Une étude scientifique pour le moins conséquente et fondée est celle qui a été menée par l'Association tunisienne des femmes démocrates et plusieurs autres acteurs de la société civile. Le deuxième volet du dit media monitoring piloté par l'ATFD a planché sur la période allant du 1er au 25 septembre pour nous balancer en pleine figure un rapport qui en dit long et, à quelques exceptions près, sur le manque de professionnalisme de nos médias de la presse écrite et audio-visuels dans la couverture de la campagne électorale. Une réalité à voir en face L'étude qui a brossé le tableau médiatique est une sorte de miroir qui réfléchit les tendances générales de notre presse qui parait-t-il n'a pas bonne presse, et « confirme, par ailleurs les tendances observées durant le mois d'août avec quelques corrections » affirme Sana Ben Achour, la coordinatrice du media monitoring lors de la conférence de presse tenue pour exposer les résultats de l'étude en question. Cette étude a relevé, somme toute, « le manque de professionnalisme médiatique, la partialité et l'absence de neutralité dans la couverture médiatique des acteurs politiques, la marginalisation des femmes actrices politiques, l'emprise de la publicité politique, l'absence d'un débat de fond sur le contenu de la réforme constitutionnelle, un défaut de transmission de la culture citoyenne et une absence de médias d'investigation et de proximité. » Baromètre politique Sana Ben Achour qui a présidé cette rencontre a montré qu'on ne peut appréhender les résultats de ce media monitoring sans pour autant connaître la scène politique et ses principaux acteurs. Et c'est Hichem Abdessamad, politologue qui a brossé à grands traits ce paysage politique. Le but étant de contextualiser cette opération du monitoring et de présenter, un tant soit peu une critique distanciée de la donne politique des temps présents. S'agissant du comportement des différents acteurs, notre interlocuteur a avancé que le gouvernement est dans une situation qui fait penser que son exercice est sous le contrôle permanent des différents acteurs politiques et qu'une crise de confiance s'y installe… La Haute instance qui a été également objet de ce monitoring a changé d'une manière étonnante d'une situation de discrédit total à une sorte d'admiration totale puisqu'un accord a été signé par 11 partis ayant approuvé l'initiative de Yadh Ben Achour. Pour ce qui est des partis politiques notre interlocuteur a montré qu'une pléthore de partis est entrée en compétition d'une manière étrange. Toujours selon lui, plus surprenant encore est l'établissement des listes qui a précédé les programmes et l'intrusion entre temps de l'argent politique qui a fait fragilisé des partis au profit des autres. « Depuis fin septembre, il y a moins de cacophonie, puisque les programmes politiques sont plus lisibles pour qu'on puisse avoir une vision constitutionnelle. C'est une bonne nouvelle mais le débat politique profond reste latent. » commente-t-il. Un temps orageux pour les médias Pour les médias le temps s'annonce orageux selon cette étude qui a fait remarquer que la scène médiatique a été agitée par de grands remous ayant fait des mécontents, bien entendu. On en cite l'adoption d'un nouveau cadre juridique par la Haute instance et le code de la presse non encore approuvé par le gouvernement. L'interdiction de la publicité politique à partir du 12 septembre a été également évoqué vu le bras de fer que cette décision de l'ISIE a provoqué avec des partis politiques et certains médias. Sana Ben Achour et ses compagnons de route de l'ATFD n'ont pas lésiné par là même à montrer leur mécontentement quant à la marginalisation de leur association, qui selon leurs dires , n'a pas son droit de cité dans nos télévisions notamment la chaîne nationale Wattanya où des représentantes de l'ATFD étaient carrément placées à l'écart lors d'une émission de débat politique. Elles ont été obligées de quitter ce plateau de tv en réponse à cette ‘'discrimination négative'' dont elles étaient l'objet. Selon Sana Ben Achour l'association continue, bon gré mal gré, à observer la société tunisienne et à réagir par l'action citoyenne à des faits. Objectivité dites-vous ? La conférence de presse était par ailleurs l'occasion de contester la violence avec laquelle ont répondu les détracteurs de la chaîne Nessma à la diffusion du film « Persepolis » « Il n'y a aucune limite à la création artistique. On ne peut stigmatiser une œuvre d'art quelqu'en soit la portée. Pis encore pourquoi n'a-t-on pas agit de la même manière quand le film est sorti dans les salles en 2007. Cette situation intenable est inacceptable par l'ATFD.» avance une militante représentant l'ATFD. Quant à la fermeture de la chaîne de TV Tounsya, il y a lieu de remarquer que l'ATFD et ses représentantes ont réagi avec beaucoup moins d'entrain puisque Sana Ben Achour s'est contentée de donner la version officielle des faits qui ont provoqué la fermeture forcée de la télévision de Sami Fehri. On s'attendrait il faut dire à plus de zèle de la part d'une association qui dit agir et parler au nom de la liberté d'expression. Mona BEN GAMRA
Résultats préliminaires du media monitoring du mois de septembre Pour la presse écrite le media monitoring a relevé presque les mêmes résultats affiché pendant le mois d'août : - Les activités et les relations des partis ont occupé la plus grande couverture avec 52,37% (contre 52,83% au mois d'août) au détriment des questions électorales et institutionnelles qui ont représenté 16,93 % contre 15,13% au mois d'août. - L'espace réservé à l'action gouvernementale a été de 12,33% contre 14,31, pour le mois d'août. On en déduit un changement médiatique qualitatif en rupture avec l'ancien mais qui donne à réfléchir. - Les femmes ont occupé un espace encore plus infime de l'ordre de 0,51% contre 2,85 % au mois d'août, significatif du déni de réalité et de l'occultation du rôle des femmes dans la transition démocratique. - L'étude a remarqué également l'absence du journalisme d'investigation et de proximité. Pour les radios, le type d'émissions débats a occupé 40,89% contre 35,79% au mois d'août. Chose qui ne se différencie pas de la presse écrite. Sauf que les radios se sont distinguées par rapport à la presse écrite dans ce qui est de la presse partisane, presqu'inexistante dans les ondes radiophoniques. Pour les télévisions, parmi les éléments avancés par l'étude on retiendra le fait que le type de débats a représenté 67,63% contre 69,53% le mois d'août. La question de la femme reste absente et en baisse puisqu'elle s'affiche avec 0,56 % contre 1,6% pendant le mois d'août.