Le Temps-Agences - Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a été inculpé dimanche d'agression sexuelle et de tentative de viol, quelques heures après son arrestation à l'aéroport JFK de New York. Surnommé «DSK», le candidat socialiste préféré par les sondages pour la présidentielle française de 2012, âgé de 62 ans, est détenu depuis samedi après-midi après avoir été débarqué d'un vol Air France à destination de Paris quelques minutes avant son décollage. Selon des sources policières, M. Strauss-Kahn aurait quitté précipitamment l'hôtel Sofitel où il était descendu, en abandonnant son téléphone portable et ses effets personnels. Une femme de ménage a raconté à la police avoir été agressée par le directeur du FMI alors qu'il sortait nu de la salle bain. Selon le New York Times, «il était 16h45 (19H45 HT) quand des enquêteurs en civil de l'Autorité des ports de New York et du New Jersey ont soudainement embarqué à bord du vol Air France 23 (...) et emmené M. Strauss-Kahn en garde à vue», a déclaré John Kelly, porte-parole de l'Autorité. «Cela s'est passé 10 minutes avant le départ prévu du vol», selon le porte-parole cité par le journal. Les agents de l'Autorité agissaient sur la base d'une information de la police de New York qui enquêtait «sur une brutale agression d'une employée de l'hôtel Sofitel New York», situé au 45 West 44th Street, selon la même source. M. Strauss-Kahn avait prévu une visite dimanche à Berlin et devait être reçu par la chancelière Angela Merkel. Il devait participer hier à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles, puis prononcer un discours demain au 12e Forum économique de Bruxelles, un événement organisé par la Commission européenne.
Pas de caution, il a dormi en prison Le Temps-Agences - Une juge new-yorkaise a ordonné l'incarcération de Dominique Strauss-Kahn et refusé de le libérer moyennant une caution d'un million de dollars, deux jours après son arrestation dans une affaire de crime sexuel contre une femme de chambre dans un hôtel de Manhattan. La juge Melissa Jackson a évoqué un risque de fuite du patron du Fonds monétaire international, arrêté samedi à bord d'un avion d'Air France qui s'apprêtait à quitter l'aéroport Kennedy de New York. La défense de l'ancien ministre avait auparavant offert une caution d'un million de dollars pour obtenir la mise en liberté provisoire de «DSK», qui aurait également remis son passeport à la justice. M. Strauss-Kahn se serait également engagé à résider à New York chez sa fille, ont proposé ses avocats. Un des avocats de DSK, Benjamin Brafman, s'est dit «déçu par la décision du tribunal», mais «la bataille ne fait que commencer», a-t-il déclaré aux journalistes. La prochaine audience a été fixée au 20 mai. Le directeur général du FMI était entré, les traits tirés, dans la salle d'audience du tribunal pénal de Centre Street, dans le sud de Manhattan, où se succèdent généralement les comparutions en flagrant délit de petits ou grands délinquants. Il est ensuite ressorti de la salle d'audience pendant plus de trois quarts d'heure au cours desquels il a été pris en photo. Des dizaines de journalistes et des badauds se pressaient à l'extérieur et à l'intérieur du tribunal. M. Strauss-Kahn est inculpé d'acte sexuel criminel, de tentative de viol et de séquestration, suite aux accusations d'une femme de chambre de 32 ans, employée dans un hôtel Sofitel de New York. L'affaire a ébranlé la classe politique française à un an de la présidentielle, pour laquelle DSK faisait figure de favori. Elle a également plongé dans l'incertitude le FMI au moment où l'institution doit piloter la réponse à la crise de la dette dans plusieurs pays européens.
L'Elysée s'évapore En juillet 2007, Jean Quatremer, correspondant de «Libération» à Bruxelles, est le seul et le premier journaliste à évoquer sur son blog «le seul vrai problème de Strauss-Kahn», son «rapport aux femmes». Il a répondu aux questions suivantes : - Est-il possible, selon vous, que DSK ait été victime d'une tentative (plutôt réussie) de déstabilisation afin d'empêcher l'Europe de trouver une solution à la crise qui la touche. Les Etats-Unis n'avaient-ils pas un peu intérêt à cela? J'aime beaucoup les théories du complot, et je peux vous révéler sur ce site que je tiens de sources sûres que Ben Laden vit sur une île du Pacifique, en compagnie d'Elvis Presley et Michael Jackson! On peut tout imaginer. Mais, pour l'instant, il y a des faits –son passé ne plaide pas en sa faveur– et des accusations qui doivent encore être prouvées. - Qu'est-ce-que le citoyen ignore, qui vous a permis d'émettre des réserves dès 2007, sur le comportement de DSK vis-à-vis des femmes? Ce que toute la planète médiatico-politique connaissait, comme la planète médiatico-politique connaissait la séparation de Ségolène Royal et de François Hollande en 2007, ou encore l'existence de Mazarine Pingeot, deux affaires prétendument privées. Ayant suivi DSK entre 1997 et 1999, comme ministre des Finances, j'ai pu assister à plusieurs reprises à son comportement à l'égard de certaines femmes qui m'a particulièrement choqué… - DSK a-t-il procédé à son suicide politique par un passage à l'acte programmé? Il est vrai que DSK a commis deux sorties de route en quelques jours. La première était liée à l'argent, lorsqu'on l'a vu embarquer à bord d'une Porsche Panamera, ce qui a permis de rappeler son immense fortune. Cette fois, il s'agit d'une affaire liée au sexe qui, certes, doit être encore prouvée, mais qui rappelle furieusement le droit de cuissage qu'exerçaient les nobles avant la Révolution française. Tout cela fait furieusement Ancien Régime. Argent et sexe en l'espace de dix jours, un cocktail explosif pour n'importe quel homme politique. Je vois mal DSK s'en remettre. - DSK, un Berlusconi à la française ? DSK ne sera jamais président de la République française. D'après Libération
Le Parti socialiste en mode de «gestion de crise» Le Temps-Agences - Le parti socialiste (PS) maintient son calendrier pour la primaire et serre les rangs autour de Martine Aubry mais l'émotion reste forte après les images de DSK menotté. Au siège du parti, rue Solférino, les grilles ouvertes et l'affluence des jours exceptionnels. Des mauvais jours même. Toujours groggy après l'éclatement de l'affaire Strauss-Kahn, le PS tente de se mettre en mode «gestion de crise»: on avance le Bureau national d'aujourd'hui à midi, pour permettre à Martine Aubry de piloter la réunion tout en maintenant son agenda, un déplacement prévu à Bordeaux, et on garde le cap: la primaire socialiste aura bien lieu aux dates prévues. Avec ou sans lui… Eviter maintenant que l'onde de choc new-yorkaise n'entraîne la chute de la maison socialiste. Le PS refuse d'envoyer valdinguer sa feuille de route en vue de 2012: «Le PS, s'il se sent évidemment concerné au premier chef par la situation, reste concentré sur la réponse qu'il doit donner aux Français», son objectif «reste intact: battre Sarkozy», reprend Benoît Hamon. Qui veut des rangs serrés autour d'Aubry: «Il est logique que la première secrétaire du PS, face à une nouvelle comme celle-ci, réunisse le bureau national (...) C'est normal et on a besoin dans un moment de
Marine Le Pen surfe sur l'affaire Jérome Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l'Ifop envisage les répercussions de l'affaire DSK sur la stratégie de Marine Le Pen. Par Estelle Gross Marine Le Pen va-t-elle surfer sur l'affaire DSK ? - Elle a déjà commencé à le faire. Il faut attendre la fin des investigations. Si les charges, qui sont très lourdes, sont avérées, on entre dans une autre configuration. Dimanche, Marine Le Pen, alors que tout le monde se montrait prudent, a tiré à boulets rouges. Elle a pointé une connivence et une omerta politico-médiatique qui depuis plusieurs années a gardé le secret, dénonçant «tous ceux qui savaient et n'ont rien dit.»… Quel écho peut avoir son discours dans l'opinion publique ? - Cet écho ne sera pas forcement massif. Elle entretient son positionnement de rupture et sa dénonciation du système. Cela renforce son image de «celle qui dit tout haut ce que pensent les autres tout bas» auprès de ceux qui sont déjà bienveillants vis-à-vis d'elle. Ca peut convaincre ceux qui hésitaient. Et 2012 ? - Marine Le Pen perd un adversaire idéal en termes de symbole mais gagne une tribune médiatique pour les semaines qui arrivent.
Les frasques sexuelles des hommes politiques - En 1998, le mandat de Bill Clinton est empoisonné par l'affaire Monica Lewinsky. Accusé d'avoir eu des rapports sexuels avec la stagiaire, le président américain nie. Des preuves le contredisent. Une procédure d'impeachment lancée par le procureur Kenneth Starr menace un temps Bill Clinton de destitution. - Silvio Berlusconi plonge dans le scandale du «Rubygate» en 2010. Le Cavaliere est accusé d'avoir eu des relations sexuelles tarifées avec «Ruby», une Marocaine de 17 ans. - En 2007, des accusations d'agression sexuelle sur une ancienne employée poussent le président israélien Moshe Katsav vers la sortie. Il est reconnu coupable de viol en 2010. - Après la révélation de ses fréquentations avec des call-girls de luxe, Eliot Spitzer annonce en 2008 sa démission du poste de gouverneur de l'Etat de New York, sous les yeux de sa femme Silda Wall. - En 2007, le sénateur républicain Larry Craig est condamné pour avoir recherché un rapport sexuel avec un policier en civil dans les toilettes d'un aéroport. - Accusé de népotisme pour avoir eu des relations sexuelles avec une employée, le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz doit démissionner en 2007 - Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud depuis 2009, a été accusé du viol d'une femme séropositive en 2005, avant d'être finalement acquitté. - En 2007, la révélation de sa liaison avec une cinéaste ruine les chances de John Edwards de devenir colistier de Barack Obama.