dans Le Temps le 17 - 05 - 2011

La révolution a libéré des énergies nouvelles, avec notamment un nombre impressionnant de jeunes qui s'engagent dans tous les secteurs de la vie citoyenne, qui font du bénévolat, qui adhèrent à des partis politiques, qui participent à des collectes ou qui vont sur les terrains les plus dangereux, comme la zone de conflit sur la frontière libyenne.
Nous sommes allés à leur rencontre afin de connaître leurs motivations et de découvrir les raisons qui les poussent à s'engager, après une longue période d'indifférence…
Transformation totale
Sous une tente judicieusement installée à quelques pas d'une grande surface dans une petite ville du nord, Sami, étudiant en droit, tente de sensibiliser ses concitoyens à la cause qu'il défend. Une situation nouvelle pour lui qu'il explique en ces termes : « il y a quelques mois, je n'aurais même pas levé le petit doigt pour participer à une action de collecte, aujourd'hui je suis engagé corps et âme aux côtés de nos frères libyens… »
Un sentiment nouveau né après une longue période de dictature où, selon un sociologue, « les liens sociaux se sont dégradés, avec une attitude dominante faite d'indifférence, voire d'agressivité. Il semble que la période du chacun pour soi est en voie de disparition, surtout lorsqu'on voit le nombre de personnes qui s'engagent de diverses façons pour servir le pays. »
Les amis de Sami sont d'ailleurs étonnés par son intérêt nouveau à la politique dans son acception globale et ils l'encouragent dans ce sens. Quant à ses parents, ils sont très fiers de lui, au point que sa mère en parle en ces termes : « avant il était renfermé et détestait la société où il vivait. Depuis la Révolution, son caractère s'est transformé et il s'est engagé corps et âme pour apporter son aide à tous ceux qui souffrent. »
A la découverte de la politique
Olfa est une jeune fille de 24 ans qui est née avec l'arrivée au pouvoir du président déchu et qui ne s'est jamais intéressée à la politique, « réservée à l'époque aux seuls militants du parti au pouvoir et que je ne supportais pas », annonce-t-elle. Ce sont les événements du mois de janvier 2011 et surtout les images publiées sur Facebook au moment de la Révolution qui lui ont fait découvrir ce monde qu'elle trouve aujourd'hui « fascinant ».
Depuis quelques mois, elle participe avec plusieurs groupes qui contribuent à la préservation des idéaux de cette Révolution, « car j'ai peur qu'elle ne soit récupérée par les extrémistes de tous bords ou par l'ancien parti au pouvoir qui n'est pas mort, malgré son interdiction… » Travaillant dans le domaine de la gestion et des finances, elle se prive de loisirs pour participer le plus souvent possible aux réunions.
Un combat qu'elle prend très au sérieux et qui a transformé sa personnalité et même sa vie amoureuse ! Elle a laissé tomber son ancien petit ami jugé « trop mou et qui ne s'intéressait qu'à la musique et au sport » pour se fiancer avec un militant qu'elle a connu lors des réunions de son groupe de préservation des idéaux de la révolution. « J'ai besoin de vivre avec quelqu'un qui vibre au rythme de son pays, pas aux sonorités de la musique techno, avec en plus un courant d'air dans la tête. »
Comme quoi, l'amour est aveugle et la Révolution lui rend la vue…
Ne pas glisser dans l'indifférence
Mohamed Ali, un médecin de 34 ans, a décidé de partir dans le sud tunisien pour apporter son aide aux victimes qui viennent de l'autre côté de la frontière libyenne. Une démarche qui s'est imposée à lui au vu des images diffusées par les télévisions satellitaires arabes et les appels au secours de la population, souvent des familles démunies. « C'était devenu une évidence pour moi, une nécessité. J'ai laissé tomber mon stage et je suis parti pour tenter de soulager ces hommes, femmes et enfants que je voyais effrayés et hagards à la télé. »
Mais s'engager n'est pas toujours aisé, car dans certains cas, les choses ne se passent pas exactement comme on l'imaginait… « Les rapports sociaux ont en effet évolué vers une certaine agressivité verbale et même physique avec quelques prises de bec épiques lors de certains débats et des chaises qui volent dans tous les sens », affirme notre sociologue.
Salem, lui, n'est pas médecin, mais un simple artisan qui a voulu participer au débat démocratique. Son intérêt s'est porté sur l'univers du débat politique libre. Du moins le croyait-il au début. Mais il est devenu une victime lorsqu'il a voulu expliquer sa vision de la Tunisie de demain à des extrémistes religieux qui n'étaient pas prédisposés au dialogue, qui étaient peu habitués aux débats contradictoires.
Il se souvient : « j'avais à peine commencé à exposer ma vision des choses lorsqu'une bande de jeunes a commencé à me traiter de mécréant, moi qui pratique la prière depuis l'âge de 17 ans ! J'étais en état de choc et je n'arrivais plus à articuler. L'un d'eux en a profité pour prendre la parole et reproduire un discours qu'il semblait avoir appris par cœur, tant le flot était limpide… »
Depuis, notre candidat au débat contradictoire est devenu plus prudent et il ne prend plus la parole s'il n'est pas sûr de l'auditoire. Une situation qu'il vit mal : « nous n'avons pas fait la Révolution pour tomber dans une autre forme de dictature, il faut que toutes les opinions puissent s'exprimer librement, sinon il va y avoir une guerre civile. »
Le problème principal qui se pose aux jeunes Tunisiens qui tentent de s'engager dans les actions civiques, c'est la dégradation des liens sociaux, celle que l'on constate entre les administrés et les administrations, due entre autres au contexte social tendu et à l'impatience de certains qui ne voient rien venir, malgré le temps qui passe... Une situation qui alimente la colère et le sentiment d'injustice du citoyen.
La parole a été libérée et la majorité de nos concitoyens en profitent pour transformer nos rues en forums improvisés, où n'importe qui dit à peu près n'importe quoi. Une profusion de discours qui continue dans les médias, où on découvre que la Tunisie déborde de spécialistes de tous bords et dans tous les domaines, qui savent faire des discours savants sur les thèmes les plus divers, les plus inattendus…
Un retour à davantage d'écoute et de respect dans nos relations aux autres doit donc devenir une priorité pour mieux vivre ensemble et prévenir une dégradation des relations sociales. Car les sociétés humaines ont ceci de particulier qu'elles sont interdépendantes et vulnérables. Il suffit de mieux s'écouter les uns et autres et de se respecter pour bien vivre ensemble.


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