En France, au milieu des années 1970, du temps de la présidence de Giscard d'Estaing, en une année le nombre des victimes de la route avait atteint 15000 personnes. L'Equivalent du nombre d'habitants d'un village dont je ne me rappelle plus le nom. C'était une hécatombe tellement ressentie que la population dudit village avait décidé d'observer un sit-in sur l'un des grands axes routiers de la région. Couchés à même le bitume les quinze mille habitants ont donné la mesure grandeur nature de l'ampleur de la catastrophe qu'on n'arrivait pas à imaginer étant éparpillée dans l'espace et dans le temps. Une prise de conscience générale s'ensuivit, tant au niveau des pouvoirs publics qu'auprès de la population française qui comptait à cette année là environ 50 millions d'âmes et dont le parc automobile ne dépassait guère le tiers de celui en circulation aujourd'hui. Cet évènement majeur vécu à travers la télévision et les médias donna l'alerte pour que l'on donne aux accidents de la route l'intérêt qu'il faut pour entreprendre tout ce qui pourrait circonscrire l'étendue des dégâts qui s'ensuivent. C'était aussi une sorte de blanc seing pour que l'Etat légifère de la manière qui répond le mieux au danger. Toutes les lois allant dans ce sens ont été votées et acceptées par les usagers de la route les corporations professionnelles etc… Et on s'était fixé des objectifs pour réduire et le nombre d'accidents et celui des victimes. Avec l'installation partout des radars, les amendes qui peuvent atteindre jusqu'à des centaines d'euros (selon la gravité de l'infraction), le permis à points, la généralisation sur les routes de l'alcotest, le résultat était des plus éloquents : aujourd'hui, en France le nombre des tués sur les routes est de moins de 5000 par an- le tiers de celui de l'année du sit-in avec un parc automobile qui compte plus de 30 millions de voitures et une population qui a augmenté de 15 millions depuis l'événement de année 1970. Voilà où en sont les choses dans un pays que nous n'hésitons pas à prendre souvent comme référence. Peut-on faire de même pour le cas d'espèce ? Sommes-nous vraiment mâtures comme on ne cesse de le prétendre pour suivre la voie empruntée par la France depuis il y a à peu près quarante ans ? Constat alarmant ! D'une année à une autre la situation ne fait qu'empirer davantage. Le nombre d'accidents augmente régulièrement, celui des blessés et les morts suit la même courbe, même si de temps à autre on observe une petite accalmie mais de courte durée. L'été est particulièrement meurtrier sur nos routes. Pour cette saison des accidents très graves ont eu partout dans le pays et où le nombre des victimes était très élevé quatre, cinq voire même six morts par accident, à Tébourba, Menzel Témime et ailleurs l'hécatombe est vraiment ce qu'il y a de plus horrible. Les causes ? Elles sont malheureusement et dans presque la totalité des cas humains. Les procès-verbaux et les enquêtes des agents de la circulation l'attestent. Ceci prouve si besoin est que le conducteur tunisien ne respecte pas les règles de conduites les plus élémentaires : l'arrêt obligatoire, la ligne continue, la priorité, les feux de signalisation. On ne parlera pas de la ceinture de sécurité ni de l'usure des pneus, ni des feux défectueux, ni non plus de l'état de délabrement de nombre de véhicules qui circulent sans risque d'être inquiétés par un quelconque contrôle. Ajouter à cela l'état piteux de certaines routes et la boucle est bouclée. Par ailleurs, il est regrettable de constater devant les infractions commises partout une certaine passivité des agents de la circulation. Ceci ne date pas d'aujourd'hui, il faut bien le préciser. A vrai dire tout a commencé avec le promulgation puis l'annulation de certains dispositifs du code de 2002. Ce code répondait pourtant aux exigences du moment avec l'augmentation du nombre de voitures et avec, celui des accidents. Pour plaire aux taxistes, l'on se souvient très bien. Ben Ali avait ordonné que l'on révise de nouveau le code de la route pour finalement le vider de l'essentiel, surtout, ce qui est de nature à dissuader les délinquants de la route. Depuis cette date on observe une sorte de résistance passive de la part des agents de la circulation qui préfèrent fermer les yeux que d'intervenir. Or on va de l'indiscipline générale qui règne aujourd'hui il est du devoir de tous d'entreprendre tout ce qui pourrait rendre moins dangereuses nos routes. La dissuasion est plus qu'exigée, car qu'on se le dise clairement, les conducteurs tunisiens sont dans leur majorité arrogants dans l'indiscipline avec une insolence dans le comportement qui laisse perplexe. Sévir en la matière c'est pour le bien de tous et dans l'intérêt de ceux là mêmes qui sont la cause des dangers. Faire autrement c'est méconnaître la mentalité de nous autres Tunisiens encore à des siècles lumières de celles des peuples de la rive nord de la Méditerranée. Le savoir-vivre c'est pas notre fort surtout par ces temps qui passent où chacun estime pouvoir faire ce que bon lui plaît.