Pourquoi les 14 journalistes agressés, les 5 et 6 mai dernier, n'ont-ils pas porté plainte ? Lors d'une émission diffusée mardi dernier sur la radio privée Mosaïque FM, le Premier ministre Béji Caid Essebsi a déclaré que les médias ont indéniablement un rôle fondamental à jouer dans la société puisqu'ils sont investis de la mission d'éclairer l'opinion publique. Eclairage certes, le média est non seulement un colporteur d'informations mais aussi un contre-pouvoir aux canaux thuriféraires qui sévissaient du temps du président déchu. Dans l'état actuel d'une transition post-dictatoriale d'à peine 6 mois, les journalistes sont confrontés à une problématique de taille. Grâce à la Révolution, croyant avoir mis fin à la censure et aux atteintes de toutes sortes contre la liberté d'expression, le journaliste se retrouve encore dans une situation délicate où, à chaque déplacement sur terrain, la confusion entre manifestants, casseurs et policiers en civil ou en cagoule complique sa tâche. En effet, le 5 et le 6 mai dernier, une violente attaque policière a été faite contre nos confrères et des citoyens désarmés. Les vidéos qui avaient circulé et sur Al Jazeera et dans les médias sociaux épargnaient tout commentaire : En 48 heures, 14 journalistes ont été agressés, tabassés et volés (ordinateur) par les forces de l'ordre. Les quelques séquences- difficilement filmées par des anonymes et par l'équipe de la chaine qatarie-démontraient une répression ciblée des policiers contre les journalistes, ceci d'autant plus que l'agression a été faite au centre de Tunis, et ce d'une manière spectaculaire. La réponse des autorités a mis en exergue le fait que cette répression visait, uniquement, les casseurs et qu'il était impossible de distinguer ces derniers des autres manifestants. Cependant, les images découvraient une autre réalité où les agressions ont été faites non pas arbitrairement mais d'une manière bien ciblée et individuelle où certains journalistes se sont aussi fait voler leurs ordinateurs portables, leurs caméras ou leurs téléphones.