Dans une dizaine de jours, le mois de Ramadhan sera là, avec son cortège de difficultés de toutes sortes, allant de la circulation à la flambée des prix, en passant par les nerfs à fleur de peau, la chaleur, la soif, les problèmes de santé, les veillées interminables et les réveils difficiles… Nous avons voulu en savoir plus sur le Ramadhan de cette année qui s'annonce différent, suite à la Révolution qu'a connue la Tunisie. Il y a d'abord comme tous les ans à pareille époque les annonces des diverses instances de l'Etat concernant l'approvisionnement, avec la constitution de stocks de régulation des produits dits « sensibles » : œufs, lait, pommes de terre... Des denrées dont la consommation monte en flèche et qu'il faudra surveiller de près cette année par les services de contrôle des prix, pour éviter tout excès, toute triche… En tous cas, cette année un certain nombre de problèmes d'approvisionnement seront facilement résolus, puisque la production de fruits de saison, comme les pastèques, les melons, les pêches, le raisin, les prunes, les pommes ou les poires, tombe en plein été. Reste à savoir si les prix vont s'affoler sous le poids de la spéculation ou bien rester logiquement sages. Concernant les opérations d'approvisionnement en légumes, le persil, les blettes ou les salades risquent de ne pas être de première fraîcheur, au vu de la chaleur ambiante. Seuls les piments et les tomates de saison seront présents en masse sur le marché, puisque le mois de Ramadan coïncidera avec la pointe de la production saisonnière. On prévoit que près de 250 mille tonnes de tomates fraîches seront consommées. S'agissant des viandes rouges et des volailles, le marché sera approvisionné de façon régulière en ces produits, surtout que le niveau de production en cours répondra aux besoins en viande. Inutile ici d'évoquer le prix du poisson pour éviter de vous déprimer. Alors comme d'habitude, les Tunisiens vont se rabattre sur les boîtes de thon, qui s'entassent avec ostentation dans les rayons des supermarchés. Et puis, plus folklorique, il y a la « Malsouka », le pain « Tabouna » ou celui auquel on ajoute divers ingrédients qui le font sentir très bon, attirant l'odorat des passants affamés. Leur prix augmente systématiquement au cours du mois de Ramadhan, sans que l'on sache pourquoi. Et la fameuse loi de l'offre et de la demande n'y est pour rien, puisqu'il y a profusion de produits… Comme chaque année, rappelons aux autorités de tutelle le problème principal et que personne n'a encore réussi à résoudre : celui des intermédiaires qui bouffent à tous les râteliers et profitent du système sans se fatiguer. Ils sont à la source du problème car l'agriculteur, le pêcheur ou l'éleveur ne gagnent que très peu d'argent, par rapport aux intermédiaires. Les « habbata » (grossistes) du marché du gros prennent 15% de commission, alors qu'ils n'ont pour capital qu'une bascule et de gros bras. Le marchand de fruits et légumes lui, prend 35% de bénéfice. Si l'on ajoute les taxes, on comprendra pourquoi les prix sont si disproportionnés sur les étals de nos marchés… Et puis n'oublions pas les dépenses des soirées ramadanesques, entre le café du coin avec ses fumeurs de Chicha, ses joueurs de Chkobba, de rami ou de belote, et les soirées familiales, à regarder les feuilletons et autres séries télévisuelles, avec leur cortège de gâteaux, comme la Bouza, une crème à base de noisettes, les « Z'labia et M'kharek », le thé aux pignons, le café turc… De petites dépenses quotidiennes que l'on ne pend pas toujours en compte et qui finissent par peser lourd à la fin du mois. Notre souhait le plus cher c'est de voir nos commerçants faire un effort pour que les prix ne flambent pas et que le mois de Ramadhan soit réellement celui du jeûne sous toutes ses formes, celui de la piété, de l'apprentissage de la patience et de l'abstinence volontaire, sans les scènes ridicules de la « Hachicha », ces énervements brusques dus au jeûne. Sachez enfin qu'il y aura une foire commerciale vers la mi-Ramadhan, plus précisément du 11 au 28 août 2011 à la Charguia, histoire de faire les emplettes pour l'Aïd...