Fin de l'école à papa ? Depuis 1994, la Journée Mondiale des Enseignants est célébrée annuellement le 5 octobre dans tout le monde. C'est l'occasion pour saluer le rôle essentiel de l'enseignement dans la société et la tâche des enseignants qui consiste à fournir l'éducation et la formation de qualité à tous les niveaux. En Tunisie où une place prépondérante est offerte à l'enseignement depuis l'indépendance du pays, cette Journée, la première après la Révolution, revêt une grande importance aux yeux des enseignants tunisiens qui viennent d'entamer la nouvelle rentrée 2011/2012 avec beaucoup de volonté malgré les difficultés rencontrées en matière d'infrastructure et d'équipement dans plusieurs établissements scolaires suite aux actes de vol et d'incendie perpétrés dans bon nombre d'écoles, de collèges et de lycées à travers les régions. Investir davantage dans l'éducation et la formation Il va sans dire que le secteur de l'enseignement reste toujours primordial même après la Révolution, si bien que tous les partis politiques y réservent une bonne part de leurs programmes électoraux. Chacun sa vision certes, mais tous sont d'accord de la nécessité de réformer notre système scolaire pour en apporter les solutions radicales capables de valoriser la formation et de rendre plus crédibles les différents diplômes tunisiens. En effet, pour bâtir un avenir sur de nouvelles bases solides, il faut bien investir dans l'enseignement et la formation en recourant aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication dans l'Enseignement (NTICE) pour être au diapason des changements sans cesse rapides et croissants dans ce monde devenu interdépendant. Aussi doit-on garantir à nos élèves et étudiants toutes les compétences utiles dans toutes les spécialités tout en leur dotant des règles de la citoyenneté et en leur inculquant les valeurs universelles capables de faire d'eux de futurs citoyens du monde, agissant en toute responsabilité et en conformité des valeurs citoyennes et des idéaux démocratiques défendus par la Révolution. Nous ferons ainsi les hommes de demain qui seront capables de prendre des décisions judicieuses sur tous les problèmes cruciaux qu'ils rencontreront dans l'avenir, comme la santé, l'environnement, l'emploi et bien d'autres défis. Pour ce faire, un investissement soutenu est essentiel pour assurer un corps enseignant bien formé et motivé. De nouvelles infrastructures, des programmes éducatifs bien élaborés et des méthodes modernes seront de rigueur pour la revalorisation de notre système éducatif. Privilégier le dialogue à l'école Cependant, il va sans dire que le métier d'enseignant devient de plus en plus difficile de nos jours pour des raisons diverses. Abstraction faite de la pénibilité du métier, la réussite ou l'échec d'un enseignant dans son métier est tributaire aujourd'hui de son degré d'ouverture et de tolérance envers le public scolaire qui est éternellement jeune et qui requiert une certaine attitude souple et compréhensive. L'autorité excessive et la discipline stricte et rigoureuse n'ont plus de raison d'exister dans nos écoles d'aujourd'hui ; ces méthodes bien anciennes ne sont plus valides avec des élèves vivant à l'ère de l'informatique et du numérique et toujours avides de changement et de modernité. C'est pour cela que les nouveaux enseignants qui viennent d'être recrutés et qui le seront dans le futur doivent, s'ils veulent réussir leur carrière, se doter d'un esprit ouvert, être compréhensif et coopératif en faisant preuve d'indulgence et de sympathie tout en étant modérément autoritaire, sans pour autant être laxiste ou trop permissif ! Ce sont là les propos d'un professeur de secondaire qui, en adaptant cette méthode avec ses élèves, a toujours réussi de dispenser ses cours dans une ambiance de respect mutuel et d'entente réciproque. Mais ce n'est pas toujours facile de réussir dans sa mission éducative, car avoir toutes ces qualités à la fois serait un véritable défi à relever pour un grand nombre d'enseignants, et puis, il n'y a pas de recette magique en matière d'enseignement, nous diront les pédagogues, et la réussite ou l'échec de l'enseignant dans l'exercice de sa tâche dépend énormément de son tact, de sa personnalité et de sa capacité d'agir, à bon escient et avec sagesse, dans des situations toujours nouvelles, parfois très complexes, dictées par des réalités ou des circonstances particulières et souvent imprévisibles. Face aux problèmes rencontrés, l'action pédagogique du nouvel enseignant doit reposer essentiellement sur l'établissement du dialogue, la construction de rapports basés sur le bon sens et l'ouverture d'esprit et surtout sur l'adoption de nouveaux stratagèmes susceptibles de mener à bien sa mission pédagogique et de se débarrasser progressivement des méthodes rigides devenues de nos jours stériles face à un public d'élèves de plus en plus différents ! Et le recyclage des enseignants ? Les bouleversements politiques, sociaux, économiques et culturels que connaît actuellement le pays supposent une transformation qualitative dans le secteur de l'enseignement. Pour que le système d'éducation et les programmes de formation puissent s'adapter aux nouvelles réalités occasionnées par le processus démocratique, les enseignants doivent recevoir en permanence des cours de recyclage et de formation continue afin d'être capables de transmettre un contenu éducatif approprié qui réponde aux nouveaux besoins des jeunes de l'après-révolution . C'est bien intéressant d'équiper les établissements scolaires de laboratoires de langues et de matériels informatiques sophistiqués ; et c'est encore plus utile de doter chaque salle de classe d'ordinateurs et de tableaux interactifs dans l'avenir. Encore faut-il qu'il y ait des enseignants assez bien formés pour les utiliser ; sinon ce sera un beau gaspillage d'argent ! La formation continue destinée au corps enseignant doit être considérée aujourd'hui comme un enjeu majeur pour la bonne marche de l'école de demain.