Le point de presse périodique interministériel tenu, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, a été une occasion pour fournir de plus amples données sur certaines nouvelles affaires criminelles et judiciaires, dont l'assassinat de l'homme d'affaires Imed Karray, dans la ville de Sfax, qui a retenu, plus particulièrement, l'attention de l'opinion. A cet égard, le capitaine Habib Fazii, chef de la brigade des recherches et d'investigations de la garde nationale de Sfax, a indiqué qu'à la lumière d'investigations minutieuses faisant appels aux méthodes scientifiques les plus pointues, les enquêteurs ont pu identifier et connaître les meurtriers de l'homme d'affaire Imed Karray à Sfax et les arrêter, entre les 22 et 23 septembre. Il s'agit de deux délinquants dont l'un est âgé de 25 ans, tandis que l'autre est âgé de 17 ans. Ils ont perpétré leur forfait pour le vol et le cambriolage, utilisant des armes, à cet effet, savoir des fusils de chasse acquis auprès d'une troisième personne qui les fabriquait. Les enquêteurs l'ont arrêté également. Les deux meurtriers ont avoué leur crime et les trois criminels, les deux assassins et le fabricant des fusils de chasse, seront déférés, incessamment, devant la justice pour recevoir le châtiment qu'ils méritent. L'affaire a paru obscure, au début de l'enquête, pour manque d'indices et de preuves accablantes. De même qu'il n'y avait pas de mobiles apparents au crime, car la victime était connue pour sa bonté et elle n'avait pas d'ennemis qui lui en voulaient, à ce point. Il s'est avéré que les deux meurtriers sont des habitués du crime et de la délinquance. Intervenant, à ce propos, Mr Hichem Meddeb, représentant du ministère de l'intérieur, a mis l'accent sur l'attention majeure prêtée par le ministère de l'intérieur et les services sécuritaires au phénomène de la détention d'armes sans autorisation, devenu préoccupant. Il a signalé que la détention d'armes sans autorisation est passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à 10 ans de privation de liberté, promettant de fournir de plus amples informations sur ce sujet dans les prochaines rencontres. De son côté, le capitaine Iskander Moussa, de la garde nationale, a indiqué que les unités de la garde nationale ont réussi à arrêter, durant les derniers jours, 360 délinquants et criminels dont 22 détenus en fuite. La brigade de recherches et d'investigations de la garde nationale du Kef a pu percer le mystère du meurtre d'une femme dont le corps a été trouvé dans une forêt de la région du Kef. Les enquêteurs ont levé les empreintes laissées sur le lieu du crime et après examen, ils ont pu connaitre l'identité de l'assassin qui n'était autre que le mari de la femme. Il a été arrêté et il est passé aux aveux. La brigade de recherches et d'investigations de la garde nationale de Gabès a procédé, de son côté, à l'arrestation de 10 ressortissants maghrébins pour détention de stupéfiants, et a dressé des procès verbaux à leur encontre. La garde nationale de Gabès a déjoué, aussi, plusieurs opérations d'immigration clandestine par voie de mer vers les îles italiennes proches de la Tunisie et a procédé à l'arrestation de 147 contrevenants.
Actions municipales
Parlant également au nom du ministère de l'intérieur, Mr Hédi Zékhama, directeur général des collectivités publiques locales, a passé en revue les efforts déployés en matière de lutte contre la construction anarchique, afin de préserver la propreté et l'esthétique des villes. Il a signalé que les autorités municipales ont émis 3476 décisions de démolition à cet effet dont 157 ont été mises en exécution, et ce concernant les constructions faites sur le domaine public ou celles portant atteinte aux intérêts d'autres citoyens. Il a exhorté les citoyens à soutenir l'action des municipalités et des autorités dans ce domaine, rappelant que l'Etat a accordé, dernièrement, au profit des municipalités dans les différents gouvernorats du pays, des subventions de l'ordre de 149 millions dinars pour les aider à couvrir les dépenses inhérentes à la titularisation des agents municipaux d'une part et honorer leurs engagements financiers d'autre part. Les équipes de contrôle et des règlements municipaux vont reprendre leur travail comme il se doit, en vue de veiller au respect des règlements municipaux, notamment en ce qui concerne les constructions anarchiques, en attendant la régularisation de la situation de certains cas. Les intéressés de ces cas ont deux semaines pour présenter les dossiers de régularisation aux services municipaux compétents. Plusieurs interventions ciblées ont été accomplies, dans diverses communes et régions, pour la préservation de l'hygiène et de la propreté et pour la protection de l'environnement contre les abus. Leur nombre a dépassé, au total, plus de 830 interventions, tandis que quelques 2770 points noirs ont été ciblés, parallèlement aux préparatifs en vue de la saison des pluies, s'agissant, notamment, du nettoyage des réseaux d'évacuation des eaux pluviales et des plans et cours d'eau, en général.
Affaires judiciaires
Mr Kadhem Zine el Abidine, représentant du ministère de la justice, a signalé que les juges d'instruction de Tunis viennent de clôturer l'instruction à propos de 22 nouvelles affaires de malversation financière et foncière dans lesquelles sont impliqués l'ancien président Zine el Abidine Ben Ali, les membres de sa famille, ses gendres, des anciens ministres et conseilleurs présidentiels, outre d'anciens hauts responsables. 7 affaires ont été transférées à la chambre d'accusation de Tunis tandis que les autres le seront dans les prochains jours. Au nombre des affaires soumises à la chambre d'accusation, Mr Kadhem Zine el Abidine a mentionné une affaire de malversation dans laquelle sont impliqués l'ancien président déchu, deux anciens ministres de l'industrie et du transport, un ancien conseiller présidentiel et un des gendres du président déchu de la famille des Trabelsi, du nom de Moncef. Elle porte sur un trafic d'influence au profit du gendre mentionné. Grâce à ces interventions, une entreprise appartenant à ce gendre a pu obtenir de façon abusive des marchés publics pour le transport de produits pétroliers par le biais de l'entreprise publique de transport international ‘'STIR''. Le gendre a pu faire des bénéfices énormes, car ces marchés ont été obtenus sans respecter les règles de la concurrence loyale, à travers le lancement d'appels d'offres ouverts à tous ceux qui remplissent les conditions requises.
Une autre affaire soumise à la chambre d'accusation porte sur une opération de mauvaise gestion et de malversation aux dépens de la société Tunisie Télécom et qui a occasionné à cette entreprise publique des pertes estimées à 2 millions et demi de dinars. Y sont accusés un ancien PDG de Tunisie Télécom, Jalila Trabelsi et le directeur d'une ancienne société commerciale appartenant à Jalila Trabelsi. L'opération a comporté des abus aux détriments des procédures légales relatives à la conclusion des contrats d'exploitation, savoir, dans le cas présent, des contrats pour l'exploitation de kiosques destinés à la vente des produits de Tunisie Télécom , comme le fait de ne pas les soumettre au Conseil d'administration et de ne pas respecter les délais de conclusion de ces contrats, et autres abus. La société Tunisie Télécom a du consentir d'importantes dépenses, sans raison légale, suite aux interventions faites en faveur de la femme signalée. Au total, les pertes de Tunisie Télécom sont estimées à deux milliards et demi de dinars.
Fuite de biens archéologiques
Dans une troisième affaire de malversation financière et foncière relative à l'exploitation abusive de terrain archéologique à Sidi Bou Said, sont impliqués l'ancien président déchu Ben Ali, son gendre Sakhr el Matéri et la femme de ce dernier, Nesrine, fille de Ben Ali. Elle porte sur le changement du caractère d'un terrain archéologique d'un hectare, à Sidi Bou Said, appartenant à l'Etat, par décret, de manière à permettre sa cession à l'Agence foncière d'habitation, qui l'a revendu, à son tour, après ce changement de caractère, à Sakhr el Matéri et Nesrine Ben Ali, sa femme. Toute l'affaire remontait à 2005. La revente a été effectuée au prix d'acquisition du terrain auprès des services des domaines de l'Etat, soit 104 mille dinars, qui est modique, vu la position et le caractère du terrain. Les deux époux ont exploité ce terrain d'un hectare, pour y ériger leur palais particulier. A la demande du juge d'instruction, les experts ont évalué le prix réel du terrain à 26 millions dinars, sans compter le non respect de son caractère archéologique. L'opération de changement de caractère, de cession à l'Agence foncière d'habitation et de revente à Sakhr el Matéri et son épouse n'avait mis, à l'époque, c'est-à-dire en 2005, que deux mois à peine. Aussi, le procureur de la République de Tunis a demandé au ministère de la culture de lui transférer tous les dossiers portant sur des abus commis aux dépens des terrains et monuments et sites archéologiques et historiques pour les examiner et poursuivre les contrevenants. Le parquet de Tunis a également demandé , pour la même raison, au Comité supérieur de contrôle financier et administratif de lui soumettre tous les dossiers d'abus commis aux dépens des biens du peuple.
Relations tuniso – européennes
Sur un autre plan, Mr Mohamed Ali Naft, chargé de mission auprès du ministre des affaires étrangères, a passé en revue, au cours de ce même point de presse, l'évolution des discussions en cours entre la Tunisie et l'Union européenne afin de hisser les relations entre les deux parties au niveau de la nouvelle situation créée en Tunisie, par la Révolution du 14 janvier. A cet égard, la Capitale Tunis abrite, mercredi et jeudi 28 et 29 septembre, des discussions poussées, à ce sujet, avec une forte délégation de l'Union européenne conduite par Mme Catherine Ashton, chargée des relations étrangères de l'Union européenne.