• Statut avancé : le gouvernement préfère ne pas trancher Un mois à peine depuis sa nomination comme Envoyé Spécial de l'Union Européenne pour la région Méditerranée du Sud, Bernardino Leron, bras droit de Catherine Ashton, effectue sa deuxième visite à Tunis. « Le but de la visite est de préparer la première réunion de la Task Force pour la Tunisie et de discuter avec les différents acteurs de la société civile, partis politiques et organisations des droits de l'homme, dans l'objectif de mieux connaître les défis de la Tunisie en cette période pré-électorale », a déclaré Bernardino Leon, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la délégation européenne à Tunis. Après avoir évoqué les rencontres qu'il a eues avec les représentants de différents partis politiques et certains autres des organisations non gouvernementales et de la société civile, Bernardino Leon a précisé que la plus importante tâche caractérisant sa visite est la préparation « d'une task force qui aura pour objectif la coordination et surtout la mobilisation des efforts en faveur de la Tunisie et son processus démocratique ». Les Etats membres de l'Union Européenne, les institutions financières européennes, telles que la Banque Européenne d'Investissement (BEI), la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement ainsi que les services extérieurs de l'UE y prendront part. Selon ce responsable européen les réunions de cette task force connaîtront la participation de représentants d'organisations internationales et d'institutions financières dont la Banque Africaine de Développement et la Banque Mondiale qui « seront invités en vue d'optimiser la synergie à l'appui des investissements et des réformes nécessaires ». Dans l'objectif de mieux éclairer l'idée, le représentant européen s'est entretenu avec Jalloul Ayed ministre des Finances, Abdelhamid Triki, ministre de la Coopération Internationale et du Développement et Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie. Ladite Task Force se composera de différents groupes de travail, formés de responsables tunisiens et des homologues de l'UE, elle se penchera sur la coordination des efforts. Un représentant spécial sera nommé. « Cette task force aura d'importantes ressources, car l'Europe ne suivra plus le même modèle « business as usual », mais on évoluera dans le contexte actuel des choses » a précisé B. Leon. Le contexte qu'évoque le responsable de l'UE c'est celui de la Révolution et de la transition démocratique en Tunisie, « ce qui nous a poussés à revoir notre politique de voisinage avec la Tunisie ainsi que d'augmenter à 1250 millions d'euros le montant de nos subventions à votre pays ». Pour cette task force les deux questions du chômage et du développement régional seront les « questions urgentes à traiter sur le très court terme », précise encore B. Leon. Les étapes à suivre pour cette Task force lui permettront d'aborder d'autres questions, sur le moyen et le long termes, telles que les questions de l'investissement européen privé, le tourisme et autres. Le Statut Avancé, le gouvernement de transition préfère ne pas trancher Interrogé par Le Temps si la situation financière et économique que connaît actuellement le bloc des 27, n'affectera pas les engagements de l'Union Européenne dans pas mal de régions du monde, et notamment en Tunisie et dans les pays arabes, B. Leon a exprimé « la volonté de l'Europe à intensifier sa présence en Tunisie ». « L'Europe, ajoute-t-il, ne peut pas rater ces moments historiques. Nous, au sein de l'UE, nous classons les choses selon leur priorité, et actuellement rien n'est plus prioritaire que d'aider à la réussite de la transition démocratique en Tunisie et en Egypte ». Et à cette Task de renfoncer cette vision de l'Europe en Tunisie, notamment par un rapprochement des points de vue sur ce qui doit être opéré en premier, surtout que depuis quelques mois on entend de moins en moins parler de la question du Statut Avancé avec l'Union Européenne. Sur cette question, le responsable de l'UE annonce que « la Tunisie devra accéder à ce statut avancé. La Révolution des jeunes tunisiens exige un changement, et actuellement nous nous rapprochons politiquement de nos homologues tunisiens. Mais ce qui est à noter c'est que nous avons essayé d'approfondir les négociations à ce sujet, mais le gouvernement de transition préfère retarder cette question jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement, élu, prenne les rênes et finaliser ces accords ». Bien que la position du gouvernement de transition à ce sujet soit totalement compréhensible, étant donné que le dossier du Statut Avancé peut être un sujet de consensus comme il ne le pourra pas. Mais ce qui est étonnant, c'est que toutes les négociations et les réflexions concernant ce sujet sont actuellement en suspens. « Je comprends parfaitement l'arrêt des négociations concernant cette question du Statut Avancé, vu la situation actuelle. Mais j'aurais aimé qu'en parallèle qu'on en discute avec les responsables, non seulement pour gagner du temps, mais surtout pour penser ce qui est à venir dans les mois prochains », nous assure pour sa part Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union Européenne à Tunis.