Le Temps-Agences- La Grèce a adopté hier sous haute tension un plan d'austérité crucial pour l'obtention d'une nouvelle aide financière internationale et la préservation de la zone euro, malgré une vive contestation dans la rue, inquiète des sacrifices qu'il implique. Alors que la police continuait de procéder à des tirs de gaz lacrymogène juste devant le parlement où sont rassemblés depuis le matin des manifestants opposés au projet, le plan a finalement reçu 154 voix socialistes et une voix dissidente de droite, sur les 298 députés présents (sur 300 sièges) au parlement hier, selon un décompte officiel. 138 députés de l'opposition de gauche et de droite ont voté contre. Les députés devraient aussi voter aujourd'hui la loi d'application qui fixe les moyens de réaliser les économies budgétaires d'ici 2015. Un député socialiste Panayotis Kouroublis, a voté contre le plan, mais une collègue conservatrice de droite a bravé la consigne de son parti de la Nouvelle-Démocratie et soutenu le plan. Immédiatement après le vote, le Premier ministre, Georges Papandréou, a annoncé l'exclusion du groupe parlementaire de M. Kouroublis, ce qui réduit à 154 voix sur 300 la majorité dont dispose désormais le gouvernement socialiste. M. Kouroublis avait déclaré peu avant le vote qu'il ne "pouvait pas accepter le chantage "exercé par la zone euro", laquelle a invoqué la probabilité d'une faillite du pays pour exhorter Athènes à adopter un plan jugé "injuste". Son collègue socialiste Alexandre Athanassiadis, qui avait indiqué publiquement qu'il voterait contre le projet s'est ravisé, affirmant avoir été "convaincu" par le discours de Georges Papandréou à la tribune. Il est député du département de Kozani (Nord-ouest), où se trouve une importante unité de l'entreprise publique d'Electricité, la DEI dont la privatisation planifiée a suscité une vive opposition. Les salariés de DEI en grève procèdent d'ailleurs à des coupures de courant touchant les quartiers des grandes villes. Intitulé "Cadre à moyen terme de stratégie budgétaire", le nouveau plan, dicté par l'UE et le FMI, prévoit d'ici 2015 des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations massives devant rapporter 50 milliards d'euros. Côté Europe les yeux étaient braqués sur Athènes, ce projet était une condition sine qua non posée par la zone euro pour la poursuite de son soutien financier, afin d'éviter un défaut de paiement de la Grèce qui l'aurait mise en danger. La chancelière allemande Angela Merkel a d'ailleurs salué hier l'adoption du plan comme une "nouvelle vraiment bonne", selon son porte-parole, Steffen Seibert. Si la loi d'application est votée, les ministres des finances de la zone euro vont se réunir le 3 juillet pour décider du versement d'une 5ème tranche d'aide du prêt de 110 milliards accordé l'an dernier à la Grèce. Sur le terrain la police a tiré, hier, des gaz lacrymogènes devant le parlement grec pour dégager des manifestants pourtant moins nombreux que lors de manifestations précédentes, mais beaucoup plus déterminés. Des manifestants étaient arrivés très tôt hier pour tenter d'empêcher au moins symboliquement le vote du projet, en entourant le parlement. Tôt le matin, la police a procédé à de premiers tirs de gaz lacrymogènes sur des petits rassemblements qui tentaient de bloquer les grands axes autour d'Athènes.