Smaïn, l' humoriste français était de passage à Sousse pour nous présenter son dernier one-man-show. Depuis 24 ans, il enchaîne les spectacles et les succès. Cet acteur algérien de Constantine s'essaie à la scène, et à l'humour en particulier, avec succès. Il a voulu se confier à notre journal juste après son spectacle. Le Temps : Vous fêtez vos 24 ans de carrière. Quels sont vos souvenirs les plus marquants ? Smaïn : C'est de rencontrer tous les soirs, le public qui a été toujours à mes côtés. Les plus beaux souvenirs, c'est quand le rideau s'ouvre et quand les gens vous applaudissaient et vous font preuve d'affection. Il y a certes, des moments plus forts que les autres. Il y a l'ouverture du rideau à l'Olympia. Il y a mes rencontres avec des acteurs comme Yves Montand. *Votre humour est –il d'un genre particulier ? -Il reflète à la fois ma culture française et mes origines maghrébines. Je ne l'ai pas inventé. Je me sentais à la fois un enfant de France avec des origines algériennes. J'ai créée cette mixture de par ma nature avec un vocabulaire français et j'ai passé le flambeau à d'autres. Tant mieux. *Qu'est-ce qui différencie Smaïn de Gad ou de Jamel ? -Ils sont la continuité tout en ayant leur personnalité. Il est normal qu'un jour, on puisse passer le flambeau. Comme je les ai certainement inspirés , d'autres vont s'inspirer d'eux et ainsi de suite. *Avez- vous une idée sur les humoristes tunisiens Lamine Nahdi et Lotfi Abdelli ? -Pas du tout. Je n'ai pas eu l'occasion de les rencontrer mais je crois qu'ils ont beaucoup du talent. *Comment vous avez trouvé la Tunisie Nouvelle ? -Je retiens une anecdote très significative. J'étais au café des délices avec Patrick Bruel lors de notre dernière visite à Sidi Bou Saïd ; j'ai rencontré un Tunisien, un jeune opposant qui résidait en Suisse. Il avait dans son regard le plaisir de retrouver cette Tunisie libre. *Que retenez-vous de vos derniers spectacles en Tunisie ? -A l'époque, la Tunisie était le seul pays du Maghreb qui me demandait d'envoyer les textes pour superviser le contenu. Je suis heureux maintenant car cette censure a disparu. *Que pensez-vous de cette vague d'émigrations des Tunisiens en France ? -Je ne comprends pas, car la Tunisie se libère de son tyran alors, pour quoi fuient-ils ? Au contraire, ils doivent rester pour construire cette nouvelle Tunisie. *Après « Sur la vie de ma mère » et «Ecris moi», pouvez-vous nous présenter votre troisième livre « Je reviens me chercher » ? -Je suis orphelin de Constantine et durant toute ma carrière, j'ai voulu faire mon enquête sur mon origine et ce livre relate bien mon périple et mon parcours et que suis-je ! *Vous êtes maghrébin ou plutôt, un Français d'adoption ? -Je me sens algérien par mes origines, Français par adoption ; je me sens comme un bateau entre ces deux rives de la Méditerranée qui fait des aller –retour . C'est pourquoi je parle autant de la Tunisie, de l'Algérie que du Maghreb. Je souhaite vraiment un rapprochement et une consolidation de cette amitié entre ces deux rives *Vous êtes aussi un passionné de théâtre ? -Je joue actuellement une pièce de théâtre qui s'intitule « Réaction en chaîne » que je viens de présenter à Nantes. *Vous êtes papa. Que représentent pour vous, vos trois enfants (Rayan, Kenza et Shana) ? -Ce qui me plait, c'est que j'ai pu donner un sens à ma vie en passant cet héritage que je n'ai pas reçu. *Etes-vous heureux dans votre vie ? Je suis heureux dans ma vie. J'ai la chance d'avoir une bonne santé. J'ai aussi au fond de moi, des déceptions et des regrets mais je vis avec. *Quels sont vos projets ? -Toujours la scène et puis un film « Le sac de farine » sur le déchirement identitaire. Je compte aussi de tourner une comédie « Pauvre Richard ». Sinon, j'ai eu la chance d'écrire des chansons pour Michel le Grand. Propos recueillis par : Kamel Bouaouina