« Les jeunes de la Révolution, questionnements et aspirations », tel a été le thème de la journée scientifique co-organisée hier par la Maison des Associations Médicales et l'Association Tunisienne de Sociologie à Tunis. Un groupe de jeunes chercheurs en sociologie, en droit et en finances ont pris part à cette journée où ils ont présenté des interventions sur plusieurs sujets dont la citoyenneté et l'esprit civique, le droit international, le passeport, les jeunes et le réseau social Facebook ainsi que les jeunes et le chômage. Ayant eu un rôle déterminant dans la réalisation de la Révolution, les jeunes ont également une autre mission à accomplir après le 14 janvier: comment contribuer à la construction de la Tunisie nouvelle? Ces jeunes, qui représentent le tiers de la société tunisienne, ont plus que jamais une grande responsabilité, dans le sens où ils doivent participer amplement dans le traçage des paysages politique et socio-économique. D'ailleurs, nombreux sont ceux qui considèrent que la Révolution leur a été confisquée par les partis politiques. Presque absents de la scène politique, ils sont sous représentés dans la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. Sont-ils dès lors en train d'exercer leur citoyenneté ? Comment ce concept se définit-il tout d'abord ? C'est à cette question que la jeune chercheuse en sociologie, Najet Arari, a essayé de répondre dans son intervention « la citoyenneté et l'esprit civique ». D'après elle, la citoyenneté est « l'appartenance à un groupe géographique et politique…C'est aussi bénéficier de ses droits ». Ce concept a été clairement mentionné dans la Constitution. Toutefois, « il existe une différence entre la législation et la réalité », mentionne-t-elle. Cela s'explique du fait que « la citoyenneté est un comportement qui s'acquiert. Elle est liée de plus aux droits humains, à l'identité et à l'esprit civique », enchaîne la jeune chercheuse. Exercer sa citoyenneté implique, dès lors, l'engagement des jeunes dans la démarche et la transition démocratiques. Chacun de son côté et à sa manière est appelé à exercer sa citoyenneté en étant un acteur dynamique dans la sphère sociale. A cet égard, Najet Arari précise que le concept était étroitement lié en Tunisie à « la représentativité politique alors qu'il le dépasse de loin pour atteindre même l'universel ». La citoyenneté est synonyme de liberté, d'égalité et de participation active. Toujours dans le même ordre d'idées, la chercheuse considère qu'il faut renforcer l'initiation à la citoyenneté dès le jeune âge et ce en réservant des programmes pédagogiques dans les différents niveaux scolaires. « C'est un exercice qui s'apprend au fil du temps », selon elle. Et le passeport Par ailleurs, Ahmed Khaled, doctorant en Droit, a mis l'accent sur le passeport. Créée dès le 17ème siècle, cette pièce a été utilisée à l'époque pour contrôler les « vagabonds » qui voulaient accéder aux villes. Et même s'il contient des données personnelles, le passeport est la propriété de la République. « Il est donc la propriété de l'Etat », d'après lui qui a par conséquent droit de regard et de suivi sur ceux qui détiennent le passeport. Le doctorant qualifie même le passeport comme « un moyen de violence légitime », puisqu'il peut être confisqué de façon légale ou illégale. Par conséquent, la relation entre l'individu et l'Etat devient une relation « d'esclavagisme », ce qui limite même les droits. « La citoyenneté des individus se résume en un papier », fait-il remarquer. Ce n'est pas tout. La journée était une occasion pour poser des questions sur le rôle des jeunes dans l'édification de la nouvelle Tunisie. Certains misaient sur l'innovation qui reste d'après Slim Ksouri, un chercheur en finances, « la meilleure solution pour assurer le développement du pays ». Aspirant à la liberté, le jeune considère, par ailleurs, que la recherche scientifique, l'enseignement et la santé sont les piliers du développement. Ils doivent même être « contrôlés par l'Etat », insiste-t-il. Nul ne peut nier que cette frange de la société a plus que jamais une grande responsabilité et surtout une grande opportunité pour exercer sa citoyenneté en adoptant un comportement civique. C'est ainsi que les jeunes pourront sortir des zones d'ombre et rayonner par conséquent sur la société.