Le Temps-Agences- De violents affrontements entre police et manifestants au Caire ont fait près de 80 blessés, dans un climat de vives tensions et d'incertitudes politiques plus de quatre mois après la chute du président Hosni Moubarak. Les heurts ont opposé durant la nuit de mardi à hier des manifestants aux forces anti-émeutes dans le centre du Caire, en particulier sur la place Tahrir, épicentre des rassemblements anti-régime du début de l'année. Des échauffourées plus limitées ont continué hier matin, notamment aux abords du ministère de l'Intérieur, placé sous forte protection policière. De petits groupes de manifestants ont continué à lancer des pierres sur la police qui ripostait avec des gaz lacrymogènes. Les heurts ont fait, selon des chiffres officiels, quelque 70 à 80 blessés, dont de nombreux policiers. La sécurité égyptienne a évalué à 4.000 environ le nombre des manifestants au cours de la nuit. Des milliers de cailloux jonchaient le sol hier matin, traduisant l'intensité de ces affrontements. Plusieurs rues du centre ville étaient fermées par la police. Ces heurts sont parmi les plus graves survenus au Caire depuis le départ le 11 février de M. Moubarak. Les incidents, selon des témoins, ont impliqué la police, des manifestants proches des mouvements ayant contribué à renverser M. Moubarak et des partisans de l'ancien chef d'Etat. L'armée, qui dirige le pays, a publié sur le réseau social Facebook un communiqué dénonçant une tentative de "déstabilisation" de l'Egypte. Un responsable de la "Coalition des jeunes de la révolution", qui fédère plusieurs groupes pro-démocratie, Hossam Eddine Ammar, a accusé "des éléments loyaux envers l'ancien régime". Des témoins ont également mis en cause des civils armés de bâtons et de couteaux, parfois acheminés en bus, rappelant les méthodes de l'ancien régime pour créer des troubles et intimider les opposants. Ces accrochages surviennent dans un climat politique tendu, marqué la semaine dernière par une manifestation violente de partisans de M. Moubarak au Caire. L'ancien chef d'Etat est actuellement hospitalisé à Charm El-Cheikh, au bord de la mer Rouge, en attendant l'ouverture de son procès prévue le 3 août. Ces affrontements se sont produits quelques heures après l'annonce de la dissolution par la justice des conseils municipaux élus sous M. Moubarak et massivement dominés par les partisans de l'ancien régime. L'armée est par ailleurs de plus en plus ouvertement critiquée pour la manière dont elle gère la transition. De nombreuses voix se sont élevées pour demander le report des élections législatives prévues en septembre, estimant qu'elles pourraient voir les Frères musulmans rafler la mise face à l'impréparation du reste des partis politiques. Le débat est également houleux autour du calendrier de rédaction d'une nouvelle constitution et de la place de la religion dans les institutions. Des appels sont lancés à une grande manifestation le 8 juillet pour relancer les idéaux démocratiques du soulèvement anti-Moubarak.