« On ne réussira guère la transition vers la démocratie avec une justice qui n'arrive pas encore à se mettre sur pieds de ses antécédents de corruption et de malversations », ou encore « la réussite du rendez-vous du 23 octobre prochain est mise sous de grands doutes si on compte attaquer ce passage critique de l'histoire de la Tunisie avec le même corps de cette justice tunisienne» et « ce qu'on est en train de faire actuellement, on n'en a cure de certaines personnes servant de bouc émissaire, alors que le système corrompu et qui a longtemps régné en Tunisie survit encore, et pire encore, il est en train d'être protégé », ce sont quelques propos avec lesquels les représentants du Groupe des 25, « citoyens mais dont la profession d'avocats nous a tellement aidé » ont entamé leur point de presse à l'espace El Teatro. L'annonce de la libération de certains symboles de l'ancien régime ne semble pas passer en catimini, et ce groupe de citoyens-avocats semble être en veille contre toute tentative de rouler le peuple dans la farine car c'est ce qui semble être en train de se passer, selon eux. « On constate une totale nonchalance de la part du gouvernement de transition, et c'est désormais argumenté. Et ceci va de pair pour une grande partie de justiciers, qu'ils soient des avocats, des juges ou autres », précise Anouar Al Bassi, l'un des membres du Groupe des 25. « Aujourd'hui, poursuit-il, il est évident qu'il s'agit d'une décision politique, émanant de la part du Gouvernement actuel, supposé être le garant mais qui nie toute interférence dans la justice à chaque fois où il lui est demandé de le faire, sous prétexte que cette justice est indépendante alors qu'elle ne l'est pas ». Six mois depuis son existence, le Groupe des 25 a réussi à suivre à la trace ce que ses membres disent être « des centaines de milliards de dinars, pour ne pas dire plus, qui ont été pillés des entreprises appartenant au peuple tunisien… Le gouvernement actuel estime que ceci ne relève pas de ses prérogatives. Les exemples sont multiples : commençons par la mise à disposition du RCD de centaines de fonctionnaires publics, ce qui est un crime selon l'article 95 », soit des emplois fictifs. La conférence a par la suite pris une tournure avec beaucoup plus de franc parler. Les noms de Mondher Zenaïdi, celui de Abderrahim Zouari ainsi que ceux de Béchir Takkari et de Sayda El Agrebi ont longtemps été cités, sans oublier Zouhaier M'dhafer dont les avoirs ne sont plus gelés. Comment Bechir Takkari a-t-il été libéré ? Et pourquoi le parquet de Tunis n'a-t-il pas pris en considération la note envoyée par la Commission du Contrôle Général des Finances, du ministère des Finances, et signée par le ministre des Finances en date du 1 avril 2011 ?? Une note où on détaille les malversations commises par Sayda El Agrebi « lorsqu'elle était présidente de l'Association Ommahat Tounes (OTM) » !! Mais qui se trouve actuellement à l'étranger après qu'elle ait voyagé au vu et au su de tout le monde, ou encore cet acheminement des événements avec Mondher Zenaïdi, qui a été ministre depuis 1987 ! « La pièce de théâtre est en train d'être jouée et finira très bientôt, quelques membres de la famille Trabelsi, quelques ministres et ça s'arrête là » ! Les membres du Groupe des 25, et même si leur nombre est beaucoup plus important que cela, admettent qu'ils n'ont pas les moyens humains et logistiques que ceux de l'administration, sauf que cette dernière manque de volonté. « Nous sommes pour le principe que toute personne est innocente jusqu'à preuve de contraire, dit de son côté Abdennaceur Laaouini, avocat membre du groupe des 25, mais ces libérations successives de symboles de l'ancien régime laissent perplexes. Prenons l'exemple de Béchir Takkari, celui qui a le plus occupé le poste de ministre de la Justice, instaurant ainsi les mécanismes de malversations dans les rouages du corps de la justice tunisienne ». Selon lui, le dernier mouvement des juges en date a été orchestré de façon à ce que les juges connus pour leur proximité de l'ancien régime ont non seulement été maintenus, mais même promus pour certains d'entre eux. « Nous parlons ici à partir de dossiers qui prouvent que ce sont ces mêmes noms qui ont toujours été connus pour être les « juges des instructions », ce sont eux les mêmes qui ont approuvé les malversations, la torture, les incarcérations de jeunes étudiants et toutes autres formes d'incompétence, nous les connaissons par noms » a dit Laaouini. Bechir Takkari, selon ces avocats, se trouve libéré alors que d'autres personnes sont encore emprisonnées à cause des lois qu'il avait réussi à faire passer alors qu'il était ministre. Des personnes accusées d'avoir pris part dans des sit-ins ou des grèves, ce qui était un crime sous le temps de la dictature. Béchir Takkari est aussi inculpé, selon ces avocats, dans d'autres affaires d'abus de pouvoir, de malversations, d'acquisition de biens, de falsification de documents officiels et des contrats, des actes qui ont fait l'objet d'une plainte portée contre lui au parquet de Tunis, mais… silence radio !! A moins que les rumeurs qui circulent, faisant état de « pressions » qui ont été exercées par ce même Bechir Takkari sur certains « juges » ne soient pas vraies. Le paysage national ne semble pas être vraiment radieux. Et si on se met dans la tête que dans quelques semaines le pays va entrer dans une étape cruciale à savoir celle des élections avec des juges dont une part de corrompus et une justice qui boite ! La peur devient encore plus grande. Ce que ces avocats accomplissent est l'un des plus précieux services rendus à la Tunisie. Car indépendamment de tous ces noms là, c'est le mécanisme même de cet appareil de fraude et de malversations qui doit être déraciné et éradiqué, afin de bâtir une Tunisie où la transparence et la bonne gouvernance doivent être les principes de base de toute action dans l'avenir. Interrogés sur « l'extorsion » exercée par certains avocats contre certains anciens hauts responsables ou autres hommes d'affaires, les représentants du Groupe des 25 ne nient pas que leur secteur est contaminé « comme celui des médias, celui des juges et plein d'autres secteurs d'activité en Tunisie ». Nous faudrait-il des années pour que la fraude et la corruption dans tous leurs états disparaissent ? Certes la réponse est affirmative, mais comment faire actuellement, surtout avec des prémices qui ne sont pas à vrai dire très encourageantes, notamment avec l'incarcération d'un certain Samir Feriani, qui pensait s'exprimer librement à l'aube du 14 janvier, mais toujours en détention, alors que les vrais malfaiteurs font du tourisme. In fine, ce qui est sûr c'est que « la justice n'est pas prête, de part ses ressources humaines, d'un point de vue structurel ou encore à cause de l'importance des pratiques frauduleuses ». Haykel Tlili BRAVOURE [email protected] amad salem [email protected] sihem [email protected] BRAVOURE [email protected]