• Une inconnue : les indépendants ! Après plus de cinquante ans de domination de la vie politique par un seul parti, plus de cent partis occupent la scène. A l'exception de certains qui bénéficient d'une certaine légitimité militante historique, beaucoup d'autres se ressemblent dans leurs dénominations et orientations de quoi désorienter les citoyens. Comment se présenteront-ils aux élections de la Constituante ? Le nombre des partis politiques autorisés s'élève à 110 dont 100 ont obtenu leurs visas après la Révolution, sans compter les partis qui attendent leur tour. On parle de plus de 70 partis en instance de reconnaissance ou dont la demande de visas a été rejetée. Les responsables du ministère de l'Intérieur justifient le refus d'autorisation par les dispositions de l'article 3 de la loi des partis qui interdisent la référence à la religion, la langue, la race ou la région dans les principes et objectifs du parti. Certains partis politiques ont vu leur demande d'autorisation rejetée pour non respect de l'article 6 qui interdit la totale ressemblance dans les principes, choix et programmes. D'autres partis ne se sont pas conformés à l'article 11 par des erreurs de forme ou de fond dans le document de la demande d'autorisation ou celui des statuts. Comment vont se présenter les différents partis politiques à l'élection de la Constituante ? Les observateurs répartissent les partis entre trois grandes familles : les islamistes et à leur tête Ennahdha, la Gauche avec ses variétés et les Destouriens. Ennahdha fédère les Islamistes, Hezb Ettahrir non reconnu et autres groupes. Ses listes de candidats sont ouvertes aux sympathisants d'Ennahdha, ses proches, les indépendants, les femmes et les jeunes. Les têtes de listes sont accordées aux personnalités historiques. L'alliance démocratique avec Abdelfattah Mourou à Tunis 2, Mongi Kaâbi à Tunis1, Radhouane Masmoudi à Bizerte, battra -t-elle les listes d'Ennahdha ? Au sein de la Gauche l'heure est aux alliances. Un Front Démocratique Progressiste a été constitué entre deux partis : le Mouvement des Patriotes Démocrates et le Parti du Travail Patriotique et Démocratique. Il reste ouvert à d'autres mouvements. Par ailleurs, le Mouvement de la Citoyenneté et de la Justice et le Parti du Centre Démocrate ont annoncé dernièrement leur intégration au sein du Parti du Travail Tunisien (PTT).Le président du PTT Abdejelil Bedoui avait expliqué lors d'une conférence de presse "qu'il s'agit d'une intégration positive" qui met en valeur les potentialités dont disposent les deux formations politiques qui comptent un grand nombre de jeunes et d'étudiants. Des discussions sont actuellement en cours avec d'autres partis en vue de leur intégration au sein du PTT. De son côté Ahmed Néjib Chebbi, fondateur du Parti Démocrate Progressiste (PDP) a déclaré dernièrement : «Nous sommes disposés à nous engager dans une alliance avec les forces démocratiques et à conclure un programme commun pour réaliser les objectifs fixés et instaurer une société moderne et équilibrée». Il a aussi appelé tous les partis démocratiques et toutes les forces vives du pays à participer activement aux élections de la constituante pour préserver les acquis socio-économiques de la Tunisie et jeter les fondements d'une véritable démocratie. Il faut rappeler que le PDP avait, jusque là préféré faire cavalier seul. Le Pôle Démocratique Progressiste a été constitué depuis des semaines pour faire front contre les obscurantistes. Il a appelé à la création d'une plateforme politique élargie réunissant tous les partis et mouvements progressistes et démocrates autour des exigences de la Révolution : la dignité, la liberté, la justice sociale, l'égalité, la démocratie, la consolidation des valeurs de la modernité et l'établissement d'un régime républicain assurant les libertés collectives et individuelles, les droits culturels, économiques et sociaux, le droit à un environnement respectueux des droits des générations futures. Ce pôle compte participer aux élections de l'Assemblée Constituante sur la base de listes unifiées réunissant partis politiques, groupements et indépendants. De leur côté les anciens Destouriens se sont rencontrés à plusieurs reprises pour tisser des alliances. Il s'agit du Parti Réformiste Destourien, du parti de l'Avenir, du parti de l'Initiative et El Wattan. Ils doivent présenter des listes communes. Certains observateurs s'attendent à ce qu'ils réalisent de bons scores, surtout qu'ils ont l'expérience des joutes électorales et disposent de leurs propres réseaux dans l'administration. Reste une inconnue : les indépendants. Marqueront-ils la surprise ? Hassine BOUAZRA Hakim Bécheur [email protected]