• Le sociologue canadien Albert Brie définit ainsi le fanatique : «Le héros qui pour le triomphe de ses préjugés est prêt à faire le sacrifice de votre vie» • Aujourd'hui, réunion prévue au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique pour trancher à propos du port du «Niqab» à l'Université. • «Non au port du Niqab dans les enceintes de l'Université», déclare le Professeur Houssein Boujarra, secrétaire général de la FGESRS Lieu du savoir, l'Université tunisienne est menacée, plus que jamais, par la montée des fanatiques. Ces extrémistes intolérants, veulent au nom de la religion, imposer leurs ordres. Et pour preuve, les événements qui se sont produits la semaine dernière à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines à Sousse, où un groupe de salafistes a semé la peur durant quatre jours auprès des étudiants, des universitaires et des fonctionnaires. Des scènes qui remontent à des siècles en arrière, les siècles primitifs où la loi de la jungle primait. Ce groupe de fanatiques qui veulent se montrer comme des « héros » sont prêts à tout faire et surtout à avoir recours à la violence pour défendre leurs idées. Nul ne peut nier que ces groupes intolérants, extrémistes dans leurs idées et attitudes poussent à la persécution de l'autre sans raison. D'ailleurs, le sociologue canadien Albert Brie, a déjà défini le fanatique comme étant le « héros qui pour le triomphe de ses préjugés est prêt à faire le sacrifice de votre vie ». Hélas, cela a failli avoir lieu dans l'une de nos facultés tunisiennes quand le secrétaire général de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse a demandé à une étudiante portant le fameux drap noire « le Niqab », de se dévoiler juste pour vérifier son identité afin de l'inscrire. Une procédure mal appréciée par l'étudiante et surtout très mal appréciée par des salafistes qui se sont rués sur cet établissement universitaire depuis mercredi, menaçant le responsable et semant la peur auprès des étudiants, du corps enseignant et des fonctionnaires. Reprise des cours avec méfiance Et si la reprise des cours hier, était calme pour ne pas dire difficile, les professeurs n'ont pas caché leur méfiance, leur crainte et surtout leur inquiétude par rapport à ce qui s'est passé dans les enceintes de la faculté ainsi que l'attitude du ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique. Une réunion d'ailleurs, a eu lieu hier à la Faculté en présence de plusieurs partenaires notamment, des membres du bureau exécutif de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieure et de la Recherche Scientifique (FGESRS), des représentants des syndicats de l'Enseignement secondaire et de base, des représentants du bureau régional de l'UGTT de Sousse et de l'Union Générale des Etudiants de Tunisie, sans oublier le corps enseignant… Ils étaient tous unanimes, « non au port du Niqab dans les enceintes de l'Université », déclare le Professeur Houssein Boujarra, secrétaire général de la FGESRS. « Les participants ont également, déploré l'attitude du ministère de tutelle ainsi que de l'Université de Sousse lesquels n'ont pas pris une position claire et catégorique par rapport à cette question. Le communiqué n'était pas catégorique », toujours d'après le Professeur Boujarra. Il déclare qu'une réunion se tiendra aujourd'hui, au siège du ministère en présence des représentants de toutes les Universités tunisiennes et des Conseils scientifiques pour trancher à propos de cette question. « Nous ne sommes pas contre le port du voile, mais il n'est pas question d'accepter le port du niqab à l'Université », réitère-t-il. Et d'enchaîner : « Cela va à l'encontre de l'esprit de notre Université ». Et si les universitaires défendent ce principe c'est parce qu'ils considèrent que cela représente une menace qui risque même d'évoluer. « Il est fort probable qu'ils nous imposeront un jour de séparer les classes et de réserver unes pour les filles et d'autres pour les garçons pour finir par interdire la mixité carrément », signale le secrétaire général de la FGESRS. Insécurité De son côté, le Professeur Ahmed Boujarra, secrétaire général adjoint du syndicat de base de la faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse s'est montré craintif par rapport aux événements qui se sont produits et les manipulateurs derrière ces actes. Il attire l'attention sur l'absence de sécurité dans les environs de la faculté, d'où la menace permanente des fanatiques. Les forces de sécurité et l'armée nationale sont absentes et n'assurent pas la protection directe de cet établissement. En fait, les universitaires et les fonctionnaires se sont trouvés dans une situation difficile. Ils ont changé de vocation pour protéger eux-mêmes la faculté contre l'invasion de ces salafistes. « Nous nous sommes mis d'accord avec le président de l'Université pour assurer cette tâche », déclare M. Boujarra tout en dénonçant l'absence des forces de sécurité à proximité de la faculté. Nul ne peut nier que les événements vécus à Sousse au cours de la semaine dernière et à la capitale pendant le weekend, où des salafistes ont attaqué le siège de la chaîne TV Nessma et le Campus universitaire sont le résultat d'extrémisme, d'abus et d'exclusion. Ces fanatiques n'hésiteront pas un jour à assassiner, ceux qui ne partagent pas leurs convictions et leurs idées. Risquerons-nous un jour de vivre ce que Voltaire a décrit en parlant du fanatisme, « celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n'allaient point à la messe » ? La société civile est appelée plus que jamais à se réunir pour faire face à cette montée des fanatiques lesquels sont manipulés par quelques partis politiques.