La Journée Mondiale du Réfugié commémorée cette semaine fera certainement date dans l'histoire de l'UNHCR. Elle avait un goût et une signification très particuliers cette année, tout d'abord, par l'emplacement, ensuite, en raison de la conjoncture. C'est ce qui doit se produire quand le pays hôte s'appelle la Tunisie, un pays qui lutte sur deux fronts, interne et externe, un pays qui fournit des efforts extraordinaires pour mener à bien son entreprise démocratique et offrir l'hospitalité aux centaines de milliers de réfugiés. Il assume pleinement les contraintes de ses problèmes et ceux des autres. L'UNCHR ne peut pas trouver un meilleur exemple pour vulgariser sa pédagogie humanitaire. Des activités instructives Donc, en raison de ces particularités, la journée s'est « quadruplée ». Elle a débuté le 17 avec un spectacle théâtral au théâtre municipal, la pièce, c'était une œuvre de Raouf Ben Yaghlane « Harak Yetmanna » qui, comme l'indique le titre, traite du problème de l'immigration, un sujet qui était au cœur des débats de cette journée mondiale. Le Samedi 18 et le Dimanche 19 ont été consacrés à un concours photo et exposition photo qui avait comme thème « Solidarité tunisienne », et à des activités pour les enfants réfugiés et tunisiens, elles étaient animées par les volontaires du Mouvement des Scouts Tunisiens. La dernière journée d'avant-hier était ponctuée par une conférence internationale sur la protection des femmes et enfants réfugiés en présence du Ministre des Affaires de la Femme. Le slogan pour cette année c'était « 1 seul réfugié privé d'espoir c'est déjà trop. » Du fer dans les épinards Samedi après-midi à la maison de jeunes d'El Menzah 6, Monsieur Antonio Guterres, le Haut Commissaire de l'UNHCR a tenu une conférence de presse. Il a commencé par souligner que l'initiation de ces journées en Tunisie était un signe de reconnaissance. « Ce pays est un modèle de générosité, il accomplit des efforts formidables pour prêter main forte aux réfugiés malgré les grandes difficultés qu'il connaît en raison de la transition majeure historique par laquelle il passe et les retombées économiques et sociales qui en découlent, a précisé le Haut Commissaire ». Il a ensuite avancé des chiffres très surprenants pour ceux qui ne sont pas bien renseignés sur la situation des réfugiés dans le monde. Il est communément admis que ce sont les pays les plus riches qui abritent le plus grand nombre de réfugiés, eh bien non ! Détrompez-vous, c'est l'histoire du fer dans les épinards, c'est tout à fait le contraire, richesse matérielle ne rime pas avec richesse humaine : « le Sud représente un asile pour les 4/5 de ces déplacés qui sont au nombre de 43 millions dont 1 900 000 vivent au Pakistan et 5 000 en République Démocratique du Congo, a affirmé Monsieur Guterres ». Pour illustrer la générosité du peuple tunisien, il a parlé d'une expérience qu'il a vécue : la rencontre avec une famille tunisienne dans le sud du pays qui offre un toit à une famille libyenne depuis des mois. L'immigration est une solution et non pas un problème A notre question relative à la nonchalance et au silence douteux de la communauté internationale et en particulier les grandes puissances à l'égard de ce qui se passe sur les frontières sud de la Tunisie, le Haut Commissaire a répondu que son organisation allait essayer de les sensibiliser pour venir en aide à notre pays afin qu'il soit en mesure de bien gérer les afflux massifs des réfugiés. Il a terminé sa conférence en répondant à une autre question posée par nous concernant la position de la France vis-à-vis des immigrés clandestins tunisiens de Lampedusa qu'elle a refusé d'accueillir sur son sol, alors que la Tunisie continue à recevoir des centaines de milliers de réfugiés en dépit de ses moyens très modestes et de la fragilité de la conjoncture. « Il ne faut pas confondre les uns avec les autres, a-t-il commenté. Les Tunisiens ne sont pas des réfugiés mais de simples immigrés. Toutefois, je tiens à préciser que l'immigration est une solution et non pas un problème comme certains ont tendance à le penser. Elle participe à résoudre les difficultés démographiques de l'Europe qui connaît un taux de natalité faible ne dépassant pas le 1/5, a conclu le Haut Commissaire ». L'Italie, rappelons-le, a délivré des permis de séjour temporaires à ces clandestins, ce qui est de nature à les considérer comme réfugiés protégés par les lois communautaires.