Du côté de la Galerie Semia Achour (à la Soukra), Mourad Harbaoui, dont l'inspiration principale demeure, à l'instar de sa précédente exposition il y a huit mois au Palais Kheireddine, la révolution tunisienne, et ce qu'elle draine dans son sillage, ou pas, comme forme d'espoir, expose depuis le 30 septembre, et ce, jusqu'au 22 octobre 2011, une vingtaine de tableaux, de format carré (1mètre sur 1mètre), où il n'en finit pas d'interroger, à sa manière, l'art et ses chemins sinueux ; la vie en somme… Ceux qui connaissent ce peintre, et ont suivi son itinéraire d'autodidacte génial, qui avance, avec des semelles de vent, à la recherche, non pas du temps perdu mais de la pierre philosophale en peinture, persuadé, à raison, que lorsque l'on porte le feu sacré aux tripes, l'on ne risque pas de se perdre en chemin, seront ravis de constater que l'artiste ait pu tout de même se renouveler, tout en obéissant à la même exigence esthétique, en explorant d'autres voies, tout en puisant dans la même thématique, refusant encore une fois d'être catalogué sous un label quelconque, que ce soit celui de l'abstraction ou de la figuration. Car lui a beaucoup évolué ; et ses silhouettes, tout comme ses visages « camouflés », transpercent, à mesure, le cœur de la toile, dessinant, mine de rien, la cartographie de ses émotions les plus intimes, face à son quotidien, à la vie en somme, qu'il croque à grand renfort de couleurs primaires, où viennent s'inscrire, en strates successives, les transparences et les ombres, qui sont comme la succession indubitable des jours et des nuits. Visages désertés par leur regard mais qui continueront à vous hanter même si, happés par une brûlure, vous avez vite fait de détourner le regard vers un autre tableau. « Le peuple veut I », « Lacrymogène », « Le peuple veut II »…, comme autant de coups de boutoir au ventre, qui vous sabrent, comme le peintre sabre ses toiles, ne trouvant pas d'apaisement avant que du chaos naisse enfin cette harmonie, à la quête de laquelle il s'attelle, d'une œuvre l'autre, comme un marin à la dérive qui cherche sa terre promise, le regard toujours au loin, toujours plus loin, n'acceptant ni chaînes ni carcans. Sa palette chromatique s'étant enrichie d'autres fulgurances, ayant fait, cette fois-ci, le choix de l'acrylique pour opérer à ses pérégrinations, il est déjà là où on ne l'attendait pas. Du vif- argent ? Cela s'appelle le don.