Ce qui est ridicule « pour ne pas dire contre-nature » c'est la création d'un syndicat pour les arts plastiques. Une telle structure n'existe,à notre humble connaissance qu'en Tunisie. L'UGTT dans sa frénésie de doter tous les secteurs de la vie artistique d'une assise pour les défendre et les émanciper et – pour élargir son influence sur les principaux secteurs de la vie publique- a ouvert ses portes à un certain nombre de personnes qui se sont présentées comme parents légitimes et marginalisés du système. Ce dernier étant représenté par l'Union des Artistes Plasticiens Tunisiens envers laquelle ces personnes et surtout leur secrétaire général semble vouer une haine solide comme le fer. Si nous considérons que les deux dernières décennies on fait subir à cette institution plusieurs dérives malfaisantes, cela minimise d'une façon dangereuse l'histoire de cette institution qui a fait corps depuis sa création avec le mouvement des arts plastiques en Tunisie. Terrain de chasse gardée pour les ténors de l'Ecole de Tunis jusqu'à la fin des années quatre-vingt l'Union connut une période de grande ouverture et d'éclosion avec l'arrivée des peintres de la troisième et la quatrième générations à ses commandes. L'Union a donc sa « petite » histoire avec ses hauts et ses bas et l'actuel sécrétaire général du syndicat qui l'accuse de tous les maux a plus que flirté avec elle pendant des longues années. Quel poids a ce cher Monsieur dans la réalité passée, présente et à venir des arts plastiques ? Et les personnes syndiquées sont-elles représentatives de ce grand corps de métier ? Comment et sur quelle base le ministre de tutelle s'est-il appuyé pour hausser ce groupe de personnes certes respectables légitimes comme interlocuteur unique et incontournable ? Le ministère serait-il à ce point ignorant du domaine de la chose plastique ? N'a-t-il pas le droit ,le devoir et la capacité de nous proposer un programme à partir duquel nous pouvons établir un dialogue, des débats ? Attendait-il la création d'un tel syndicat pour être éclairé sur le chemin à suivre ? Le mouvement syndicaliste allant vers le pluralisme, le ministère va-t-il attendre que les autres centrales fondent leur propre assise plastique pour se prononcer sur les données et les aboutissants du secteur ? Un syndicat est par essence créé pour défendre les droits des travailleurs auprès ou contre les patrons, contre quel patron le syndicat actuel veut-il défendre les plasticiens ? A notre connaissance, les artistes n'ont pas de patron. Ils ont rapport avec les acquéreurs, les galeristes et –dans certain pays comme le nôtre qui sont dotés d'un ministère de la Culture- avec les instances de ce dernier. Quand on synthétise ce qui s'est passé à Dar Sébastien, samedi dernier, cela nous ramènerait à quelques petits points lamentables : l'Union des Artistes Plasticiens Tunisiens mériterait la mise à mort, les artistes vivant dans la précarité, il faut que le ministère applique les requêtes que nous proposons en tant que syndicat pour que les choses aillent mieux …. Bien sûr, il y a la sempiternelle question de la commission d'achat, c'est-à-dire l'argent, l'oseille, le fric, le nerf de la guerre. Et la proposition du syndicat à ce sujet est, on ne peut plus, éloquente : il faudrait que seuls les artistes aient le droit de voter pour acheter aux autres artistes. L'on se demande alors pourquoi les représentants de l'administration feraient encore partie de cette charmante commission ? Cela ouvrirait la porte à n'importe quoi, et cela ne s'est jamais vu. Cela fait des siècles que nous disons que toutes les acquisitions de l'Etat qui sont réalisées grâce aux deniers publics c'est-à-dire grâce à l'argent du peuple se doivent d'être accomplies par les membres d'un musée des arts modernes qui a pour charge, non pas de venir en aide aux pseudo artistes vivant dans la précarité mais d'investir cet argent avec l'idée de le faire fructifier donnant ainsi une valeur officielle aux œuvres acquises . Ce qui encouragerait les citoyens à investir dans l'art. Au lieu de cela, nous voilà ramenés à des querelles de bas étage qui s'inscrivent dans la chasse aux sorcières plutôt que dans la recherche des génies. Cet état des choses n'a rien de révolutionnaire. Il ne servirait qu'à mettre des incapables à la lumière de l'avant scène en effaçant certains autres et, c'est connu, l'aura des arts ne s'adapte pas aux structures mécaniques et aux petites combines. Attention : il y a danger !