Nomination des directeurs, CAPES qui prend une nouvelle forme, les mauvaises pratiques, l'égalité des chances: sérieux chantiers La première rentrée scolaire après la Révolution aura lieu dans deux jours. Que de rumeurs ont précédé ce rendez-vous qui intéresse toutes les familles tunisiennes. Près de deux millions d'élèves prendront le chemin des écoles et des lycées, le 15 septembre courant. Ils seront encadrés par 57 000 instituteurs et 76 000 professeurs dans 36 000 classes et 6000 établissements éducatifs dont au primaire et entre collèges et lycées. Un élève au primaire revient à la collectivité pour un peu plus de 1000 dinars. Quant à celui d'un élève au secondaire, il s'élève à 1500 dinars, par an. Ces chiffres ont été avancés, hier par Taïeb Baccouche, ministre de l'Education, lors d'une conférence de presse très suivie. Il a ajouté que le coût des équipements revient à 55 millions de dinars. Dans le chapitre livres scolaires, 370 titres ont été édités en 12 millions d'exemplaires. Quatre nouveaux titres ont été ajoutés et 24 anciens titres ont été revus et corrigés. Cela donne une idée sur le volume du travail du ministère à l'échelle centrale et dans les régions. La question de l'encadrement administratif des établissements scolaires avait suscité de nombreuses polémiques, mauvaises interprétations et des rumeurs durant cet été. La nomination des directeurs et des censeurs ne se discutait pas avant la Révolution. L'autorité en décidait arbitrairement et personne ne trouvait à redire. Depuis février dernier, le ministre avait annoncé qu'une réflexion était engagée pour trouver d'autres formules avec des critères objectifs pour la nomination des directeurs. Le principe acquis, une consultation a été engagée. Une structure ad hoc composée par des directeurs élus devait plancher sur la question. Des critères ont été établis. Ils concernent, surtout, l'ancienneté, la note pédagogique et le diplôme. Le concours était ouvert aux professeurs d'enseignement secondaire dont une grande partie répond aux conditions requises pour 2000 postes de Directeurs et 500 postes de Censeurs. « Cette procédure ne plaisait pas aux égoïstes », dira le ministre. Des rumeurs de destitutions collectives ont circulé. Ceux qui ont réussi au concours vont remplacer ceux qui ont calé. Moralement l'ex-directeur devra continuer à exercer jusqu'à la passation. Jusqu'à hier cinq anciens directeurs ont refusé d'opérer la passation. Ils se sont mis hors la loi. Ils seront suspendus de leurs fonctions. « On ne peut pas laisser les institutions scolaires livrées à elles-mêmes ». Est-ce la méthode idéale pour désigner les directeurs ? « Cette méthode est la moins mauvaise et la plus adaptée aux nouvelles conditions que vit le pays », renchérit le ministre. Certaines rumeurs disaient que la majorité des nouveaux directeurs (2/3) sont d'obédience islamiste puisqu'ils sont des professeurs d'éducation religieuse. Taïeb Baccouche dément cette affirmation et affirme que la majorité est constituée de professeurs de langue arabe. Pourquoi taxer les professeurs d'éducation islamique d'appartenance à Ennahdha ? Une grande proportion est formée de professeurs d'histoire et géographie, de mathématiques et d'autres disciplines scientifiques. Surveillants voulant devenir directeurs Certains surveillants ont voulu participer au concours de directeurs. Cela demande réflexion. Quelles sont les attributions du directeur ? Sont-elles essentiellement pédagogiques ? Dans ce cas, il faut que le Directeur soit un enseignant. « De toute façon, les syndicats des surveillants et des enseignants doivent se mettre d'accord, sur cette question avant qu'elle ne soit tranchée au ministère », dira M. Baccouche. Le Capes, à son tour, a fait l'objet de fixation de beaucoup de rumeurs. Certains ont dit que ce concours a été délaissé. Or, lorsqu'on a 150 000 candidats pour 1000 ou 2000 postes, il faut choisir avec des critères justes respectant le niveau requis. Le concours demeure. Il prend d'autres formes. Les dossiers seront pris en compte, mais les épreuves écrites et orales ne peuvent être supprimées. Pour ceux qui ne veulent pas de l'épreuve de l'oral, le ministre répond : Est-il logique de recruter un enseignant sans savoir s'il sait communiquer ? Avec le nouveau concours, il est mis fin aux pratiques du passé, lorsqu'on répondait à la moitié des besoins de recrutement par concours et on recrutait l'autre moitié sous la table. Cette année 2000 candidats ont été retenus après l'épreuve de l'écrit. Après l'oral, 1350 professeurs seront recrutés. L'oral s'effectue après un stage de 3 mois pour donner plus de chance aux candidats. Vu les conditions exceptionnelles qu'a connues le pays, la durée du stage a été réduite à 9 jours. Le reste du stage sera effectué après l'affectation. Au moment du stage, une minorité avait empêché la majorité de faire son stage. Elle voulait sauter l'épreuve de l'examen oral, chose impossible d'un point de vue légal. Un effort sera fourni pour essayer de caser les 650 non retenus, mais ce n'est pas là une promesse de recrutement ferme. Un autre concours sera ouvert, ce mois pour le recrutement de 1500 professeurs pour l'année scolaire 2012-2013. Deux mille instituteurs seront affectés cette année. 1325 ouvriers sont en cours de recrutement. Au total 7000 recrutements sont prévus pour cette année. Pour réparer les injustices enregistrées sous la dictature, 2000 cas ont été résolus, bien que ce ne soit pas dans les prévisions budgétaires. N'oublions pas que le quart de la population tunisienne dépend du ministère de l'Education. 3000 cas de rapprochement de conjoints Dans le volet mutations qui concerne des milliers d'enseignants, 3000 ont bénéficié de la procédure de « rapprochement des conjoints », sans compter les cas humanitaires et le mouvement de mutations ordinaires. La question de l'évaluation du niveau de l'élève et celle des 25% du baccalauréat sont en cours d'examen par des commissions qui formuleront des recommandations au prochain gouvernement. Le dialogue avec les syndicats continue. Il concerne les statuts des instituteurs et des professeurs. Ainsi, la question des maîtrisards qui enseignent au primaire sera résolue. Les élections de la Constituante intéressent de près le ministère de l'Education. Il mettra à la disposition de l'ISIE les écoles primaires pour l'opération de vote. Une commission mixte a été créée pour la réussite de ce rendez-vous. D'ici là les directeurs des lycées vont activer la constitution des Conseils d'établissement, ce cadre de dialogue pour la gestion de ces établissements. Un premier apprentissage de la Démocratie, puisque les membres de ces Conseils seront élus. Globalement, le ministre est optimiste pour cette rentrée. La société civile, les parents d'élèves et tous les intervenants doivent agir de concert pour la réussite de cette rentrée.