Mais ce n'est pas Juliette Gréco qui lance la chansonnette. C'est même un refrain aux antipodes, un rendez-vous de juillet qui se retrouve en plein mois d'octobre, au fond, tout aussi étonné que ravi de s'en tirer à si bon compte. Histoire de donner du temps au temps. Ce n'est d'ailleurs pas un luxe. Et si les chevaux piaffent dans l'arène, c'est que l'enjeu est d'importance et la course, semée d'embûches. Reste qu'à l'arrivée, tous les dés seront jetés. Voilà pourquoi il ne faut pas rater le coche. Bien sûr, c'est le moment, ou jamais, de faire une trêve. Enfin dans le meilleur des mondes. Mais le meilleur des mondes existe-il ? Et puis, qu'y pourrait jurer, la main sur le cœur, qu'il s'y retrouve dans cette nébuleuse de partis qui naissent comme des champignons, se phagocytant les uns les autres à souhait ? Car pour trancher il faut pouvoir comprendre, et non pas avancer en aveugle en espérant que le petit poucet aurait eu la bonne idée de passer par-là avec ses cailloux. En l'occurrence, reconnaître au moins le visage de son ennemi, histoire de pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie. Comme il n'est pas évident par les temps qui courent, de déjouer le piège des demi-teintes, il faut accepter le fait, d'être presque acculé à choisir par élimination. Ce n'est pas si difficile dans le fond : il suffit juste de bien ouvrir les yeux. Un petit poisson, un petit oiseau ? Cela dépend de la partition. Mais il faudra l'écrire de concert et ce n'est pas de la tarte… Nous refusons que le pays aille à vau-l'eau et il n'ira pas à vau-l'eau. Même si l'été donne l'impression de s'achever avant d'avoir commencé, même si le mois saint fait mine d'y croire mais qu'il est pressé d'en finir, et même si l'affluence n'est pas record quand on la voudrait unanime, peut-être faut-il y croire, j'allais dire sûrement, pour que ce qui est possible advienne, c'est-à-dire la paix retrouvée, non pas celle qui s'empêtre dans des mensonges gros comme de la ficelle, non pas celle qui se drape d'hypocrisie en cachant son dard jusqu'au moment opportun pour mieux empoisonner sa victime, après l'avoir endormie, mais celle qui fait que la liberté, enfin libérée de ses entraves, puisse avancer, majestueuse, non pas à la manière d'une reine en exil qui pleure son pays crucifié, mais avec la démarche assurée de celle qui sait qu'elle en a fini avec les départs, qu'elle est enfin de retour, souveraine, et que plus personne, jamais, ne pourra la retenir prisonnière, ni lui faire outrage. Elle a gagné une bataille, ce n'est certes pas pour perdre la guerre. Elle ne la perdra pas. Vigilance ?