Le Tourisme, le Tourisme. Il s'agit d'un secteur maladif, et dont le mal qui le gangrène risque d'emporter dans son sillage un nombre illimité d'opportunités ; qu'il s'agit de moyens d'entrées de devises, d'emplois à pourvoir et à pérenniser et puis à assurer la pérennité des métiers de l'artisanat, qui représentent une pierre angulaire dans l'héritage de la Tunisie. Mais le tourisme se trouve blotti dans de mauvais draps, et étouffe des causes exogènes et autres endogènes qui jouent un rôle prépondérant dans cette équation qui devient de plus en plus difficile et complexe. La Révolution ne semble avoir apporté qu'une petite marge de liberté d'expression dans les rangs des experts de ce métier, rien de plus. Lors du Forum organisé par le journal spécialisé Tourisme Info, on avait essayé de débattre « quel avenir pour le tourisme ». On a voulu répondre à des questions du genre « quelle stratégie pour le tourisme ? », ou encore « le tourisme tunisien et sa place dans le programme des partis politiques ». Un goût de « déjà vu» a pu se dégager d'une matinée riche en débats, mais assez pauvre en nouvelles idées. Les doléances des professionnels du tourisme sont toujours les mêmes : une partie qui accuse l'autre antagoniste sans la nommer : les hôteliers qui accusent les agences de voyages, les agences de voyages qui accusent les Tour Opérateurs, et tous ensemble, on accuse Tunisair. « Est il normal d'annuler l'entrée en vigueur de l'Open Sky, juste pour sauver cette compagnie de transport ? », s'est exclamé Noureddine Salmi, un universitaire et expert en marketing touristique. Selon lui, « comment pense-t-on de la sorte, alors que Tunisair est devenue une catastrophe pour l'économie tunisienne. Il faut imposer le Low Cost ». Ouvrir le ciel tunisien devrait en effet représenter un réel moteur au secteur touristique. «Avec le Low Cost, les gens au lieu d'aller passer un week-end dans l'une des attractions en Europe, viendront visiter la Tunisie. Une fois qu'ils sont là, après avoir passé deux ou trois jours, et qu'ils soient bien accueillis, ils reviendront une autre fois passer une semaine », poursuit Noureddine Selmi. Selon lui « ceci va obliger les hôteliers à développer leurs sites Internet de façon que ceux qui ont acheté des billets à 150€ ou 200 € puissent avoir une idée sur les hôtels où ils peuvent être hébergés dans différentes villes de la Tunisie. Et c'est de cette façon qu'on coupera la route devant les TO, qui essayent de gagner plus d'argent et c'est tout à fait de leur droit ». Pour Jalel Mlaiek, propriétaire d'une agence de voyages dans la région de Tozeur, le tourisme saharien bat de l'aile, et sa crise est causée essentiellement par les agences de voyage. « Les normes disent que les excursions organisées pour les touristes ne doivent pas dépasser les 350 kilomètres par jour. Mais on voit aujourd'hui que ces mêmes agences parcourent plus de 1250 km tout juste en deux jours. Comment espère-t-on donc développer ce tourisme saharien si le touriste seulement pour voir Chott El Jérid, qui est une attraction unique dans son genre. On vend le tourisme saharien sans que le touriste mette le pied à Tozeur », a-t-il dit. Pour la décentralisation du produit Pour d'autres, il faudrait commencer par la « décentralisation du produit touristique tunisien. Car à chaque région ses caractéristiques et ses spécificités. Ceci devrait faire de ce produit tunisien, un produit riche et diversifié et où les régions pourront se compléter ». Alors que pour d'autres « le tourisme tunisien a souffert de la domination du régime mafieux qui mettait à la vente chaque année une cinquantaine d'unités hôtelières à vendre au profit des clans mafieux ». D'où l'appel des intervenants « à assainir le secteur. Commencer par l'assainissement du ministère du tourisme et de son Office du tourisme, comme il faudrait assainir la FTH (Fédération Tunisienne de l'hôtellerie), la FTAV (Fédération Tunisienne des Agences de Voyages). L'objectif étant d'assainir le secteur, qui est devenu un moyen pour beaucoup pour blanchiment d'argent ». Une centaine d'hôtels endettés Il n'est pas un secret de dire que le tourisme tunisien est l'incarnation même de la multiplicité des problèmes. Il suffirait de dire que sur les 800 hôtels qui existent en Tunisie où une bonne centaine est gravement endettée et ce sont les mêmes unités « qui bradent les prix, représentant ainsi un danger pour le secteur». Pour les présents, ou une bonne partie d'entre eux « le tourisme est un métier. Et à tous ceux qui ont des problèmes d'endettement de quitter cette industrie ». L'un de ceux envers lesquels un doigt accusateur a été pointé, on trouve particulièrement le ministre du tourisme. « Il n'est pas un professionnel du tourisme, a encore une fois indiqué Noureddine Selmi, et c'est pour cela que nous avons constaté que la majeure partie des fonds consacrés au sauvetage de la saison a été déversée sur la France et sur l'Algérie, alors que ce sont exactement ces deux marchés là qui ont fait défaut ». Les Algériens, désireux de se rendre en Tunisie, ont surtout peiné à se procurer des billets d'avions pour moins de 600 € cet été, pour une simple petite heure de vol entre Alger et Tunis. Haykel Tlili chammami [email protected]