Appels à «Vendredi de la liberté» - Le Temps-Agences - La Syrie a rejeté avec force hier les sanctions imposées par les Etats-Unis au président Bachar al-Assad, sommé par Washington de partir ou d'appliquer de véritables réformes, à la veille d'une nouvelle journée de manifestations prévues à l'appel de militants hostiles au régime. Parallèlement, la journaliste américano-canado-iranienne de la télévision Al-Jazira, Dorothy Parvez, a dit avoir entendu «des bruits de tortures sauvages» infligées à des détenus dans la prison syrienne où elle a été détenue fin avril, avant son transfert en Iran et sa libération mardi. Sur le terrain, les forces de sécurité et l'armée continuaient d'assiéger ou d'intervenir dans plusieurs foyers de la contestation contre le régime, dont Homs (centre), Banias (nord-ouest), Deraa (sud) et Tall Kalakh (ouest), où huit civils ont été tués mercredi. Malgré la répression et la traque des opposants, la page Facebook de «Syrian Revolution 2011», moteur du mouvement de contestation, a appelé à des manifestations «pour la liberté» et l'unité nationale. «Le Vendredi de la Liberté, Azadi (mot signifiant liberté en kurde)», écrivent les militants en appelant à des manifestations à travers le pays, y compris dans les villes kurdes du Nord. Pour les autorités syriennes, les sanctions américaines imposées mercredi à M. Assad et six de ses proches collaborateurs n'influeront pas sur les décisions du régime et visent «en premier lieu à servir les intérêts d'Israël». Cherchant à stopper la répression du mouvement de contestation qui a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts selon des ONG et l'ONU, et entraîné plus de 8.000 arrestations, les Etats-Unis ont décidé mercredi d'imposer pour la première fois des sanctions à M. Assad. C'est «une mesure décisive pour accroître la pression sur le gouvernement afin qu'il cesse la violence contre son peuple et entame la transition vers un système démocratique. Assad doit diriger une transition politique ou partir», a expliqué un communiqué de la diplomatie et du département du Trésor américains. Un éventuel départ de M. Assad «est une décision revenant au bout du compte au peuple syrien», a précisé le communiqué. Parmi les responsables visés par un gel de leurs biens aux Etats-Unis se trouvent le vice-président Farouk al-Chareh, ainsi que les ministres de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Chaar, de la Défense Ali Habib Mahmoud et le chef des renseignements militaires, Abdel Fattah Qoudsiya. Les mesures américaines touchent aussi deux chefs des Gardiens de la Révolution, force d'élite du régime iranien, pour leur rôle présumé dans la répression en Syrie. Le 29 avril, Washington avait imposé une première série de sanctions contre plusieurs responsables du régime, dont le frère cadet du président, Maher al-Assad. La France, qui cherche à faire adopter à l'ONU un texte condamnant la Syrie, a dénoncé l'aggravation de la répression contre la population civile et exhorté les dirigeants syriens à des réformes. «La répression s'aggrave en Syrie tandis que s'accumulent les informations sur l'existence de fosses communes et les témoignages de torture», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. Depuis le début des violences, les autorités syriennes attribuent les troubles à des «groupes criminels ou terroristes», dont certains liés à l'étranger. Les médias étrangers sont interdits de se déplacer librement en Syrie, où les autorités imposent un black-out sur les troubles.