Une des légendes du football tunisien et du sport national. A travers un parcours que très peu de sportifs des dernières générations sont en mesure de lui envier. Chokri El Ouaer a connu tous les sacres avec le seul club qu'il a connu, l'Espérance de Tunis en l'occurrence, et des joies immenses dans les équipes nationales toutes catégories confondues. Avec comme cerise sur le gâteau une finale de la Coupe d'Afrique des Nations en 1996 en Afrique du Sud, une compétition tout le long de laquelle il a été un acteur de premier plan selon tous les représentants des médias présents dans le pays de Nelson Mandela. Après quelques mois passés au sein du Comité directeur de l'Espérance, Chokri El Ouaer s'est retiré pour des raisons familiales et professionnelles tout en continuant à s'intéresser de très près au football tunisien. Raison pour laquelle nous l'avons approché pour évoquer la finale de cet après-midi.
Le Temps : Avant de passer à notre sujet du jour, une impression à froid sur le championnat de Tunisie ?
El Ouaer : Une saison que je qualifie d'exceptionnelle avec son lot de huis clos, d'envahissements de terrain, de clubs sans ressources, de salaires non honorés, de dérapages venant d'un peu partout comme de l'instance fédérale, de réclamations souvent infondées et j'en passe. Une saison à oublier tout en pensant d'ores et déjà à préparer la prochaine.
Le refus de reconnaître le mérite de l'autre
Une saison qui a été, malgré tout, menée à son terme. Et un champion avec pour nom Espérance ST. Ce titre est-il mérité contrairement à ce que pensent certaines parties ?
Ecoutez tous ceux qui doutent du sacre de l'Espérance ne connaissent rien au football. Il y a une explication à ce qu'ils avancent : leur échec dans la manière de gérer leur équipe et leur refus de reconnaître les qualités et le mérite de l'autre, comprenez l'Espérance. J'ai beaucoup à dire à ce sujet mais je me contenterais d'ajouter ceci : l'Espérance n'est pas à son premier titre, je me limite à rappeler que depuis 2003, notre club a connu tous les sacres tous sports confondus sous les présidences de Aziz Zouhir et Hamdi Meddeb. Deux présidents qui n'ont fait que perpétuer une tradition bien ancrée dans les esprits de la grande famille du club de Bab Souika : viser toujours plus haut. Dois-je rappeler que deux enfants du club ont mené l'équipe vers les sacres : Khaled Ben Yahia avec un doublé et tout récemment Nabil Maâloul avec un championnat en attendant le verdict de la coupe.
Nous y sommes justement. Que pouvons-nous attendre du rendez-vous du lundi après-midi avec la présence des deux meilleures équipes de la saison ?
Personnellement j'ai un premier souhait à faire : que l'Espérance et l'Etoile confirment leur classement d'autant plus que les deux équipes comptent dans leurs rangs les meilleurs joueurs du championnat. Il y aura d'un côté une Espérance « affamée » de titres si je peux m'exprimer ainsi, donc cherchant à ajouter la coupe au championnat. Et une Etoile blessée dans son amour propre pour avoir perdu un titre par la faute de faux pas à domicile. La rage de vaincre sera omniprésente des deux côtés pour le plaisir des puristes.
Ce sera à chances égales
En fin connaisseur, êtes-vous en mesure d'avancer un pronostic?
Difficile à faire. Les forces en présence sont très proches les unes des autres. Les joueurs vont se présenter avec un esprit de vainqueurs. Ce sera à mon avis à chances égales, du 50 –50.
Ira-t-on vers les prolongations?
Tout est possible, il s'agit d'une éventualité à ne pas écarter.
L'absence du public ne risque-t-elle pas de démotiver un tant soit peu les joueurs des deus équipes ?
Je ne pense pas dans la mesure où l'obligation du résultat constituera à elle seule une source de motivation. Toujours est-il que l'absence du public est bien regrettable. Je comprends la position de la fédération et des autorités à ce sujet après les graves dépassements vécus un peu partout avec un nombre bien restreint de spectateurs. Qu'en sera-t-il quand ils seront des milliers. J'aurai, malgré tout, souhaité voir nos décideurs faire aussi bien que leurs homologues égyptiens à la veille du derby entre Al Ahly et Ezzamalek : toute personne sui envahit la pelouse risque cinq ans de prison. La menace a porté. Propos recueillis par Rafik BEN ARFA