• Les sociétés appartenant aux membres de la famille de l'ancien président déchu et de ses gendres et confisquées par l'Etat, pourraient constituer un premier lot pour une telle action propre à servir d'entraînement. Le Club ‘'Finance'' de l'Association des Tunisiens des grandes écoles (ATUGE), a organisé, avant-hier, aux Berges du Lac à Tunis, une conférence – débat sur la relance et le développement de la Bourse de Tunis et du marché boursier tunisien, animée par le président de la Bourse de Tunis, Fadhel Abdelkéfi. Après l'éclipse causée par la focalisation exclusive sur la reconstruction politique du pays, à la lumière des nouveaux principes et objectifs révolutionnaires, la question du développement économique du pays revient en force, ces derniers jours, dans le débat national. La rencontre sur la redynamisation de la Bourse de Tunis et du marché boursier tunisien qui est loin d'être une question purement technique, s'est tenue parallèlement au Forum international de deux jours sur la promotion des investissements en Tunisie, organisée les 16 et 17 juin à Gammarth, avec la participation de 1500 opérateurs et décideurs dont 500 étrangers venus d'Europe, d'Amérique et de la région arabe, entre autres. Face aux nouvelles priorités nationales consacrées par la Révolution, en l'occurrence l'absorption du chômage, l'emploi des diplômés et le développement des régions intérieures défavorisées, et aux destructions subies par le tissu industriel et économique en général, dans le sillage du soulèvement populaire généralisé, au cours des derniers mois, les besoins de financement et d'investissement en Tunisie sont devenus colossaux. A cet égard, Fadhel Abdelkéfi a affirmé que la Bourse de Tunis et le marché boursier tunisien peuvent contribuer de manière efficace à la mobilisation des financements et investissements dont la Tunisie a besoin, en ce moment, ce qui confère à la Bourse un rôle stratégique, dans cette étape cruciale. Le contexte est particulièrement propice à une telle action, et la situation l'exige. La participation de la Bourse de Tunis et du marché boursier au financement de l'économie et de l'activité économique en Tunisie reste très faible, atteignant à peine 6%, contre 94% pour le secteur bancaire, officiellement sommé à aider les entreprises tunisiennes à surmonter les énormes difficultés générées par les effets collatéraux de la Révolution. Le coût de réparation des dommages occasionnés par les destructions est estimé à des milliards de dinars. La Bourse a une chance inouïe de prendre la relève et d'augmenter sa part. La Bourse elle-même n'a pas échappé, aux effets collatéraux de la Révolution, puisque l'indice principal de la Bourse de Tunis (Tunindex) à baissé de 20%, depuis le début de cette année. Au même moment, la capitalisation boursière ne représente que 25% du PIB, en Tunisie, alors que cette part est supérieure à 50% dans des pays de même niveau économique que la Tunisie, à l'instar de l'Egypte et du Maroc. Pourtant, en matière de marché boursier, la Tunisie dispose d'une infrastructure très développée et d'un cadre juridique et institutionnel avancé. Le système électronique régissant la Bourse de Tunis est à la pointe du progrès et garantit à l'action de la Bourse, la transparence totale, à la mesure des marchés boursiers internationaux, a dit Fadhel Abdelkéfi qui a rejeté les accusations selon lesquelles la Bourse est un temple de la spéculation. Au contraire, l'introduction en Bourse et garante de la transparence de la gestion des entreprises et leur bonne gouvernance, et c'est plutôt le manque de transparence dans la gestion des entreprises tunisiennes qui freine le développement du marché boursier tunisien, car, pour être introduit en Bourse, il faut observer les règles de la transparence absolue. Certes, des dépassements se sont produits sous l'ancien régime, à cause de la perversion intrinsèque de ce régime qui a affecté tous les citoyens et toutes les entreprises économiques, a dit le conférencier. A l'heure où les partis politiques peaufinent leurs programmes politiques et économiques pour les prochaines échéances électorales, Fadhel Abdelkéfi a formulé des propositions pour la relance de la Bourse dignes de les inspirer, comme l'introduction des entreprises publiques en Bourse et plus spécialement les grandes entreprises publiques. Les sociétés appartenant aux membres de la famille de l'ancien président déchu et de ses gendres et confisquées par l'Etat, pourraient constituer un premier lot pour une telle action propre à servir d'effet d'entraînement. L'investissement institutionnel en Bourse est encore faible, et mérite d'être encouragé, en incitant les caisses sociales et les assurances, entre autres, à faire des placements dans le marché boursier. Le président de la Bourse de Tunis a mis l'accent, également, sur la nécessité de promouvoir le journalisme économique spécialisé qui présente, encore, des lacunes, à son avis. Le rôle des SICARs devrait être revu et corrigé dans ce même sens. Enfin, Fadhel Abdelkéfi est d'avis que le marché alternatif créé pour former les entreprises tunisiennes au respect des exigences boursières, et les rendre, ainsi, éligibles à l'introduction en Bourse, est venu très tôt, car le réservoir de l'élite d'entreprises dignes d'être introduites directement en Bourse, n'a pas été épuisé. L'accent devrait être mis, plutôt, sur l'encouragement de ces entreprises toutes prêtes à s'inscrire en Bourse. Mais les grands choix économiques de la Tunisie sont encore à définir, face à la profusion de partis politiques de diverses tendances, qui risque d'entraver la réalisation d'un consensus sur un ensemble de principes nationaux communs. Les règles de la finance islamique diffèrent de celles de la finance positive libérale et avec un régime parlementaire, il est à craindre de voir les choix économiques changer au gré des mandats et des échéances électorales.