Comment l'environnement peut –il être générateur d'emplois et de richesses ? tel est l'objectif du projet né avant la Révolution, (octobre 2010), grâce à l'initiative du collectif Laaroussa. Un projet dont le but est de créer de nouveaux modes d'échanges ainsi que de nouvelles formes de vivre l'art. Laaroussa est un collectif artistique constitué entre autres, avec les femmes potières de Sejnane. Il vise à l'autonomie et à la valorisation d'un savoir-faire féminin artisanal, potentiel économique sous estimé, voire ignoré… Depuis février 2011, Laaroussa prend en charge plus d'une soixantaine de familles pour les aider à constituer, contre toute forme d'oppression et de récupération, leur propre société autogérée. « L'art, estime ce collectif, a ce pouvoir de laisser naitre des moments forts de partage et de vie où toute hiérarchie est bannie et où la structuration horizontale d'une communauté permet la mise en avant des compétences individuelles au service d'une dynamique collective de production… » Pour la petite histoire, les femmes potières de Sejnane , les collectifs artistiques, Dream City, et la Luna (collectif d'activité et de production artistique qui explore une dimension publique de l'art à Nantes, en France), se sont unis sous le nom du collectif Laaroussa. Depuis février dernier, ils ont engagé ensemble, un projet artistique et social mené pour la création d'une coopérative artisanale de poterie à Sejnane. Grâce à ce projet, les femmes de la région qui luttent pour la reconnaissance de leurs aptitudes professionnelles affirmant ainsi leur volonté de participer à l'économie du pays, ont uni leur savoir-faire et leur force de travail. Un travail en commun et durant des semaines, qui leur a valu de mettre au jour, leur capacité d'organisation et de production collective. Poterie, garde d'enfants, restauration …plusieurs domaines de compétences ont été ainsi attribués et développés au sein de la communauté. Une fête collective Pour fêter la fin de la première étape de travail accompli de février à juin 2011, les partenaires et les personnes ayant participé au projet, vont se rassembler aujourd'hui, samedi 18 juin à Sejnane. Une occasion, dirait-on, de mettre en jeu publiquement, non seulement la production mais aussi, les cheminements et expériences menés au sein de ces ateliers communautaires. « Les objets fabriqués, précise t- on, ne sont pas destinés à une simple exposition artistique, apparaissant comme par magie pour subjuguer le spectateur. Ils se veulent au contraire, reconnectés à la réalité sociale et politique dans laquelle ils ont été conçus… » Dans cet esprit, les invités vont se joindre aux ateliers et se plonger dans le mouvement d'un collectif en plein travail. Rappelons que ce projet est porté par Selma et Sofiane Aouissi, artistes chorégraphiques et fondateurs de Dream City, fervents de proximité et de partage, qui engagent le front de la création sur celui des luttes et de l'humain. « Ils explorent une méthode de transformation du social et du politique par des pratiques artistiques interrogeant sans cesse les limites. Ils s'attachent à créer des nouvelles sociétés autour des dispositifs artistiques créatifs comme trame de fond à un discours poétique… » Selma et Sofiane Aouissi sont entourés de créateurs tunisiens et étrangers ; Tobi Ayedadjou, (artiste plasticienne béninoise, installée en Tunisie qui a participé à l'exposition « No sky, no earth » à Dar Mima), Slah Ben Ayed, (poète et écrivain qui anime des ateliers d'activités théâtrales appliquées à la pédagogie), Saloua Ben Salah, choriste au sein de l'Opéra de Tunis et chanteuse avec l'Ensemble vocal Aloès), Yacine Blaiech (du collectif Dream City où il crée et développe les créations graphiques des différents projets), Béatrice Dunoyer (du collectif Dream City où elle mène des actions littéraires), Sonia Kallel, (maître assistante à l'école supérieure des sciences et Technologies du design) et Cecil Thuillier, (camera woman, originaire de Marseille qui passe sa vie à traverser les frontières pour faire du reportage). Une coopérative pour 2013 Le collectif Laaroussa s'attelle à réaliser d'ici 2013, le lieu rêvé ; une coopérative des femmes de Sejnane . « Conçue à la fois comme un éloge et une invitation à la curiosité, l'espace mêle architecture, sons et vidéos. C'est une véritable installation construite en bambous et branchages et un espace imaginaire fait de sons, de souffles, de mots, de chants qui viendront résonner et donner matière à sentir, penser, rêver… » Par ailleurs, le film, réalisé par le collectif La Luna, rend hommage à la communauté et au partage. Il retrace les étapes de la création d'une poupée, habituellement produite individuellement, mais qui sera cette fois réalisée à plusieurs. En associant des groupes d'artisanes sur une même création, les plasticiennes de la Luna ont ainsi mené à son paroxysme, la dynamique du travail commun et ses potentialités. Une cartographie rêvée mais réelle : les femmes du réseau associatif de Nantes et de Sejnane ont composé une cartographie qui dessine la topographie sociale du projet Laaroussa. Son contenu repose sur l'expérience humaine et les liens qui se sont tissés au fil du projet ; un territoire imaginaire d'individus extraits de leur isolement social et géographique par l'union de leur force et de leur savoir-faire. La rencontre de Sejnane autour du savoir faire de ses potières, c'est pour valoriser les compétences et donner lieu à une société rêvée qui s'accomplit. « On a envie de céder le projet à des gens qui seraient dans le respect de ces femmes , de créer un relais… car notre savoir et notre compétence s'arrêtent là… », a dit Selma Aouissi lors de la dernière rencontre au siège de la Délégation européenne.